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Le 13. janvier 2015 à 15h13

Environnement Tsunami : Y-a-t-il un risque ?

Si le cordon méditerranéen peut être soumis à un tsunami, celui-ci ne devrait pas atteindre l'ampleur de celui survenu au Japon le 11 mars 2011. Une étude a été demandée par l'Etat pour mesurer l'impact d'un tsunami sur trois sites pilotes de la Méditerranée dont celui de Bandol-Sanary-Six-Fours.

Un tsunami est provoqué par un séisme sous marin ou côtier . L’amplitude du tsunami dépend de la magnitude du séisme


Scénario


Dans le cadre de l'étude, le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) a retenu le scénario d'un séisme nord algérien de magnitude 7,5, événement considéré très plausible. D'après les simulations du BRGM, Bureau de recherches géologiques et minières, ce séisme provoquerait un tsunami qui atteindrait nos côtes en seulement 70 minutes, soit à une vitesse de courant supérieure à 3 mètres par seconde, avec une vague de 50 centimètres à 1 mètre, voire de 2 à 3 mètres à certains endroits (Renécros et Portissol par exemple) . A une telle vitesse de courant, et avec un si court délai de propagation de la vague, le risque serait que les estivants présents sur les plages soient emportés.

Les plages des trois communes seraient inondées, les endroits les plus plats et les plus bas seraient aussi touchés comme les ports de Bandol, Sanary, la Coudoulière et le Brusc, et les dégâts seraient importants. Quelque 80 bâtiments sur les trois communes seraient impactés.
Sur les plages l'estimation de mortalité et de blessés graves prise en compte par le BRGM est de 10% du nombre d'estivants présents sur les plages . En période estivale, les victimes pourraient ainsi être au nombre de 200 à 250 à Bandol, 100 à 130 à Sanary et 350 à 380 à Six-Fours. En période hivernale moins de dix personnes seraient touchées.

Un risque non négligeable


Si le BGRM ne formule que des hypothèses, selon Michel Sacher, le directeur du Cyprès, Centre d’informations pour la prévention des risques majeurs qui a épaulé les collectivités dans cette étude nommée Aldes (Alerte descendante), le risque n'est pas négligeable : « Cela peut arriver demain, dans cent ans ou plus, mais le risque est évident et nous devons mettre en place un plan d'alerte nous permettant de voir si nous aurons le temps et les moyens en à peine plus d'une heure de prévenir et mettre à l'abri la population. Le séisme est très vite détecté par le CEA, il est transmis au Cenalt qui détermine si l'intensité est susceptible de provoquer un tsunami, ce dernier transmet à son tour l'information au Ministère de l'intérieur puis à la Préfecture et enfin aux mairies. Mais nous pensons qu'il serait préférable que l'alerte soit donnée en direct aux communes pour plus d'efficacité. Il faut installer des sirènes mais aussi déterminer le cheminement d'évacuation et de regroupement de la population, et l'afficher. Il faut par ailleurs qu'au moment de l'événement le personnel sur les plages et dans les ports soit en place ! »

Bandol-Sanary-Six-Fours,
site "démonstrateur"


Le CENALT , centre d'alerte aux Tsunamis, surveille la Méditerranée occidentale et l’Atlantique nord-est. Son objectif est de diffuser, dans les 15 minutes suivant les événements sismiques susceptibles de déclencher un tsunami , un message d’alerte aux autorités françaises et étrangères de la Méditerranée.
Le BRGM, étudie, anticipe et gère les risques du sol et du sous-sol (séisme, éruption, tsunami...) et met en place des outils d'aide à la décision.
C'est dans ce cadre qu'il a désigné en 2012 trois sites pilotes sur la côte méditerranéenne dont un site " démonstrateur"  celui de Bandol-Sanary-Six-Fours afin d'étudier les procédures à mettre en place pour alerter la population en cas de Tsunami. Le choix s'étant arrêté sur nos communes pour leurs côtes sableuses, la présence de falaises et l'emplacement des parkings sur le front de mer.

Comment alerter la population?


Le service agenda 21 de Sanary, tout comme les services de Six-Fours et Bandol, s'est penché sur la question en fonction des données de simulation transmises par le BRGM et a préconisé la rénovation des sirènes sur le littoral ce qui rendrait l'alerte plus rapide et plus efficace car à ce jour, la commune dispose d'une sirène sur le toit de la Mairie que seul les agents communaux peuvent actionner et qui ne serait pas forcément entendue de toute la population. La propagation du Tsunami se faisant en à peine 70 minutes, la difficulté est en effet de faire remonter l'information le plus rapidement possible à la population et pour ce faire l'enjeu serait de réduire tous les maillons de la chaîne. Pour l'heure, si un événement se produisait, la ville disposerait pour prévenir le citoyen de la sirène de la mairie, de hauts parleurs sur les plages et ports, d'un véhicule de la police municipale avec mégaphone, d'un mégaphone mobile et des équipes du CCFF et des services de secours.

Informer pour protéger


« La difficulté reste aussi d'être crédible, nous explique Elodie Grezes, la responsable du service Agenda 21 de Sanary, encore faut-il que la population croit à l' alerte!» Pour cela, la ville va diffuser dans les mois à venir un document sur les risques majeurs et la conduite à tenir afin de limiter les dommages aux biens et aux personnes en cas d’événement majeur: y seront énoncés les différents aléas possibles dans notre secteur (séisme, incendie, tsunami etc...), et expliqué comment reconnaître une alerte, que faire avant, pendant et après l'événement. Des cartes visualiseront chaque risque sur notre territoire. Ce document sera mis en ligne et permettra de connaître les risques majeurs à une adresse précise.

Désormais, l'arbitrage sur les mesures à prendre pour mettre en place des outils efficaces d'alerte et de protection de la population est entre les mains de la Direction générale de la sécurité civile pour la gestion des crises. Un exercice de transmission des alertes dans les Préfectures a été réalisé en octobre. Un guide national basé sur le travail réalisé par les communes pilotes et sur celles de Martinique sera prochainement diffusé dans toutes les mairies. Mieux vaut prévenir que guérir...

Le 16 octobre 1979, un tsunami s'était abattu sur Nice et Antibes suite à un glissement de terrain dans le canyon du Var. La mer s'était retirée sur 300 mètres du rivage puis un quart d'heure plus tard une énorme vague avait déferlé sur la côte provoquant des dégâts considérables faisant 7 morts et 3 disparus.

A.I, le 13 janvier 2015