Les nocturnes littéraires

Les Nocturnes littéraires existent depuis 2001, lorsque Pierre Defendini, spécialisé dans l’organisation de salon de livres, eut l’idée de proposer aux estivants ce rendez-vous culturel : « l’esprit c’est l’éclectisme, des livres de jeunesses, des polars, des BD... ». Dominique Ducasse se réjouissait également de cet événement, « la lecture est quelque chose de capital, ce rendez-vous permet de proposer une rencontre entre écrivains et lecteurs, ou de faire découvrir des auteurs ». Pierre Defendini ajoutait, « nous venons télescoper les publics, rencontrer de nouveaux lecteurs ». A la différence d’un salon qui accueille un public averti, ce type de rencontre permet de s’ouvrir à un public plus hétérogène. Et Pierre Defendini n’est pas un novice dans le milieu littéraire, il avait organisé le salon du livre à Toulon à l’époque du Front National, « c’était en 1997, j’avais intitulé la manifestation fête du livre en liberté, la mairie ne voulait pas de nous, on avait dû organiser le salon sur un terrain privé, c’était une très belle aventure ».

Les nocturnes littéraires se baladent ainsi dans la région, là où les municipalités acceptent de les accueillir et de les financer. Pierre Defendini tient à signaler la fidélité de Six-Fours, qui a toujours accueilli la manifestation depuis sa création. C’est ainsi que les estivants et les locaux ont pu croiser Michel Quint, Bernard Weber, Jean-Michel Thibaux, Danielle de March-Ronco, Philippe Lemaire et bien d’autres.

Présence de Michel Quint

Les nocturnes étaient l’occasion de discuter avec Michel Quint, dont les livres sont publiés depuis 1989 (Billard à l’étage, grand prix de la littérature policière) et qui a connu véritablement le succès en 2000 avec « effroyables jardins », qui sera par la suite adapté au cinéma par Jean Becker.
« J’apprécie évidemment ce type d’évènement, on vient sur le territoire des lecteurs, il y a de la bonne humeur ». L’auteur revenait sur son premier succès littéraire, « effroyables jardins a tout déclenché, cela a été une vraie surprise, c’était le 15ème ou 16ème roman que je publiais. Il n’y a pas de recette, on ne s’attend jamais à connaître un succès, c’était juste le roman qui tombait pile au bon moment. La notoriété permet beaucoup de choses, plus de liberté bien sûr. »

A notre question si la notoriété ne pouvait pas être aussi une aliénation, avec toute l’attente du public et des critiques : « non pas du tout, les critiques disent rarement du mal, moi j’ai une chronique littéraire sur une chaîne de la TNT, je parle des livres que j’ai aimés, je ne perds pas mon temps à évoquer ceux qui m’ont déplu ». Il semble que beaucoup ait été surpris de la présence de Michel Quint, à la plus grande joie de certains, « J’avais adoré effroyables jardins, le livre m’avait bouleversé, alors pouvoir juste échanger un petit mot avec lui, cela me fait très plaisir », nous disait Marie, en vacances au Brusc.

Jean Michel Thibaux prend lui-même des risques
pour nourrir ses personnages

Jean Michel Thibaux, écrivain à succès, venait présenter ses nombreux ouvrages, les derniers étant « La danseuse sacrée », « L’or du Forgeron » et « La cinquième courtisane ». Natif de Toulon, ce dernier évoquait son plaisir de discuter avec ses lecteurs, « ils posent des questions sur tout, nous parlent parfois de leur envie d’écrire ». Jean Michel Thibaux nous parlait de son métier avec passion, tout en évoquant aussi les difficultés, « Nous sommes 5000 écrivains en France, et seulement 50 arrivent à en vivre, c’est à dire sans activité annexe ». J-M Thibaux appartient à ces heureux élus, et peut s’enorgueillir d’avoir vendu près de 5 millions de livres, toute langue confondue (Espagnol, russe, Italien..). On peut lire dans sa biographie sur son site Internet que ce boulimique de l’écriture : « ne se contente pas d'œuvrer dans sa tour d'ivoire, il nourrit ses héros en prenant lui-même des risques. Au Soudan, au Mexique, au Liban, en Irak, dans les jungles colombiennes, panaméennes, birmanes, au cœur des déserts de Nubie, de Beyuda, d'Ethiopie, sur les routes poudreuses de l'Inde et les pistes pakistanaises, il remet sans cesse sa vie en jeu afin de donner le meilleur de lui-même dans ses écrits ». A découvrir...

Danielle de March-Ronco présentait « Les mots de flamme », son roman d’amour autobiographique. Cette dernière nous disait que « Cette manifestation permet de rencontrer d’autres écrivains, d’échanger et de partager notre amour de l’écriture avec les lecteurs ». Danielle de March-Ronco risque de faire parler d’elle avec son prochain livre, « Clara et les poussières bleues », un livre-témoignage sur l’amiante, dont la sortie est prévue pour fin août.

Un autre romancier évoquait ses livres avec passion, grand reporter à France 3, Philippe Lemaire nous parlait des « Compagnons de fortune », un roman initiatique, se déroulant en Bretagne en 1905, il raconte l’histoire de deux garçons qui partent sur la route… : « J’avais envie d’évoquer cette période où il y a à la fois des calèches et les premières automobiles, ce basculement me fascine ».

Les nombreux passants ont apprécié cette manifestation : « Franchement c’est très sympa, il y en a pour tous les goûts, j’ai pu faire dédicacer des bandes dessinées pour mes enfants, et moi j’en ai profité pour discuter avec Michel Quint », nous disait enthousiaste, Benoît, en vacances avec sa famille. Tous les âges se confondaient, Thomas, la vingtaine, originaire de Saint Etienne nous disait avoir discuté avec Bernard Weber « c’est vraiment cool, j’avais lu les fourmis, et aussi sa bande dessinée Exit, alors j’en ai profité pour lui parler un peu, il est très disponible ». Quant à sa petite amie, l’avis différait un peu, Emmanuelle nous confiait « C’est dommage quand même de ne pas voir des écrivains un peu plus engagés, je fais des études de journalisme, et je rêverais un jour de voir dans ces manifestations des auteurs comme Serge Halimi ou Frédéric Lordon, de toute façon j’imagine que c’est pas non plus l’esprit de ce type de rencontre très consensuel ».

Amoureux des livres ou curieux, la manifestation a permis à de nombreuses personnes de profiter de ce moment d’échange très convivial, prochaine date, mardi 11 août à Cassis, et très certainement l’année prochaine Quai Saint Pierre au Brusc.

Dominique Ducasse, adjointe déléguée à la culture, Pierre Defendini (organisateur) et Jean Michel Thibaux (écrivain)