Six Fours
Une cérémonie du souvenir des déportés engagée.
En France, le dernier dimanche du mois d'avril est dédié au souvenir des victimes de la déportation. À Six-fours-les plages, la cérémonie a pris une tonalité particulière au vu des dernières actualités.
Le député maire remercie les porte-drapeaux.
Dimanche matin, le député maire de la commune Jean-Sébastien Vialatte, ses élus, et quelques citoyens, se sont rendus devant le monument aux mort pour présenter un vibrant hommage aux héros de la résistance et de la déportation durant cette journée nationale. Après la traditionnelle minute de silence observée par l'assistance, et, la marseillaise jouée par la Philharmonique, La Six-Fournaise, les voix se sont fait entendre.
"Une cérémonie tournée vers le présent et l'avenir."
La première voix est celle de Dan Boileau. Lauréat du Concours départemental de la résistance et de la déportation 2014, l'étudiant lit la lettre de François Cuzin (résistant fusillé en 1944) adressé à Jérôme Carcopino, membre du gouvernement de collaboration et directeur de Normale Sup. Les quelques mots choisis par l'auteur traduisent l'incompréhension et l'indignation. L'étudiant de l'époque exprime son refus de participer à l'exclusion des candidats au concours d'agrégation pour la seule et unique raison qu'ils sont juifs. Thierry Mas Saint-Guiral, délégué à la Sécurité, prend la parole quelques minutes plus tard pour rappeler à tous que "la cérémonie du jour n'est pas tournée uniquement vers le passé et l'Histoire, mais bel et bien vers le présent et l'avenir". Le ton est donné.
Un discours engagé.
Dominique Ducasse, adjointe à la culture et présidente du Souvenir français de Six-Fours, s'avance vers le pupitre. Entre ses mains, le discours rédigé par le député-maire. L'instant se charge en émotion quand les premières lignes lues sont des extraits du journal d'Anne Frank : « Dans mon lit au chaud, je me sens moins que rien, en pensant à mes amies les plus chères, arrachées à leurs foyers et tombées dans cet enfer. Je suis prise de peur à l'idée que ceux qui m'étaient si proches sont maintenant livrés aux mains des bourreaux les plus cruels du monde. Pour la seule raison qu'ils sont juifs. »
En cette journée nationale d'hommages aux héros de la résistance et de la déportation, le discours veut faire un parallèle avec l'actualité : "Mesdames et Messieurs, dimanche dernier de nombreux Français ont choisi d'exprimer leur colère, leurs exaspérations, parfois même leurs peurs, en choisissant une candidate d'extrême droite. Si je peux comprendre cette colère, cette exaspération, cette peur, j'exhorte les électeurs à faire le choix de la République et des valeurs qu'elle incarne de Liberté, d'Égalité, de Fraternité."
Des citoyens émus, plongés dans leurs souvenirs.
Evelyne, 72 ans, est venu assister à la commémoration pour dit-elle "représenter les membres de sa famille" qu'elle n'a pas eu la chance de connaître ou si peu. Affectée, elle ajoute dans un chuchotement: "Je suis émue car c'est l'occasion qui veut ça évidemment. Mais je suis également triste de voir qu'il y a si peu de jeunes gens qui viennent perpétrer la mémoire. Nous sommes en pleine période électorale. Le nom des candidats et des partis sont sur toutes les lèvres, pourtant ce sont des paroles vaines. Je crois que quand on prépare l'avenir, il est plus important de savoir regarder vers le passé que de s'écouter parler."
"Une République Forte et Responsable."
Le discours prend fin comme il a débuté par quelques paroles d'Anne Franck: «Tant que tu pourras contempler le ciel sans crainte, tu sauras que tu es pur intérieurement et que malgré les ennuis tu retrouveras le bonheur. Richesse, considération, on peut tout perdre, mais ce bonheur au fond du cœur, il ne peut guère qu'être voilé et il saura nous rendre heureux, aussi longtemps que l'on vivra». Avant que la foule ne se disperse, une dernière allocution du député maire résonne : "Vive Six-Fours ! Vive la République forte et responsable ! Vive la France !"