Il y avait 18 ans qu'il sillonnait, saison après saison, la route du tour de l'ïle des Embiez, permettant à des générations de visiteurs un peu paresseux de découvrir tous les points de vue, tous les secrets de l'archipel. Et il y a déjà onze ans que Christian, l'un des fidèles de Paul Ricard, en prenait tous les matins les commandes pour promener ces flots de touristes venus, le temps d'une journée, découvrir ce domaine voué à la mer, au tourisme, à la vigne. Cet après-midi, le coeur de Christian aurait pu faire des bonds dans sa poitrine :"on ne quitte pas sans émotion un outil de travail qui nous a été fidèle pendant plus d'une décénie." Mais Christian, cet après-midi, n'avait pas l'esprit à fêter cet évènement heureux qui, grâce à la célérité de la société M. Prat, de Romans-sur-Isère, a permis de substituer au train fatigué jaune-poussin un ensemble blanc flambant neuf. Tandis qu'il assistait à cet échange, il apprenait que son fils s'était blessé au pied sur l'ïle et partait pour des examens à l'hopital. Et comme cet accident était l'énième pépin d'un début de mois fertile en ennuis, Christian avait le sourire amer. Un sourire qui s'adoucit seulement lorsqu'il vit le convoi immaculé à bord du Saint-Pierre, prêt à débarquer - pour combien d'années? - sur les Embiez.

Le nouveau train embarque sur le Saint-Pierre transformé en "ferry-boat".