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Le 9. octobre 2014 à 19h17

Six Fours Cinéma Le Six n'étoiles a grèvé

Depuis son ouverture, le Six N'étoiles ne se contente pas de projeter des films.

Noémie Dumas et René Gheerbant avec la délégation CGT du Var, Michèle Lherminier, Marc Louis et Hervé Fechino

Noémie Dumas et René Gheerbant avec la délégation CGT du Var, Michèle Lherminier, Marc Louis et Hervé Fechino

Noémie Dumas, sa directrice, multiplie les événements, les cycles, les rencontres, les ciné-conférences, variant les thèmes, les genres, collaborant avec nombre d'associations.
En ce mercredi soir, elle avait invité Denis Gheerbant, réalisateur spécialisé dans des documentaires dont les sujets sont très diversifiés comme le Rwanda, le cancer chez les enfants, Marseille ou ce dernier film "On a grèvé" qu'il venait présenter. Denis est parisien mais il est un jour venu travailler à Marseille sur un film de René Allio "L'heure exquise" puis il a enchaîné sur quelques autres films en tant qu'opérateur.
"Marseille et moi, c'est une vieille histoire - nous confie-t-il - c'est une ville qui a une grande puissance et je me suis dit : "Je la veux" !. Je lui ai consacré sept films, chacun sur un thème et un quartier différents, chacun incarnant un pan de l'histoire marseillaise."

Un film sur la grève


Aujourd'hui, s'il revient y travailler, il vit à Paris et il avait envie depuis longtemps de réaliser un film autour de la grève.
"Je travaillais sur ce sujet depuis 2010 mais je suis assez long à me décider. Je connaissais un syndicaliste qui m'a parlé de ce sujet peu banal d'une quinzaine de femmes de chambre qui préparaient une grève pour défendre leurs droits. En effet, jusqu'alors elle n'étaient pas rémunérées à l'heure de travail mais à la tâche, c'est à dire à la chambre et pouvaient travailler de 9 heures du matin à 18 heures. Elle étaient déjà en conflit en 2011 mais je n'avais pas pu faire grand chose car la direction de l'hôtel m'en avait interdit l'entrée.
Mieux organisées et soutenues par le syndicat CGT auquel elles avaient adhéré, ces femmes, en grande majorité africaines ont tenu 28 jours et ont obtenu gain de cause !

Des femmes de l'ombre


René Gheerbant a donc tourné ce film en toute complicité avec ces femmes courageuses, énergiques, décidées à aller jusqu'au bout, d'un optimisme indestructible, chantant, dansant et ne baissant jamais les bras. Elles sont belles, émouvantes, drôles, lumineuses...
"C'est - nous dit encore Denis - un métier de l'ombre, invisible, méprisé, souvent pratiqué par des femmes émigrées. Elles vivent leur quotidien en milieu fermé et ne s'expriment que très rarement et dans des moments forts. Mon objectif était que ce conflit puisse révéler ces femmes, qu'on les regarde enfin.
Je n'ai pas voulu traiter un sujet misérabiliste mais les mettre en valeur. C'est en quelque sorte une comédie musicale sur la lutte des classes, sur le problème de la sous-traitance, qui est un problème récurrent".

Faire avancer les choses


En fait, c'est un film plein d'énergie positive, d'autant plus optimiste qu'il finit bien puisqu'elles ont obtenu gain de cause. Elles ont des formules drôles et appropriées comme : "Nous travaillons dans un hôtel première classe mais nous sommes considérées comme la dernière classe..." ou encore "Ce n'est pas le Campanile... C'est le campanul !"
Malheureusement ce soir-là au Six N'étoiles, peu de monde s'était déplacé pour découvrir ce film qui fut pourtant particulièrement apprécié par un groupe de syndicalistes CGT du Var et l'association ATTAC, la ligue des Droits de l'Homme. Le débat fut également très enrichissant.
En 55 étapes, Denis Gheerbant va traverser la France avec ce très beau film qui devrait permettre de faire avancer les choses..

JB, le 09 octobre 2014

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