Le 2. avril 2012 à 17h30
Six Fours
Congrès
Monica Zilbovicius, invitée prestigieuse du congrès d'APACA
L'équipe d'autisme PACA avec Monica Zilbovicius (avec l'écharpe jaune).
Monica Zilbovicius est directrice de recherche à l'Inserm, responsable en imagerie cérébrale dans les troubles du développement de l'enfant. Elle est psychiatre-neurobiologiste à l'hôpital Necker, une référence mondiale. Elle sera présente ce mardi à l'Espace Malraux pour le congrès organisé par Autisme PACA présidé par Jean-Marc Bonifay. Elle a accepté bien volontiers l'invitation de l'association, d'autant plus qu'elle en est la marraine: "je ne connaissais pas Jean-Marc, cela s'est fait au feeling, j'apprécie l'action qu'il mène". Et en ce mardi, l'Espace Malraux est déjà complet, avec plus de 600 inscrits, du jamais vu dans la région.
Outre sa présence exceptionnelle, elle va aussi soutenir Autisme Paca dans son projet novateur de développer une "Futuroschool" à Six-Fours; Il s'agit d'un systéme éducatif plus à l'écoute des différences et des compétences des enfants avec une approche innovante, imaginé par Vaincre l'Autisme. Il ne s'agira pas d'une substitution à l'école mais au contraire de donner aux enfants les bases pour qu'ils bénéficient d'une scolarisation en milieu ordinaire. La structure pourra accueillir 12 enfants autistes de 2 à 20 ans, et Jean-Marc Bonifay espère qu'elle verra le jour d'ici deux ans sur la commune.
Il est bon de rappeler que, d'après les chiffres de 2007 de l'INSERM, on compte plus de 600.000 enfants présentant des troubles autistiques en France, soit une naissance sur 150. Et même si on ne guérit pas de l'autisme, on peut par contre faire des progrès significatifs, à condition que tout soit mis en oeuvre: scolarisation en milieu ordinaire, suivi médical adapté...
20 ans de recherches essentielles
L'équipe de Monica Zilbovicius aura été une des premières au monde à montrer les anomalies localisées au niveau du cerveau des autistes grâce à l'imagerie, en 2000. Une région importante pour la perception des mouvements, du regard...Mais cela résulte de 20 ans de recherche, et le premier article publié par son équipe remonte à 1992 mais les machines n'étaient pas encore assez performantes pour le prouver: "le pionnier est le professeur Gilbert Lelord, fondateur de l'école de Tours et du service de pédopsychiatre de Tours". Il a été son directeur de thèse. Cette découverte d'une anomalie dans une zone du cerveau des autistes a déjà permis de déculpabiliser les mères, et surtout envisager une prise en charge adaptée: "il faut au mieux caractériser l'imagerie pour évaluer la thérapeutique". Elle nous expliquait le "Eye-tracking": "Cette technique permet de mieux comprendre le phénotype de l'autisme à savoir quantifier tous les caractères observables et mieux saisir le dysfonctionnement social. Avec cette technique on a pu montrer que les autistes ne pouvaient disposer des mêmes informations que les personnes non autistes car ils ne regardent pas les autres dans les yeux. Il faut bien comprendre qu'avec la parole seule, on ne communique rien. On peut savoir avec cette technique comment l'enfant regarde le monde".
Monica Zilbovicius est loin de l'archétype de la chercheuse recluse dans son univers, elle est engagée et investie. Elle nous disait: "La France accuse un énorme retard, mais il y a une évolution, et il faut profiter du fait que l'autisme soit une grande cause nationale, il faut que le bon sens s'impose". Et d'ajouter: "on ne peut plus dire aujourd'hui que l'enfant autiste est dans sa bulle, s'isole dans son monde. C'est bien sûr faux, il a une construction différente du monde qui l'entoure. Il faut l'accompagner, qu'il soit scolarisé en milieu ordinaire, qu'il ait un suivi adapté à ses compétences et qu'on laisse la place aux parents qui ont un rôle important de stimulateurs". D'où l'importance d'un diagnostic précoce et qui permette surtout d'établir un bilan de ses compétences".
D.D, le 02 avril 2012