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Le 18. mai 2012 à 19h58

Sanary Sport Marco Copello, de la passion à l'exigence d'une vie

Il arrive quelque fois de rencontrer des personnes atypiques au parcours de vie peu commun. Marco Copello fait partie de ceux-là. Personnage inspirant, innovant, généreux, il a marqué de son empreinte le monde du Windsurf.

Vous avez surement entendu parler de lui dernièrement lors de la venue de l'émission Thalassa à La Seyne sur Mer. Ou vous l'avez croisé sur son stand de savoureux produits italiens "Il Botteghino" au marché de Sanary.
Peu de gens savent qu'ils ont en face d'eux un maître du rabot avec une exigence, une précision hors du commun. Sa spécialité, ce sont les pains de mousse polystyrène destinés à fabriquer des planches de windsurf, surf ou kitesurf. Il a inspiré ou formé dans ce domaine nombre de shapers (comme Ben'z Surfshapes implanté à Six-Fours).
Sa capacité de réaction fait de lui un artisan/artiste capable de rebondir face aux aléas de la vie avec une grande intelligence et un regard juste ancré dans le réel du quotidien, sans oublier de partager son expérience. Portrait.

Le premier déclic


Petit retour en arrière. Marco Copello est italien, originaire de Bolzano, commune du Tyrol. Il suit une longue formation de biologiste océanographe. A cette époque, il est déjà passionné par la mer et pratique notamment la plongée et la chasse sous-marine. En parallèle il est aussi moniteur de ski. Déjà sensible à l'adrénaline, c'est aussi un passionné de moto.
Son directeur d'études lui propose une opportunité de travailler en France dans un laboratoire de Faculté à Banyuls sur Mer dans le cadre d'une coopération France/Italie. Et c'est le 1er déclic de sa vie.
Parmi ses collègues de travail, nombreux sont ceux qui pratiquent la planche à voile. Il découvre ainsi ce sport dont il deviendra accro, avec comme point commun à la moto la sensation de vitesse. Il progresse rapidement et, dans les années 82/83, c'est le début de l'évolution de la planche à voile avec des planches qui se rétrécissent et deviennent plus courtes, élevant les possibilités d'évolution. Il s'initie alors à la fabrication de ses propres planches puis commence à en fabriquer pour ses amis.
Autre fait marquant, il rencontre une française qui saura lui fera tourner la tête!
Cette période correspond à l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand avec un réel espoir pour les chercheurs de disposer de budget conséquent pour développer leurs recherches. Cette période sera de courte durée, le contexte économique de l'époque amènera une vague d'austérité venant doucher abruptement les espérances de chacun. Marco Copello doit se trouver un nouveau job mais il se retrouve confronté à un problème d'équivalence de son diplôme italien. Que faire? Se remettre à niveau en France avec à nouveau quelques années d'études? Sans être non plus sûr de trouver une place intéressante... Il décide alors de se lancer dans l'aventure du Shape avec comme leitmotiv qu'un jour les meilleurs planchistes au monde navigueront sur ses planches. C'est ce qui arrivera bien plus vite que prévu...
Pourtant cette décision ne manquera pas de se heurter aux craintes de ses parents et à son directeur de recherche italien qui avait mis d'autres espoirs en lui...

