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Le 25. avril 2016 à 16h42

Ollioules Echo éco La principale production de muguet en France se trouve à Ollioules

Depuis une semaine, l'effervescence règne au sein de la pépinière de Valbray, à Ollioules, où s'élabore la plus grande production de muguet en France : près de deux millions de brins (avec leurs racines) expédiés dans de nombreuses régions de l'hexagone. Afin que le 1er mai tout un chacun ait droit à sa petite clochette porte-bonheur.

En l'espace d'une dizaine de jours, il faut conditionner quelque deux millions de brins de muguet !

En l'espace d'une dizaine de jours, il faut conditionner quelque deux millions de brins de muguet !

En pénétrant dans les allées de la pépinière de Valbray, on est aussitôt saisi par les volutes du muguet. S'y exhalent celles de milliers et de milliers de pots de cette délicate fleur porte-bonheur que s'affairent une bonne centaine de personnes à conditionner depuis leur cueillette dans les serres implantées à Sanary jusqu'à leur mise en pots à Ollioules en passant par l'emballage dans des cartons, soigneusement rangés dans des camions frigorifiques puis l'expédition vers toutes les régions de France.

Course contre la montre pour acheminer deux millions de brins


Une véritable course contre la montre pour acheminer à temps quelque 640.000 pots contenant chacun 3 brins avec leurs racines, soit près de deux millions de clochettes ! Une bien belle performance

Une vocation née sous la Renaissance


Il faut dire que depuis la Renaissance, Ollioules a toujours occupé une place prépondérante en matière de production florale. Et c’est donc sans surprise si une entreprise horticole du village, la pépinière de Valbray, se hisse aujourd’hui (avec pas moins de 2 millions de « griffes ») à la première place de la production nationale du muguet, ces adorables et si parfumées petites clochettes porte bonheur, fleur d’un seul jour, qui vont inonder dans quelques jours les marchés et les coins de rue

Direction l'hexagone, ou presque...


La pépinière de Tanneguy de Valbray est installée à une centaine de mètres de la nouvelle caserne des Sapeurs Pompiers d’Ollioules, en direction de La Seyne en venant de Sanary ou d’Ollioules). Et c'est là que sont conditionnées dans des petits pots en terre cuite les griffes de muguet destinées à être expédiées dans des camions spécialement aménagés, dans tous les horizons de France, principalement en région PACA, en Rhône-Alpes, dans le Sud-Ouest et en région parisienne. Sous le regard plus que jamais attentif du patron, Tanneguy de Valbray, omniprésent et qui, lui aussi, met la main à la pâte.

Une clochette, reine d'un jour


En France, le muguet est la fleur d’un seul jour, celui de la fête du Travail. Vendre du muguet, c’est la dernière activité commerciale que tout un chacun peut exercer dans la rue en toute liberté. Les vertus de la Convallaria Majalis sont également utilisées en Médecine comme tonique cardiaque et comme diurétique. Il semble que le muguet aussi appelé lys des vallées, une plante originaire du Japon, soit présent en Europe depuis le Moyen Âge.

Une fleur mise à l'honneur par le roi Charles IX en 1561


La plante à clochettes a toujours symbolisé le printemps et les Celtes lui accordaient déjà des vertus porte-bonheur. Le 1er mai 1561, le roi Charles IX officialisa les choses : ayant reçu à cette date un brin de muguet en guise de porte bonheur, il décida d’en offrir chaque année aux dames de la cour. La tradition était née.

La fleur est aussi celle des rencontres amoureuses. Longtemps, furent organisés en Europe des « bals du muguet ». C’était d’ailleurs l’un des seuls bals de l’année où les parents n’avaient pas le droit de cité. Ce jour-là, les jeunes filles s’habillaient de blanc et les garçons ornaient leur boutonnière d’un brin de muguet.

La fleur préférée de Félix Mayol

 
Le 1er Mai 1895, le chansonnier Mayol (originaire de Toulon) qui avait été accueilli par son amie Jenny Cook avec du muguet, arbora le soir même à sa boutonnière du muguet à la place du camélia traditionnel. Et c'est pourquoi l'effigie du Rugby Club de Toulon est ornée d'un brin de muguet.
C’est le 20 juin 1889 que le congrès de la IIème Internationale socialiste, réuni à Paris pour le centenaire de la Révolution française, décide de faire du 1er mai un jour de lutte à travers le monde, avec pour objectif la journée de huit heures. Cette date fut choisie en mémoire du mouvement revendicatif pour la journée de 8 heures qui avait été lancé par les syndicats américains le 1er mai 1886 de Chicago. 

