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Le 5. novembre 2011 à 19h08

Six Fours Handicap L'enfant handicapé a-t-il toujours sa place à l'école?

Les histoires se suivent et se ressemblent avec les enfants handicapés n'ayant pas à la rentrée ou en cours d'année leur auxiliaire de vie scolaire (AVS). Depuis la mi-octobre c'est le cas d'Arthur à l'école primaire de la Coudoulière.

Jean-Marc Bonifay, président d'APACA et la maman d'Arthur, Laurence.

Jean-Marc Bonifay, président d'APACA et la maman d'Arthur, Laurence.

Personne n'osera dire ouvertement : "on ne veut pas de votre enfant parce qu'il est handicapé", mais pourtant l'ensemble des faits rapportés par les parents suggèrent bien que les enfants handicapés présentant un handicap mental ou un trouble neuro-développemental sont orientés, ou du moins suggère-t-on aux parents de les mettre dans des établissements spécialisés, en dépit de la loi du 11 février 2005 censée protéger la scolarisation de ces enfants.

Arthur n'a plus d'AVS depuis octobre


Le cas d'Arthur est encore une fois là pour rappeler la réalité de ce que vivent les parents. Il est inscrit trois après-midi par semaine au Lieu d'accueil géré par Autisme Paca à Jaumard, et suit les cours en CM1 à l'école Eugène Montagne les matins et le mardi toute la journée. Atteint de troubles autistiques de type syndrome d'Asperger, associés à un trouble déficitaire de l'attention et hyperactivité, Arthur a toutes ses capacités intellectuelles préservées et parle sans aucun problème. Quant à son hyperactivité, elle est atténuée par les médicaments qu'on a suggéré à ses parents de lui administrer pour être plus calme, à savoir la fameuse Ritaline.
Sa maman nous raconte: "sincèrement je suis un peu démoralisée, et je vous avoue ne pas savoir quoi faire. Jusqu'à la mi-octobre, mon fils était suivi par son AVS avec qui tout se passait très bien; Mais son contrat se terminant, il n'était pas possible de le renouveler. Naïvement, je pensais qu'il allait en avoir une autre, mais en fait non, ça fait un mois qu'on bricole. L'école a mis à disposition une personne qui s'en occupe en partie, en attendant, mais quoi, je n'en sais rien, et je vous avoue une certaine fatigue. Et on se sent tellement impuissant". Et le président d'APACA, Jean-Marc Bonifay d'expliquer: "il faut bien comprendre une chose: dans le cas du syndrome d'Asperger l'enfant a besoin de repères, faute de quoi il peut connaître des troubles pouvant engendrer des problèmes de comportement et casser sa progression. Au lieu d'accueil, cela se passe super bien, il y a une pédagogie adaptée, et si cela pouvait suivre à l'école, l'enfant aurait vraiment toutes ses chances. Au lieu de ça, pour généraliser un peu, les enfants, qu'ils soient autistes, dyspraxiques ou trisomiques, sont mis dans des conditions telles qu'on pourrait croire qu'on préférerait les voir dans des centres spécialisées, qui ne sont en général pas adaptés. Ils ont besoin d'être dans un milieu ordinaire pour progresser, et on doit constamment se battre et répéter les mêmes choses. C'est usant et je ne compte plus le nombre de coup de fils de parents qui m'appellent suite à l'absence d'AVS".

L'incompréhension de la maman et
l'agacement du président d'APACA


Et la maman d'ajouter: "depuis qu'il est au Lieu d'accueil, il a vraiment fait des progrès. Je le vois heureux et puis ça nous a soulagé de ne plus entendre les discours culpabilisants qu'on nous assénait avant comme si on était responsables de son trouble. Et je me dis qu'à l'école ça pourrait être pareil, il a juste besoin d'une AVS pour que cela fonctionne". Le président d'APACA, légèrement agacé ajoutait: "c'est toujours pareil, l'inspection d'académie devrait s'en occuper, l'école en elle-même ne peut rien faire, si ce n'est saisir l'inspection. Mais c'est toujours la même histoire: si on n'en parle pas, si on ne se bouge pas, rien ne se passe. C'est assez terrible, et je n'arriverai jamais à comprendre, c'est inhumain. On peut aider ces enfants, cela peut bien se passer si au moins on s'y intéresse. On formerait volontiers la prochaine AVS d'Arthur pour lui donner les clefs, tout simplement".
D'autant plus qu'il y a un inspecteur de l'éducation national ASH et un enseignant référent sur le secteur qui devraient normalement faciliter à résoudre ce type de problème: "il faut savoir qu'une circulaire du 6 septembre 2010 du ministère établit que l'inspecteur doit veiller à la qualité et à la mise en oeuvre des projets personnalisés de scolarisation au sein des écoles et des établissements. Et paradoxalement j'ai plus de témoignages, sur notre département, de parents me disant qu'on souhaite orienter leurs enfants vers des centres spécialisés... Allez comprendre! veut-on vraiment appliquer la loi de 2005 ? Je ne le crois pas, et je pense que ça gêne certaines personnes de voir nos enfants suivre une scolarité normale". Dans tous les cas, le président d'APACA compte ne pas laisser les semaines s'écouler sans que ce petit n'ait son AVS et il prévoit de prévenir les autorités compétentes si rien ne se passe.

D. D., le 05 novembre 2011