Ici Arthur au lieu d'accueil d'APACA avec l'éducatrice spécialisée.
Ceux qui disent que tout va bien pour les enfants handicapés doivent certainement vivre sur une autre planète, et le désarroi de nombreux parents est criant. Certains restent dans le silence par peur, par détresse ou tout simplement par saturation de devoir toujours se battre. Mais d'autres prennent heureusement la parole pour dénoncer. Est-ce que la loi de 2005 sur l'égalité des chances et le droit aux enfants handicapés à accéder à une scolarité ordinaire est appliquée ? Dans les faits, on peut légitimement s'interroger, et se demander si l'académie met tout en œuvre.
Début novembre, on relatait le cas d'Arthur scolarisé à l'école primaire Eugène-Montagne à la Coudoulière n'ayant pas d’auxiliaire de vie scolaire depuis fin septembre 2011
(voir notre précédent article). Atteint de troubles autistiques de type syndrome d'Asperger, associés à un trouble déficitaire de l'attention et hyperactivité, la présence d'une AVS est essentielle pour qu'il poursuive une scolarité normale et soit dans les meilleurs conditions de réussite. L'école a tenté de trouver une solution en mettant quelques heures à disposition d'une autre AVS qui s'occupe d'un autre enfant mais cela n'est guère suffisant pour l'équilibre de cet enfant. A croire que le système français fait son possible pour mettre de côté ces enfants différents, visiblement pas les bienvenus dans les écoles de la République.
Aujourd'hui Arthur alterne entre l'école et le lieu d'accueil d'Autisme PACA où il peut heureusement trouver écoute et réconfort: "heureusement qu'il a cela, car je ne sais pas comment cela passerait sinon" nous disait sa maman, visiblement épuisée par cette histoire. Le président d'APACA Jean-Marc Bonifay déplore "l'inaction de l'inspection d'académie qui n'a pas résolu ce problème depuis plusieurs mois alors que le changement de poste de l'ancienne AVS d'Arthur était connu depuis très longtemps. On espère qu'une solution rapide sera trouvée, et qu'il ne faudra pas attendre l'année prochaine. Plus le temps passe, plus l'enfant sera déstabilisé, et à terme cela risque de nuire à son avenir scolaire et le danger est qu'on lui propose ensuite une réorientation, c'est scandaleux".
Après que les parents aient tout tenté pour remédier à cette solution, avec dépit, la maman écrit ce message poignant, retranscrit ci-dessous:
"Il y a des enfants, il y a des handicapés,
Et il y a mon fils Arthur,
bientôt 10 ans et autiste Asperger pour toujours.
Arthur n'a plus d'AVS (depuis le 27 septembre 2011).
Arthur n'a pas l'aide à laquelle il a droit.
Il trouve cela injuste.
Je trouve cela indigne.
Puis il y a ceux qui raisonnent...
Des gens responsables,
qui ont toute leur tête.
Des agents de l'éducation nationale.
Cerveau bien huilé mais procédures immuables.
Signataires signant et contre signant.
Injoignables au tout-venant. Intouchables.
Aux responsabilités diluées.
Et puis moi, la mère,
qui témoigne de mon impuissance à faire respecter les droits de mon fils.
La mère, qui a la désagréable impression de faire l'aumône,
de "déranger" la chargée du recrutement des AVS ou l'association des droits de l'enfant qui joue aux abonnés absents, afin d'obtenir comme il se doit une aide précieuse pour Arthur:
une auxiliaire de vie...
Et enfin il y a vous,
que je me dois d'alerter,
car les droits de nos enfants sont bafoués.
Ce mur de silence doit être brisé".
D. D., le 12 janvier 2012