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Le 24. août 2014 à 21h37

Sanary Histoire locale Sanary à l’heure de l’occupation

A l’occasion du 70ème anniversaire de la libération de Sanary, le film de Michel Di Giovanni « Sanary sous l’occupation » a été projeté sur le parvis de l’église.

De profession radiologue industriel, Michel Di Giovanni a réalisé un film par an sur Sanary avec son association San Nari studio : sur les commerçants, les corsos fleuris... C’est en écoutant les anciens pêcheurs dans « Terres de Sanary, mémoire de Sanaryens » et en s’apercevant que ses témoins faisaient sans cesse référence à l’occupation qu’il décide de consacrer un documentaire à cette période. « J’ai eu envie de faire un film pour eux, pour montrer ce qu’ils ont enduré. » De 2010, « Sanary sous l’occupation » alterne témoignages et documents d’époque avec l’éclairage de l’historien Henri Ribot, qui sert de fil conducteur en replaçant la situation de Sanary dans le cadre français et mondial.

Après un début retardé par des problèmes techniques, le film a été projeté sur la façade du glacier Häagen-Dazs. Le public, très nombreux, était venu en avance pour pouvoir profiter de la centaine de chaises prêtées par la mairie. D’autres s’étaient assis sur les marches de l’église et d’autres encore, de plus en plus nombreux, regardaient debout. Les plus âgés étaient visiblement émus : « Je la connais, cette histoire ! » L’Histoire, évoquée à travers les lieux que les spectateurs connaissaient, prenait une dimension tout autre.

I lupi di Toscana


Les Allemands ont envahi Sanary le 11 novembre. Derrière, sont arrivés les Italiens, « I lupi di Toscana », qui les ont remplacés. Morts de faim et épuisés car venus à pied : « Peuchère, ils se tenaient à la queue des mulets ! ». Les Italiens sont des envahisseurs dépenaillés, en guenilles : « Ce n’étaient pas des soldats, eux ils étaient gentils », commente Alice Pihan de La Forest. Une autre dame évoque leur chapeau à plume. Les témoignages ne concordent pourtant pas sur ce point. Pour un témoin, les Italiens étaient pires que les Allemands car ils considéraient les Sanaryens d’origine italienne comme des « traîtres de la nation ». Ce qui n’a pas empêché certains d’entre eux d’être fusillés par les Allemands. Ils sont maintenant enterrés au cimetière franco-italien de Saint Mandrier. Après la perte de l’Italie, les Allemands reviennent sur « le mur de la Méditerranée ».L’historien Henri Ribot rappelle: « Quand les Allemands arrivent, ce n’est pas avec des mulets, mais avec des chars. On ne rigole plus, on ne chante plus. »

Le film a également évoqué l’occupation, le travail obligatoire, les privations, les déportations et la résistance, dont on parle rarement. Monsieur Andrieu avait organisé un réseau pour permettre aux juifs de s’échapper : « A 104 ans, il devrait recevoir une récompense ! » L’institutrice Madame Bonnefoy a tant accompagné de gens « de l’autre côté » qu’elle s’est fait prendre et a été déportée à Dachau.

Le film devant être projeté entre la tombée de la nuit et le début du feu d’artifice, le réalisateur a dû sacrifier quelques séquences, notamment les portraits de Jean Calvet, qui a rejoint De Gaulle à Londres et est mort le 1er mai 1945, et de Barthélémy Rotger, qui a rejoint la France libre à Alger et a écrit une demi-douzaine de livres sur Sanary.

La mairie de Sanary projette chaque année les films de Michel Di Giovanni au théâtre Galli à l’occasion des Journées du Patrimoine. Le prochain sera consacré à une épopée de foot de 1982, quand l’équipe de Sanary a rencontré en seizième de finale au stade Mayol la grande équipe de Michel Platini, Saint Etienne: « Le grand contre le petit Poucet ! » On a hâte de le voir.

, le 24 août 2014

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Michel Di Giovanni et son épouse.
Michel Di Giovanni et son épouse.