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Le 19. février 2014 à 10h16

Six Fours Culture «La langue de bois ou l’art de prendre les gens pour des cons… »

Michel Lochot, responsable de La section conférences de l'association Voyages et Loisirs Culturels, accueillait dernièrement Salle Daudet le docteur André Bernardini- Soleillet qui avait choisi de parler d’un thème très actuel... «La langue de bois ou l’art de prendre les gens pour des cons… »

Le docteur André Bernardini- Soleillet

Le docteur André Bernardini- Soleillet

Les conférenciers invités par l'association VLC abordent des thèmes variés en lien avec notre actualité. Ces séances gratuites et ouvertes à tous et se déroulent une fois par mois, le lundi de 15h à 17h30 salle Daudet.

C’est avec brio que le docteur André Bernardini- Soleillet a su captiver la centaine de personnes venue l’écouter, en illustrant son propos par des exemples concrets tirés de la vie quotidienne et en utilisant l'humour avec beaucoup d'aisance.
Le thème étudié faisait bel et bien écho à notre actualité en cette période pré électorale... Qui n'a en effet jamais songé que les discours prononcés de ci de là n'étaient que pure langue de bois? Ce langage creux et vide ne semble-til pas au fond dissimuler de l'incompétence ou tout du moins vouloir éviter certains sujets?

Pour commencer, André Bernardini- Soleillet affirma que la langue de bois était « la Langue morte la plus parlée dans le monde et la plus méprisée… ».
« Elle est employée partout en politique, bien sûr, mais aussi dans toutes les activités humaines. La langue de bois délivre un message intentionnellement truqué ; elle permet de cacher la vérité, de répondre à côté de la question, ou de noyer une absence de pensées ou de connaissances sous un déluge de paroles creuses : c’est typiquement le Bla-bla-bla… ! »
En deux mots, résumera le conférencier en citant Molière, c’est «  l’art de ne vous rien dire avec de grands discours. »

Ce double langage peut paraître acceptable quand il s’agit de savoir vivre, poursuit André Bernardini- Soleillet, et de citer des situations précises qui nous font l’utiliser dans la vie en société, pour parler de sujets tabous comme la sexualité,la maladie ou encore la mort.
« Mais ce double langage peut aussi nous apparaître critiquable lorsque nous sommes pris par exemple pour des cibles par les commerçants : c’est alors 'l’Art de la vente'», dira-t-il, en illustrant son propos de multiples exemples de la vie courante.
Mais pour le conférencier, la langue de bois ou 'double langage’devient « insupportable » lorsqu’elle touche à la politique:
La langue de bois est, selon lui, « l’armure contre l’imprudence qui déclencherait une tempête dans l’opinion, l’indignation bruyante de l’adversaire, la désapprobation de la Presse, la colère de son propre camp, la réprimande de ceux qui lui faisaient confiance avec risque de ruiner définitivement l’ascension des plus prometteurs des hommes politiques...» Et pour exemples il cita De Gaulle, Juppé, Bayrou, Jack Lang…et leur contraire, Mendès France, Rocard, Barre qui eux « parlaient « sincère » avec un vocabulaire simple et précis».
Mais ce parler vrai aura provoqué quelques offuscations en son temps, nous rappela-t-il :
Rocard : « la France ne peut accueillir toute la misère du monde », Mitterrand : « dans la lutte contre le chômage, on a tout essayé » ou encore Chirac : « « le bruit et l’odeur ! », en faisant référence aux plaintes rapportées par certains habitants de la Goutte d’Or !

Et pour laisser juge son auditoire, il conclut sur une réplique de Philinte dans le Misanthrope :
« Il est bien des endroits où la pleine franchise deviendrait ridicule et serait peu permise, et parfois, n’en déplaise à votre austère honneur,il est bon de cacher ce qu’on a dans le cœur. Serait-il à propos de la bienséance de dire à 1000 gens ce que d’eux l’on pense ?»

A méditer...

A.I, le 19 février 2014