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Les jeunes au cœur

Une vingtaine de personnes était venue écouter la dizaine de jeunes en provenance de la région, mais aussi de Paris, Lyon, Le Havre, Strasbourg, Grenoble, Toulouse, Bordeaux… Ils ont travaillé un peu partout et en ont été mécontents. Ils ont donc décidé de créer un « circuit court » d’animation où les animateurs sont les organisateurs. S’ils ont choisi La Seyne comme siège social, c’est qu’elle incarne à leurs yeux la mixité sociale. Thomas Roller, pourtant résident à Six-Fours, s’est adressé directement au maire : « Marc, donne-nous la recette pour réussir cette mixité dans nos séjours de vacances ! »

Ils sont animateurs, directeurs, éducateurs, mais aussi parents et jeunes : le vice-président et le trésorier ont 15 ans. Le président Thomas Roller appelle jeunes et moins jeunes à les rejoindre : « On est hyper ouverts. Que chacun apporte sa pierre à l’édifice. » CréeTaColo veut mettre les jeunes au cœur du projet. « Un jeune a la capacité de créer ses vacances », continue le président. « Ils interviendront en amont, pendant et après le séjour de vacances. » Anne Pernet, la vice-présidente, explique le côté novateur de l’initiative : « Les jeunes monteront leur projet de A à Z. Les ados peuvent en effet assumer des fonctions concrètes à responsabilité. L’organisme n’est pas détaché de l’équipe d’animateurs. Il ne s’agira plus d’éloigner les acteurs du terrain comme c’est trop souvent le cas à l’heure actuelle. Les animateurs seront associés à l’organisation, ce qui aura des répercussions sur l’ambiance de la colonie : si on est décisionnaire de ses conditions de travail, on est bien. »

Soutien des anciens

Les jeunes ont présenté leur projet aux aînés, eux-mêmes acteurs de l’éducation populaire autrefois, dont le maire Marc Vuillemot, Mathias Nieps, responsable national de l’UNL (1er syndicat lycéen de France), Jean-Yves Lenendre, administrateur départemental de la FCPE du Var (Fédération des Conseils de Parents d'Elèves) et des élus locaux.

Le projet de CrééTaColo s’inscrit dans l’éducation populaire, entendue par le président comme aller-retour entre théorie et pratique, parce que les vacances ne doivent pas se réduire à la consommation de loisirs. Le conseiller municipal Christopher Dimek a loué cette initiative militante qui s’inscrit en fait contre la démarche consumériste, chère et sans projet éducatif. Le maire de La Seyne a évoqué sa propre expérience de militantisme citoyen, à seize ans, dans une association ayant le même but que CréeTaColo : « Les vacances étaient déjà appropriées par les grands organismes… » Il a loué la volonté de CrééTaColo de revenir aux fondamentaux de l’éducation populaire, « vecteur de construction citoyenne pour une société plus juste et plus humaine ». Il a ensuite évoqué le séjour de vacances idéal à ses yeux : « Aller chercher le matériel dans une décharge pour construire un vélo dans une cabane… Des activités qui ne coûtent rien mais qui permettent la découverte active de la technique. On fait ensemble, on exploite le potentiel, on s’occupe de l’autre, on permet la découverte de pratiques nouvelles, de gens nouveaux, de milieux nouveaux… »

Une professionnelle d’ETAPS (Espaces Territoriaux d'Accès aux Premiers Savoirs) a mentionné les jeunes en rupture avec l’Education nationale : « Ils ne sont parfois jamais partis en vacances et seront ravis de se voir proposer des activités culturelles et sportives par CréeTaColo. C’est un souffle d’air intéressant ». Jean-Yves Lenendre, administrateur départemental de la FCPE du Var, est également venu apporter son soutien et son accompagnement à cette initiative : « Il vous faudra également faire comprendre aux parents la différence entre autonomie et indépendance. » L’ancien conseiller municipal socialiste à Six-Fours, Philippe Comani, a félicité les fondateurs de CréeTaColo en tant qu’avocat, mais surtout en tant que président de la section de la Ligue des droits de l’homme de Toulon : « Je suis ravi de voir qu’il y a une jeunesse qui s’implique. Merci de donner un coup de jeune à l’éducation populaire. » Le maire de La Seyne a conclu : « Je vous encourage. C’est bien que vous vous engagiez dans cette aventure dans un contexte où les colos ferment les unes après les autres à cause de la règlementation. Certains veulent freiner les conditions de fabrication de citoyens. Ce que vous faites est indispensable en ce début de XXIème siècle.»

Les vingt membres de Crée Ta Colo travailleront ce week-end à leur projet pédagogique, « tous ensemble dans une démarche de travail collaboratif », et mettront au point leur premier séjour.

Le maire de La Seyne sur mer, Marc Vuillemot.