Il est l'In, elle l'Out. Dans cette exposition du Pôle arts plastiques inaugurée vendredi à la Maison du Patrimoine, Valmigot et Stephen Paul déclinent leur rapport à la réalité.
Valmigot devant « Marianne et Olympe », une vision moderne de Marianne peinte après le Bataclan.
Une œuvre en prise avec la réalité
Valérie Migot, dite Valmigot, a participé à deux expositions collectives à Six-Fours : « Eros malgré eux » à la Maison du Cygne en octobre 2014 et « Olivia Moélo invite... » à la Batterie du Cap Nègre en novembre 2015. Elle a cette fois-ci choisi de partager le formidable espace de la Maison du Patrimoine avec l'artiste newyorkais Stephen Paul. Ensemble, ils dialoguent depuis des années sur le réel.
Valmigot est l'Out car elle réagit et interagit avec le monde qui l'entoure. Elle s'est installée au rez-de-chaussée de ce lieu qu'elle dit adorer. Elle en utilise d'ailleurs admirablement les recoins et la lumière. Elle a investi la petite salle de guirlandes, de toiles-livres, de poupons… Sur tous domine l'écrit, celui de de Facebook. « Facebook, c'est l'information de l'autre, sans le prisme du journaliste. De vrais gens lâchent tout de façon impudique et "partagent", ce qui est une belle idée. » La citation devient le dessin, le sujet. Les images jouent sur la typographie. « Je suis une fille de la pub, j'adore l'image. »
Les nouveautés
Valmigot travaille sur métal (l'inox, l'alu) et à l'huile. Même si son travail en adopte parfois l'apparence, elle n'est pas une artiste de rue. Une de ses dernières toiles, « Jump art », est réalisée à l'huile sur bois patiné et vieilli. « Cela faisait dix ans que j'avais envie de travailler sur ce panneau. Splash ! C'est ma plongée dans le bleu, car je suis de la génération du film Le grand bleu. » A partir d'une photo de son mari, elle termine avec « Je suis mûr », une série en relief autour d'un homme lisant le journal dont les ombres changent avec la lumière naturelle. Dans une nouvelle toile dominée par le vert de la vie, « Goutte d'eau », un personnage pousse une goutte d'eau. « L'homme veut tout maîtriser, la vie comprise, ce qui est bien dérisoire. »
Une œuvre personnelle
Stephen Paul est à l'étage, plus adapté aux formats importants et linéaires. Originaire de Manchester et newyorkais d'adoption, Stephen Paul y faisait partie d'une communauté artistique et s'est senti isolé à son arrivée en France il y a 7 ans. Face à lui-même, Stephen exprime sa solitude dans une œuvre autobiographique allégorique et intime. Perdu, il se démembre et disperse les parties de son corps de toile en toile : un pied, une oreille, sa cervelle... Il laisse une trace de lui dans ce monde pour prouver qu'il a existé : « I was here » (J'étais ici), que le directeur de la galerie Saatchi a ajouté à sa collection en ligne.
Ses toiles formant un ensemble de 5 mètres sur 2 ont remporté le Prix du Jury du Salon du Grand Format à la Villa Aurélienne à Fréjus. La pomme sur fond blanc marque le début, puis les choses se mettent en place avec ce qui l'a inspiré. Le troisième panneau est truffé de références artistiques. Dans le quatrième, tout est chaos. Il trouve sa place dans le cinquième et termine par le sixième.
L'exposition « In and out » est ouverte tous les jours de 9h à 12h et de 14h à 18h jusqu'au 2 juillet. Une rencontre avec les artistes est prévue le 17 juin à 15 heures autour d'un Art-thé. Stephen Paul retrouvera Valmigot du 28 juillet au 1er août pour Le New York Festival d'Art Contemporain à Bargemon (NYFACAB), une rencontre entre les artistes locaux et ceux de son centre artistique de New York.