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Le 24. octobre 2014 à 23h18

Six Fours Urbanisme Quelle ville veut-on pour demain ?

Joseph Mulé était l’invité du Conseil du quartier Tante Victoire (Lônes et Playes) jeudi à la villa Nuraghes pour vulgariser un document très technique pouvant générer des inquiétudes.

Dominique Antonini, Nadine Espinasse et Joseph Mulé avec le POS, vieux document non numérisé.

Dominique Antonini, Nadine Espinasse et Joseph Mulé avec le POS, vieux document non numérisé.

Un comité de quartier comprend des représentants politiques de la majorité et de l’opposition, des habitants et des commerçants. Après dix ans passés à la tête du comité de quartier des Lônes, Dominique Antonini est devenue adjointe au tourisme et aux affaires économiques. Elle est donc remplacée par Nadine Espinasse, adjointe au Quartier Tante Victoire (Lônes), ravie d’hériter « d’un quartier qui fonctionne bien. » Etaient présents jeudi, outre la présidente et Dominique Antonini, élue ce soir-là vice-présidente, les conseillers municipaux Béatrice Brotons pour la majorité et André Gimenez pour le FN. Absents Sylvie Mahieu, Gil Baissat pour la majorité et Gérard Navarro pour la Droite républicaine. Nadine Espinasse a tout d’abord proposé de tenir une réunion tous les trois mois, davantage si cela se révélait nécessaire. Les membres ont pris connaissance du règlement intérieur définissant leurs missions: « Vous êtes les yeux et les oreilles. Si les doléances répondent à l’intérêt général, on fera de notre mieux. »

Jeudi, Nadine Espinasse avait invité le premier adjoint Joseph Mulé, accompagné du directeur de cabinet du maire Pierre Rayer, pour expliquer le PLU. Le conseil de quartier est, selon Joseph Mulé, « un mini-conseil municipal, un lieu d’échanges et de débats qui donne un avis consultatif. » Il a donc souhaité donner des clefs « sur un document qui intéresse tout le monde et est sujet de fantasmes. Il s’agit donc de le démystifier. »

« On a limité le POS grâce à nos petits muscles »


Le Plan d’occupation des sols (POS) est un vieux document datant de Monsieur Estève qui définissait les orientations de la ville pour le futur, dont une population à 50 000 habitants. Or une capacité d’accueil trop importante exige de lourds investissements en termes d’infrastructures et diffuse l’urbanisation dans les zones naturelles et agricoles. C'est ce que l'on appelle « mitage ». Avec le Plan local d’urbanisme (PLU) de 2004, l’équipe du maire actuel a donc souhaité infléchir l’accueil de la population, mais ce PLU a été annulé en 2008 sur la forme et on est revenu au POS.

« Le POS mélange tout »


Le PLU avait bloqué la construction de secteurs stratégiques en bord de mer, comme Barras, le Plan de la mer, la DCN au Mont Salva ou certains campings qui sont, selon le POS, urbanisables immédiatement. Le POS ne prend pas en compte non plus la Loi paysage : « Le patrimoine de Six-Fours, ce sont les hameaux, les pinèdes comme celle de la Malogineste, les grandes propriétés comme la villa Cécile. »

Concernant les inquiétudes des riverains du parking de la Coudoulière en face du Parc de la Méditerranée (voir notre article), la ville a acheté ce terrain constructible, donc cher, pour extraire un opérateur. « Si elle le rend inconstructible, nous, vous tous, perdons de l’argent. La ville risque d’ailleurs d’en avoir besoin à l’avenir pour une école, par exemple. Pour l’instant, nous allons conforter son aspect paysager. »

« C’est du bon sens »


Depuis, le premier adjoint fait se son mieux pour limiter les constructions, mais doit respecter la loi : « On ne fait pas ce que l’on veut ». Heureusement, il peut faire appel à d’autres lois intervenues entre temps. Depuis Vaison-la-Romaine, la Loi sur l’eau limite les constructions en zone inondable, ce qui est le cas d’une partie des Lônes. Cela a permis au premier adjoint de refuser un certain nombre de permis de construire selon le principe de précaution, quitte à aller au Tribunal administratif. Le premier adjoint a bloqué d’autres permis de construire grâce au « sursis à statuer », mais celui-ci devient caduc si le PLU n’est pas sorti dans les deux ans...

Que veut-on pour votre ville ?


Le PLU est un document qui définit des stratégies. Dans le cas de Six-Fours, il s’agit de mettre l’humain au centre. Ses grands principes sont l’environnement, l’urbanisme et l’économie, pour que Six-Fours soit une ville diverse, accueillant les séniors, mais également les jeunes ménages. Le PLU bridera sa capacité d’accueil en limitant sa croissance à 4 000 habitants d’ici 2025.

« Six-Fours ne peut se développer qu’au centre-ville »


« Le PLU préservera les massifs forestiers en confortant les quartiers existants (centre-ville, Le Brusc, les Lônes et les Playes). Il gagne 70 hectares d’espaces naturels, paysagers et agricoles. La compensation de la sauvegarde du grand paysage de Six-Fours est que l’on construira là où c’est déjà construit, en se recentrant sur le centre.» C’est pourquoi le cinéma a été construit rue de la République alors que les salles sont souvent en périphérie : pour y garder les habitants et donc les commerces.

Les enjeux du quartier Tante Victoire


Aux Lônes, cela se traduira par la protection de la Tante Victoire, qui sera placée en zone 22, l’augmentation de l’espace agricole chemin de Terron, l’extension de la zone artisanale de Prébois entre la Millonne et l’avenue Kennedy. Les enjeux des Lônes sont le périmètre l’inondabilité et l’amélioration de la desserte du quartier par deux passages sur la Reppe pour améliorer les échanges entre Six-Fours et Sanary.

Procédure


On entre dans la dernière phase de PLU. Au départ, afin d’assurer la neutralité, des cabinets privés ont été sollicités pour établir des diagnostics (paysager et pluvial). Un cabinet juridique a lui été chargé de rendre le PLU cohérent et inattaquable pour éviter qu’il soit annulé à nouveau sur la forme. Après une réunion de concertation, le conseil municipal a arrêté le projet.

L’enquête publique commence le 27 octobre. On peut adresser au commissaire enquêteur ses doléances en personne ou par écrit jusqu’en décembre. Le commissaire enquêteur en établira ensuite la synthèse et fera des propositions, que le conseil municipal ne sera pas obligé d’intégrer. Le PLU devrait être applicable en début d’année, les recours, s’il y en a, n’étant pas suspensifs.

Si le PLU devait être annulé à nouveau, on reviendrait au POS actuel et, d’après la Loi Alur, dès 2016 au Règlement national d’urbanisme (RNU), où c’est l’Etat qui a la main. C’est pourquoi il ne faut pas attaquer le PLU dans sa totalité. Le premier adjoint est d’accord avec Eric Tamburi sur ce point (voir notre article).

Joseph Mulé a conclu : « Le PLU est un document de compromis. S’il n’est pas parfait, il se veut l’expression de l’intérêt général et en aucun cas d’intérêts privés. »

, le 24 octobre 2014

Autres photos:

"Une stratégie environnementale et paysagère".