La mobilité du territoire et l'environnement au cœur des inquiétudes des seynois et plus largement des riverains de l'aire Toulonnaise, face au chantier titanesque de la principauté de Monaco.
Anthony Civettini, Marc Vuillemot et Jean-Luc Bruno
Le projet pharaonique
La ville de Monaco veut gagner plusieurs hectares sur la mer et y construire un quartier ultraluxe. C’est l’entreprise SOMECA et sa carrière du Revest qui va fournir les 2,5 millions de tonnes de cailloux nécessaires. Une fois extraits, les granulats seront stockés sur les sites de Touris et Lagoubran puis transportés par la route jusqu’au port de Brégaillon où ils seront lavés et embarqués sur un cargo qui fera 2 voire 3 rotations par semaine vers la principauté. Le chantier est prévu pour commencer dès juillet 2017 et pour une durée de 2 ans.
1 camion toutes les 2 minutes
Les rotations de véhicules représenteront 250 camions de 40 tonnes par jour, qui transiteront entre Le Revest, Touris, Lagoubran, et l’entrée de la Seyne entre 6h et 18h ! Les nuisances sur le trafic routier risquent d’être colossales dans une aire routière toulonnaise déjà souvent saturée à certaines heures. La société SOMECA assure qu’il s’agit d’1% de véhicules en plus, mais à l’évidence un 40T qui n’a pas le même gabarit et vitesse que la voiture de monsieur tout le monde ne s’insère pas de la même façon dans un flux routier, sans parler de la pollution générée.
Du bruit et de la poussière
Ce transport et son déversement dans les cargos vont inévitablement générer une nuisance sonore d’ampleur et à contrario des monégasques qui ont prévu un mur antibruit autour de leur chantier de la part de la société Bouygues, rien de prévu au départ de la Seyne. Les monégasques, ne souhaitant pas non plus de poussière, auront à l’arrivée des cargos de matériaux lavés en amont à Brégaillon. Quid encore une fois des nuisances, où des questions se posent sur les rejets de boues dans la rade, mais également sur les 70m3/h d’eau nécessaires au lavage alors que l’on demandera au citoyen, lors de pénuries comme c’est souvent le cas l’été, de fermer son robinet.
La colère gronde
Les emplois générés, qui auraient pu éventuellement servir de contrepartie, seront quantité négligeable contrairement aux promesses et globalement les retombées économiques seront quasi nulles pour l’aire toulonnaise au regard des 2 milliards d’euros du projet. Ce n’est donc pas un hasard si tant du côté de la municipalité, des comités d’intérêts locaux de la Seyne-sur-Mer que des autres communes impactés, l’absence de réponses et d’engagements écrits des acteurs du projet font monter un sentiment d’incompréhension et d’injustice qui risque d’enflammer les passions sur une terre habituée aux combats. Les comités et la mairie demandent à minima une enquête publique consultative plus large et indépendante, que tous les moyens soient mis en œuvres pour pallier les désagréments qui pourraient nuire au bien-être des concitoyens et à l’environnement et surtout qu’ils soient consignés par écrits. Un dossier sensible à suivre.
F.Hochart, le 10 décembre 2016
Autres photos:
Les représentants des 7 CIL, 1 association et élus municipaux.