Un peu d'histoire sociale


Une grève, suivie par 400 000 salariés, avait paralysé de nombreuses usines. Le mouvement s’était poursuivi et le 4 mai, lors d’une manifestation, une bombe avait été jetée sur les policiers qui ripostèrent. En avait résulté une dizaine de morts, dont 7 policiers et s’en était suivi la condamnation à mort de cinq anarchistes.

Le 1er mai est devenu la Fête du Travail sous Vichy


Dès 1890, les manifestants arborent un triangle rouge symbolisant leur triple revendication : 8 heures de travail, 8 heures de sommeil, 8 heures de loisirs. Cette marque est progressivement remplacée par une fleur d’églantine, puis en 1907 par un brin de muguet, ce qui annonce son 
grand retour...

Et le 24 avril 1941, en pleine Occupation allemande, le 1er mai est officiellement désigné comme la fête du Travail par le gouvernement de Vichy qui espérait rallier les ouvriers. Le jour devient chômé. En avril 1947, la mesure est reprise par le gouvernement issu de la Libération, mais celui-ci faisant du 1er mai un jour férié et payé.

La renaissance d'un horticulteur après le drame de 1985


Mais après ce rappel historique, retour dans le saint des saints chez Tanneguy de Vallebray, là où tout commence, c’est-à-dire sur de nombreux hectares et une immensité de serres bâchées au quartier du Lançon, à Sanary.

C’est là, au cours du terrible gel de 1985, que cet horticulteur a perdu en quelques heures la totalité de sa production d’iris. Mais loin de s’incliner devant une cette infortune, il a préféré relever le défi et, paradoxe, inspiré par son petit-fils, de produire du muguet, une fleur qui ne supporte pourtant pas le soleil mais s’épanouit plutôt du côté de Nantes ou même en Allemagne.

"Je dois l'idée de faire du muguet à mon petit-fils"


Alors,inspiré par une idée de son petit-fils, il a décidé de se lancer dans la production de muguet. Il explique :
« Cette fleur originaire du Japon a besoin de régions tempérées, de zones d’ombres et pousse plutôt en forêt ; j’ai dû m’adapter, me disant que même les Grecs, au climat portant méditerranée, en cultivaient, alors que le soleil y est encore plus abondant qu’ici. ».Il s’est alors mis à étudier, à renforcer sa terre avec un peu de sable avant de faire venir des griffes de la région de Nantes

Toutes les griffes ont été plantées à la main


« Nous les avons plantées le 15 mars, à la main, griffe par griffe et ensuite, il a fallu les mettre en pots, veiller sur leur croissance en tenant compte surtout de la lumière (très tamisée), de la température (entre 20° et 30°) et de l’hydrographie, ce qui nous a obligé, mes quinze employés et moi-même, à les surveiller comme le lait sur le feu ».Pas question non plus d’arroser à tout va mais de « bassiner ». Et de surveiller…Quand la température grimpe, il faut ventiler, quand elle descend,,il faut chauffer ».

A présent, les tiges ont poussé, les clochettes sont sorties. Le véritable travail a commencé il y a une dizaine de jours : tout d’abord veiller à la température. « Il m’est arrivé de sortir la nuit pour parcourir les serres et jeter un œil sur le thermomètre pour régler la température ». Mai vient à présent le conditionnement : 300.000 pots par jour qui partent dans des camions réfrigérés entre 5° et 12° à destination de région parisienne, lyonnaise, du sud ouest et, bien sûr de PACA, destinés à des grossistes et autres revendeurs.

Reste à signaler que la vente de muguet se fait bien entendu dès à présent au détail à la pépinière.

F.K., le 25 avril 2016

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Autres photos:

Tanneguy de Valbray, le patron de la péninière éponyme est omniprésent parmi ses employés dont une centaine spécialement engagés le temps du muguet.
Tanneguy de Valbray, le patron de la péninière éponyme est omniprésent parmi ses employés dont une centaine spécialement engagés le temps du muguet.