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Le 11. janvier 2015 à 17h05

Sanary événement Ils étaient des milliers... Ils étaient vingt et cent...

Midi devant la mairie de Sanary...
Une foule compacte, immense, quelque cinq mille personnes sur un port noir de monde, encore sous le choc de la violence, de l'horreur de cette effroyable tuerie fomentée par des fous de Dieu...

Une foule d'âges, de couleurs, de confessions mêlées, soudée autour de pancartes "Je suis Charlie" . Tout le monde se regarde encore abasourdi par le carnage de ces crimes innommables, inimaginables en France, pays des libertés.
Dans cette foule agglutinée sous le soleil, tous les sentiments se mêlent dans un silence pesant : tristesse, stupeur, colère, incompréhension, interrogation.
Pourquoi ? Au nom de quoi ? Les religions, quelles qu'elles soient, ne sont-elles pas faites pour la paix, pour l'union des hommes ? Il faut croire que non pour certains fanatiques, pour ces obscurantistes qui tuent pour un dessin, pour un trait d'humour.
Pour ces hommes et femmes, mourir pour des idées, pour la liberté, cela en a fait des héros. Mais on aurait tant préféré qu'ils ne le soient pas aujourd'hui et qu'ils puissent continuer leur œuvre...

L'impensable a eu lieu...


A notre époque, une telle barbarie paraît impensable...
Et pourtant, l'impensable a eu lieu. Cette marche, qui s'est déroulée à Sanary, mais aussi dans tous les coins de France et même bien au-delà des toutes les frontières, est dans un sens rassurant car cela prouve que l'humain ne baisse pas les bras, relève la tête et veut combattre et communier "ensemble".
Durant toute cette marche silencieuse, seule une traînée constante d'applaudissements à l'approche du cortège, a résonné jusqu'au monument aux morts. Là, le Maire, Ferdinand Bernhard, n'a dit aucun mot et a juste laissé la parole à quatre adolescents de Sanary : Maeva qui a dit qu'il fallait pouvoir continuer de s'exprimer de façon humoristique et de se battre pour toutes les libertés; Lina a dit un poème fort émouvant qu'elle avait écrit elle-même; Marie a souligné qu'il y a cent ans nous étions en guerre, qu'il ne faut pas que la barbarie revienne aujourd'hui et qu'il faut lutter pour la liberté, contre l'ignorance et la bêtise; Benjamin a déploré que la France subisse un tel deuil juste une semaine après les fêtes et qu'il ne fallait pas que la violence reprenne le dessus. Il a même souligné qu'il était désespéré mais que grâce à cet élan de solidarité il pouvait croire encore en des jours meilleurs.
Après une minute de silence, la Marseillaise fut entonnée par des milliers de voix et un grand frisson d'émotion submergea ces milliers de gens unis dans la peine.

Si tous les gars du monde...


En entendant cet hymne, m'est revenu à l'esprit une chanson qui m'avait marqué alors que j'étais tout jeune. Chanson au titre éponyme d'un film signé Christian Jacques, de 1955 : "Si tous les gars du monde voulaient se donner la main... le bonheur serait pour demain"...
Pour demain ? Est-ce utopique de l'espérer encore car il ne faudrait pas que cet unisson d'aujourd'hui ne s'éparpille les mois à venir.
Pourrait-on enfin espérer que la folie de certains hommes cesse un jour ?

, le 11 janvier 2015

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