Le début de la reconnaissance


A cette époque il rencontre un planchiste qui monte: Raphael Salles. Ce qui va lui permettre d'être en prise avec la réalité.
Ensemble ils commencent une collaboration de rider - shaper et Marco dira qu'il a eu beaucoup de chance en le rencontrant car Raphael avait la capacité de retranscrire avec finesse ce qui se passait sous ses pieds, lors de sessions test des planches. Un peu comme le rapport entre un pilote de Formule 1 et son staff de course pour faire évoluer une voiture. Ainsi Marco progresse à grands pas dans sa recherche d'évolution des formes et caractéristiques des planches.
En 1984, nouveau déclic qui s'avèrera de taille. Raphael Salles remporte une finale de coupe du monde au Japon devant le "Roi" Robby Naish maitre incontesté de la discipline. Pour l'anecdote ce dernier aura d'ailleurs du mal à accepter la défaite faisant appel aux juges de l'épreuve, sans succès.
Dès lors, la presse spécialisée du monde entier et les compétiteurs se penchent sur les planches Copello. Et là tout s’enchaîne vitesse grand V. Couvertures dans les magazines, premières places aux tests comparatifs de matériel. Le succès est présent, la demande très forte. Les meilleurs mondiaux naviguent sur ses planches.
En 1987, il a formé toute une équipe et sort près de 1000 planches par an. Seulement, les compétiteurs désirant des planches légères, les shapers ne font pas dans le solide et on a affaire à du matériel "jetable". Une planche ne fait pas une saison, elle casse avant. Il s'intéresse alors aux fabrications en sandwich des bateaux Hobbie et en 1989 il innove totalement avec l'aventure de la fabrication de planches en série et développe l'usine Cobra en Thaïlande (qui fonctionne toujours actuellement). Un de ses amis glasseurs prend la direction de cette usine, Marco préférant se consacrer à l'avancée de ses shapes et des planches custom.

La guerre du Golfe amène son lot d'ennuis


Cette guerre va avoir un impact direct sur sa vie. Des containers remplis de planches vont se retrouver bloqués en mer plus de deux mois empêchant Marco de livrer les coureurs juste avant le début de saison. Le cours du dollar US a explosé et les marges de vente des planches se retrouvent diminuées de 50%, ce qui entraîne un gros manque à gagner. Alors il décide de s'appuyer sur les banques qui refusent de le suivre. Financièrement il est au plus mal.
Arrive l'opportunité de vendre partiellement sa société à la marque Fanatic. Il accepte tout en s'occupant des secteurs de la recherche, du développement et de la production. Un atelier sera même monté à La Seyne sur Mer. Cela durera 2,3 années puis Fanatic décidera de le lâcher d'une manière peu élégante...

Rebondir à nouveau


C'est un nouveau questionnement qui s'impose. Fatigué du business, Marco Copello décide de travailler en freelance pour des marques et diversifie son activité en proposant son savoir-faire. Il interviendra par exemple pour EDF en créant des échelles carbone spécifiques. Il se spécialise dans les hautes technologies et fait des piges sur des applications de système de production. Il créera des skis nautiques pour la société américaine Reflex et obtiendra plusieurs titres mondiaux.
Mais il a besoin d'un nouveau défi capable de le nourrir tant moralement que financièrement. Après réflexion, il cherche une autre voie que le milieu de la glisse. C'est ainsi qu'après avoir cherché sans succès un lieu pour monter un restaurant, il aura cette opportunité d'avoir un stand sur le marché de Sanary.
Alors chaque semaine, il va chercher ses produits en Italie, qu'il sélectionne lui-même auprès des producteurs qu'il affectionne. Il évite ainsi les intermédiaires ce qui lui permet de proposer des produits de grande qualité à des prix raisonnables voire concurrentiels aux grandes surfaces.
Ce résumé pourrait se compléter par nombre d'anecdotes, de précisions, du point de vue de Marco sur la vie, ancré dans le concret. Ce qu'il faut en retenir c'est une forme de génie mis à la disposition d'une passion. Avec rigueur, l'oeil curieux et soucieux de proposer le meilleur.
Outre son activité sur le marché, il continue de shaper une vingtaine de planches sur mesure par an et ne lâche pas sa recherche de qualité, d'esthétisme, de performance avec notamment son compère Greg Penne et le concept DPA.
Allez voir ces petits bijoux, nul besoin d'être un spécialiste pour en apprécier la qualité du travail, ici:
www.copello-shape.com
www.dpaboards.com
Et son stand italien "Il Botteghino" ( la petite boutique) au marché de Sanary

D.C, le 18 mai 2012

Autres photos:

Préparation minutieuse pour la décoration à l'aide de bandes de scotch papier Un de ses derniers bijoux à la pointe de la technologie avec une nouvelle fibre carbone/titane, esthétique et performance à l'appui.