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Le 18. août 2014 à 19h01

Ollioules Histoire Un témoin raconte la libération du village il y a 70 ans

Samedi prochain, 23 août, la Ville d’Ollioules commémorera le 70ème anniversaire de sa libération par les troupes françaises. Parmi les personnalités entourant le maire, ses élus, les associations patriotiques et les autorités militaires, un homme vivra cette cérémonie d’une façon plus intense encore, Jacques Martina-Fieschi. Il avait 17 ans. Et ce jour-là, les balles ne sont pas passées loin de ses oreilles. Récit

Jacques Martina-Fieschi avait 17 ans le jour de la libération d'Ollioules où il a été pris sous les balles croisées des allemands arrivés sur sa gauche, et celles des troupes françaises, établies à sa droite, sur le pont de la Reppe.

Jacques Martina-Fieschi avait 17 ans le jour de la libération d'Ollioules où il a été pris sous les balles croisées des allemands arrivés sur sa gauche, et celles des troupes françaises, établies à sa droite, sur le pont de la Reppe.

« En ce matin du 23 août 1944, nous nous étions tous, famille, amis et voisins, réfugiés dans l’abri au bas de notre maison au quartier Saint Roch que mon père nous avait aménagé dans le sous-sol du garage, comme nous le faisions depuis qu’avaient commencé les bombardements sur l’aire toulonnaise.

"Nous savions bien sûr, grâce à la radio, que le débarquement en Provence avait eu lieu le 15 août, et que notre libération était proche. Dans la nuit du 22 au 23, nous avons été troublés par d’étranges remue-ménage venant en direction de Toulon. Au petit matin, animé par la curiosité, je suis sorti de notre abri. Alors, là ! A ma gauche avançait une colonne de camions allemands et à ma droite, sur le pont de la Reppe, il y avait un char français. Tout de suite ça s’est déchaîné. J’étais là, au milieu de la chaussée et les balles ont commencé à siffler à mes oreilles… »

La dure réalité de l’occupation allemande


Visage aux yeux rieurs, mince, Jacques Martina-Fieschi raconte ce vécu qu’il n’oubliera jamais de la libération de son village. Il avait 17 ans et venait de connaître, comme ses parents, ses voisins, ses compatriotes, la dure réalité de l’occupation allemande avec ses privations et ses humiliations, la présence d’abord de soldats italiens puis celle, plus terrifiante, des SS nazis, puis celle moins menaçante d’occupants un peu moins farouches, mais allemands tout de même, dont un certain Kobold dont l’ouïe particulièrement fine parvenait à déceler, avant que ne se déclenchent les sirènes d’alarme, l’arrivée des forteresses volantes alliées et prévenait ainsi les Ollioulais du quartier Saint Roch de se mettre à l’abri.

Traumatisés par les bombardements


« Nous avons tous été traumatisés par ces bombardements » poursuit notre témoin qui ajoute : « A chaque alerte, ce soldat allemand, vêtu d’une combinaison en caoutchouc et le visage recouvert d’un masque à gaz déversait des fumigènes placés sur les trottoirs de la nationale 8 pour essayer de cacher les objectifs aux avions alliés…Dans notre abri, pendant les bombardements, s’engouffraient tous ceux qui passaient, français et allemands. A chaque déchirement de l’air par les bombes avant l’impact, nous nous retrouvions tous ventre à terre, pêle-mêle, sans nous préoccuper de la nationalité de notre voisin. Le souffle très puissant provoqué par l’éclatement des bombes arrachait le rideau métallique qui fermait le garage et le faisait flotter en l’air comme un drap de lit agité par le mistral. Tous ces bombardements meurtriers avaient lieu entre midi et 14 heures ».

La peur panique des Toulonnais


Les victimes de ces bombardements alliés ont été nombreuses. Mais c’était le prix, certes injuste bien sûr, à payer pour libérer la France du joug nazi. Après le débarquement du 15 août sur les côtes de Cavalaire, les combats ont fait rage autour de Toulon. Lesquels combats avaient d’ailleurs provoqué une peur panique de la part de certains toulonnais qui, en véhicule gazogène ou à pied, n’avaient pas reculé devant l’idée de fuir en direction des gorges d’Ollioules et de celles du Destel pour se mettre à l’abri dans les gorges devant lesquelles, malgré tout, tombèrent quelques bombes, heureusement, sans faire de victime.

Sanary libérée, l’armée aux portes d’Ollioules


Et puis l’on en revient à ce fameux 23 août 1944. Jacques Marti-Fieschi sait, par la radio, que la libération est en route, il sait aussi que les résistants animés par Mr. Classens , un garagiste de la rue Clémenceau) sont prêts. D’ailleurs, dans la matinée du 23 août 1944 arrivent les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), nettoyant sur leur passage les nids de résistance allemands tout au long de la Nationale 8 qui mène de Toulon à Marseille via Ollioules. Quelques heures plus tard, venue depuis Sanary, l’armée de libération du général De Lattre de Tassigny s’empare d’une partie d’Ollioules jusqu’à la rue Clémenceau et attaque le fort du Gros Cerveau où se trouve un poste d’observation allemand chargé de régler les tirs d’artillerie..

« Au milieu des tirs ennemis et amis »


C’est à ce moment-là que Jacques Martina-Fieschi sort de son abri et se trouve sous le feu croisé des ennemis et des amis, les allemands à sa gauche, les français à droite.

« La colonne allemande s’avançait, venant de Toulon, un char Sherman s’était mis en batterie sur le pont de la Reppe ainsi qu’un deuxième à l’ancien abattoir au quartier Saint-Joseph. Ils se tiraient dessus de part et d’autre. Pendant trois quarts d’heure les balles ont sifflé autour de moi. J’avais la trouille de ma vie et j’ai cru que j’allais mourir. Pris Chargés de soldats, de munitions et de fûts d’essence, vraisemblablement dans le but de détruire la ville, les camions allemands ont finalement été stoppés sous le feu des tanks, des armes automatiques, de leurs mitrailleuses lourdes et des fusils mitrailleurs avant d’exploser et de brûler ».

Jacques Martina-Fieschi parvient alors à regagner l’abri de la maison de sa famille, constatant les dégâts.

Un soldat brûlé vif. Il n’avait pas 18 ans…


« Les platanes étaient incendiés, notre maison et celle de notre voisin étaient criblées de balles (ces stigmates sont d’ailleurs toujours visibles 70 ans plus tard), la teinturerie Maunier était en feu. Quand le combat s’est arrêté, nous nous sommes approchés des camions allemands. Leurs occupants étaient tous morts, brûlés. L’un d’entre eux n’avait pas même 18 ans » !

, le 18 août 2014

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