Sanary
Musique
Linda Lemay au Théâtre Galli... De la belle ouvrage
Entrer dans le monde de Linda Lemay, ce n'est pas seulement entrer dans la salle de classe qui lui sert de décor.
C'est aussi entrer dans son monde de poésie, teinté de gravité et d'humour, de sérénité et de tendresse mais par contre, il y a une constante qui rode sur tout son tour de chant : la mort. La mort qui plane entre deux chansons pleines de drôlerie et de jeux de mots. La mort d'un enfant, d'une mère, comme une constante, même lorsqu'elle écrit à Johnny, son idole, qu'elle espère (enfin qu'elle espérait, puisque c'est fait !) rencontrer... avant qu'il ne meure ! "Cela vient certainement de ma petite enfance, cette obsession de la mort car,dans la première chanson que j'ai écrite à 8 ans, j'appelais mon père pour lui dire de vite rentrer car ma mère mourrait... Mais où est-ce que j'allais chercher tout ça ?" Des chansons poignantes et belles que Linda chante avec conviction comme si elle avait vécu tout ça, même par personne interposée. Heureusement, entre temps la vie reprend le dessus et la belle humeur et le bel humour avec.
Amour, humour, tendresse & poésie
La vie de tous les jours avec ses petites tracasseries, ses problèmes au quotidien, comme cette paire de chaussures vertes trouvées dans un placard, comme ce couple qui s'étiole autour d'une soupe aux choux, ce ventre, objet de bien des soucis de femmes, qui, en vieillissant, ne s'embellit pas mais qui est notre berceau à tous, l'amour et le hasard, là mère qui culpabilise d'avoir frappé sa fille, ce chiffre bien rond de 50 qui s'approche et lui fait peur, mais à côté de ça, les 50 ans de mariage de ses parents, les visites imprévues que l'on déteste parce que la maison n'est pas rangée, les cheveux mal peignés et qu'en plus il va falloir servir à manger, et, plus subtil, ce compagnon bien dur de 15 centimètres, qui raccourcit au fur et à mesure qu'elle le tripote, qui ne la quitte jamais, qui a du plomb dans l'aile mais jamais mauvaise mine et qui peut quelquefois étouffer la douleur avec des mots : son inséparable crayon, évidemment ! Elle nous chante vraiment le quotidien avec des mots simples pleins de poésie, de tendresse, de nostalgie mais une belle dose d'humour et de joie de vivre avec cet accent charmant qu'on attrape du côté du Québec... et non du Canada, précise-t-elle ! C'est un enchantement que d'entrer dans le monde de Linda, au pays de ses merveilles et un mot nous vient pour décrire ce spectacle : joli. Car tout est joli chez elle, les mots et les mélodies, le décors, les musiciens bien habillés et sa personne avec ce regard pervenche et ce sourire irrésistible. Dernière estocade : pour un dernier retour, elle va parcourir la salle toute allumée pour chanter les yeux dans les yeux avec son public, totalement sous le charme. Et nous avec. C'était mercredi, au Théâtre Galli...