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Le 2. décembre 2014 à 16h11

Six Fours Mer et patrimoine A la villa Nuraghes, hommage aux "pêcheurs, cueilleurs du Gaou"

Encore une soirée cinéma comme on les aime, organisée par l'association Lumières du Sud.
La présidente, Mireille Vercellino, navigue avec bonheur entre le Six'n étoiles et la villa des Nuraghes pour nous proposer des soirées cinéma diverses et variées, qui ont pour dénominateur commun notre région

De gauche à droite : Ariane Picaglio, Léon Dodéro, Annie Grochowski, Frédéric Agostinetti, Mireille Vercellino

De gauche à droite : Ariane Picaglio, Léon Dodéro, Annie Grochowski, Frédéric Agostinetti, Mireille Vercellino

Ainsi, lundi soir, avec Ariane Picaglio et Annie Grochowski, nous avons découvert le film du documentaliste Hugues Philippart : "Pêcheurs, cueilleurs du Gaou" qu'il a tourné durant toute une année entre Six-Fours et le Brusc et qui avait pour but de mettre en lumière... du sud, évidemment, le travail des pêcheurs qui, d'année en année, comme le dit un protagoniste du film est "une espèce en voie de disparition".
Les deux "vedettes" du film sont Léon Dodéro, pêcheur professionnel, qui fut longtemps le chef de la Prud'hommie du Brusc et Frédéric Agostinetti, l'un de ces derniers pêcheurs, qui a racheté le pointu de Léon, le Magali.
Hugues Philippart a ainsi filmé Frédéric dans son travail de tous les jours, rencontré Léon Doséro qui, à 80 ans passés a bon pied, bon oeil et la faconde bien provençale que Pagnol aurait adoré !
Durant le démaillage des filets, ont les voit donc à l'œuvre et racontant leur vie de labeur et de passion mais le réalisateur est allé aussi parler aux chercheurs de l'Institut Paul Ricard et des universités de Nice et de la Ciotat.
D'une cinquantaine de pêcheurs après-guerre, aujourd'hui ils ne sont plus qu'une poignée qui n'atteint même pas la dizaine, contre... 4.000 plaisanciers qui, s'ils enrichissent la ville, compliquent la vie des pêcheurs qui sont, comme le dit Léon, avec nostalgie mais aussi son humour ensoleillé "Nous sommes comme les Indiens... bientôt on nous enverra des cacahuètes dans un zoo !".

Pourquoi ce métier de pêcheur
est en train de s'éteindre ?


D'abord parce qu'il y a de moins en moins de poisson et ce, pour de multiples raisons qui vont des pêches sauvages au climat et à la pollution, d'où moins de pêcheurs, métier devenu de plus en plus difficile à pratiquer.
Ceux qui restent, font avec foi et passion ce métier, qui se transmettait souvent de père en fils, ce qui n'est plus aujourd'hui possible au vu de lois nouvelles dont l'interdiction d'avoir une autre personne à bord de peur que ce ne soit du travail dissimulé... Alors, comment passer ce métier à quelqu'un sans qu'il le vive de l'intérieur ?
Voilà comment des lois non concertées et un manque de dialogue entre pêcheurs, gestionnaires et scientifiques amènent un métier millénaire à s'éteindre.
Et pourtant, quel plaisir de voir arriver au petit matin la pêche du jour aux couleurs irisées qui vont du rouge au mordoré en passant par l'argent !
Mais, constate Frédéric, aujourd'hui, il n'y a que certains poissons qui sont vendus car si les anciens savaient cuisiner, les gens maintenant préfèrent le poisson qui se rapproche le plus du Findus !
Le volubile Léon Dodéro, explique que les 48 patrons pêcheurs d'alors et leurs marins, étaient chaque semaine tirés au sort quant au choix des postes où ils pourraient pêcher car il y avait des lieux plus ou moins poissonneux et ainsi chacun avait sa chance. Aujourd'hui, les cinq pêcheurs restants travaillent seuls et font, non pas ce qu'ils veulent mais ce qu'ils peuvent.

Environnement et patrimoine


Les images d'Hugues Philippart sont celles de cette Provence que l'on aime et qu'il aime puisqu'il a passé son enfance à Portissol et que, continuant à y venir en vacances, il y est toujours aussi attaché. Absent hélas pour raisons professionnelles, c'est son amie Annie Grochowski qui nous explique qu'il a voulu témoigner de son amour pour cette région, pour parler d'un métier qui est en train de s'éteindre doucement mais encore pour montrer qu'il y a urgence de sauver écologiquement cet environnement, ainsi qu'un patrimoine.

C'est un engagement citoyen et on ne peut que féliciter Hugues Philippart de nous avoir offert ce film (qu'on peut trouver en DVD et qui est passé sur France 3). Les personnes présentes ont beaucoup regretté son absence et auraient aimé leur dire combien ce film les a touchés, leur a fait plaisir aussi car il leur a permis de mieux connaître un métier finalement mal connu dont "nos derniers survivants" forcent l'admiration... et nous prouvent qu'ils sont aussi d'excellents comédiens tant ils crèvent l'écran avec leur accent et leur naturel !

, le 02 décembre 2014

Autres photos:

Mireille Vercellino Ariane Picaglio et Annie Grochowski Nos deux "vedettes" : Léon Dodéro et Frédéric Agostinetti
Mireille Vercellino