Les pointus en danger

Déjà, une petite définition, le pointu est un terme générique qui s’applique aux nombreux bateaux en bois du sud-est, il appartient à la famille des barques de pêche traditionnelles de Méditerranée. Les pointus étaient fabriqués par des charpentiers de marine, or désormais il n’y a plus de construction, et les rares charpentiers de marine ne font plus que de la réparation ou de la restauration.

Deuxième point, si l’association Lou Capian parle de “la sauvegarde des pointus du Brusc”, c’est parce qu’il faut savoir que dans le port du Brusc, lorsqu’un propriétaire de bateau décède, son bateau sort du port. Et que peuvent ses héritiers ? garder le bateau à la maison ? Le risque c’est de s’en débarrasser et de ne plus voir d’ici quelques décennies de pointus dans le port.

Troisième point, la place... Il y a une centaine de pointus au Brusc, dont une bonne cinquantaine dans la lagune. Or cette zone a intégré le réseau Natura 2000, et à terme, normalement il ne devrait plus y avoir de bateaux. La mairie a obtenu en 2007 une autorisation d’occupation temporaire (AOT), privilégiant les pointus, mais cette autorisation a une durée de 5 ans. Que se passera-t-il à l’issue de ce “sursis” ? La mairie semble vouloir garder les pointus, mais à ce jour, on ne sait exactement quelles seront les solutions validées.

Enfin, dernier aspect, le budget, l’entretien d’un pointu a un coût, Gilles Farrugia, trésorier de l’association nous disait qu’il en avait pour 1000 euros par an, ajoutez à cela le prix de la place, 300 pour la lagune, 800 pour le port, ça fait un budget. Alors pour les propriétaires ayant les moyens pas de souci, mais toujours le même problème, d’ici quelques décennies, si les héritiers ne s’en occupent pas, n’ont pas les moyens, quid des pointus ?

Lou Capian, des passionnés voulant sauvegarder ce patrimoine

Ce patrimoine est très fragile et cette association veut une prise de conscience collective, et participe ainsi à diverses manifestations dans l’année. “Pour nous, les pointus c’est une passion” nous disait Jo Fornassari, président de l’association, “l’esprit du pointu, c’est prendre son temps, partir à la pêche, profiter du paysage, on s’inscrit dans la culture provençale” souligne Allain Christophe, administrateur. “On veut arriver à sauver ce patrimoine” ajoute Frédéric Agostinetti, charpentier de marine de métier. Et loin du snobisme à la mode, qui consiste à acheter un pointu, à vouloir avoir le plus beau, à dépenser 2000 à 3000 euros pour l’entretien, les membres de Lou Capian tiennent à respecter la spécificité des pointus, Fred nous disant qu’il ne faut pas oublier qu’à la base ce sont des barques de pêche.

Alors le 4 juillet sera l’heure du temps des pointus, à 11h, on pourra assister à une parade de tous les pointus au Brusc et la journée sera agrémentée de quelques animations. Et si le cœur vous en dit vous pourrez échanger avec ces passionnés, car le but de l’association, outre le partage, c’est de transmettre, sans cela, il ne nous restera plus que les photos et vidéos pour se souvenir du “temps des pointus”....

Jo Fornassari, président de l'association Lou Capian.