Conférence de Jean-Sébastien Vialatte
Jean Sébastien Vialatte, outre ses mandats de député-maire, est responsable d’un laboratoire d’analyse de biologie médicale. Il s’est donc penché naturellement sur des problématiques liées à la santé.
Membre de l’OPECST (Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques), il est chargé d’établir en 2004, avec le député socialiste Alain Clayes, une évaluation de la loi bioéthique de 2004 et sera co-auteur du rapport « la loi bioéthique de demain ».Durant cette mission, les deux parlementaires ont organisé des auditions publiques sur les sciences du vivant (novembre 2007), les neurosciences (mars 2008), les techniques de procréation médicalement assistée (juin 2008) et les cellules souches (2009). Le 22 juillet 2008, Jean-Sébastien Vialatte est nommé vice-président de la mission d’information parlementaire sur la révision des lois bioéthiques. Il est chargé de dresser le bilan de la législation actuelle issue des lois du 29 juillet 1994 et du 6 août 2004. D’autre part il doit se pencher sur les problèmes éthiques et juridiques que posent les évolutions récentes des connaissances scientifiques, afin de préparer la nouvelle loi de bioéthique qui entrera en vigueur en 2011. Des sujets complexes sont abordés comme l’assistance médicale à la procréation, les droits de la personne et les caractéristiques génétiques, les recherches sur l’embryon, le clonage à fin thérapeutique… . Des sujets qui nous concernent tous et qui méritent des lois claires, compte tenu des dérives possibles.
La conférence a captivé le public
Organisée par Dominique Ducasse, adjointe déléguée à la culture, cette soirée a permis de faire un point sur les enjeux de cette loi et de réfléchir sur les différentes questions soulevées. Des élues de l’aire toulonnaise et des citoyennes de tous horizons étaient invitées à cette occasion. Le sujet portait sur « le corps des femmes ». Jean Sébastien Vialatte a évoqué les techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP) : Instrumentalisation du corps féminin, incitations à la maternité à tout prix, risque des dérives eugénistes ou instrument de libération ? Il a tenu à souligner que « seule une information de qualité » permettrait déjà de choisir en toute liberté. D’autre part, il faut être conscient que, après 30 ans, la fertilité chez les femmes décroît et entraîne des risques. Chez les hommes, le problème se pose plus tardivement. Le député, dénonçant le danger de marchandisation du corps humain, citait l’exemple de certaines dérives en Californie.
Hommes et femmes ne sont pas tout à fait
égaux face aux avancées de la science
Dans un premier temps, Jean-Sébastien Vialatte a souligné que les femmes étaient confrontées à maintes difficultés : « quand un couple est infertile, c’est généralement d’abord la femme qui consulte, ce qui lui vaut de subir bien des examens médicaux avant que l’on ne s’interroge sur une possible infertilité masculine ». Et de citer les « désagréments et déceptions » liées aux techniques d’assistance médicale à la procréation, les interruptions volontaire ou médicales de grossesse. En résumé, la femme est toujours en première ligne, et doit également affronter les contraintes normatives de notre société.
L’assistance médicale à la procréation, quels enjeux ?
Comme le souligna le député, « ces techniques d’assistance médicale à la procréation sont parfois présentées comme des solutions miracles et libératrices », oubliant « qu’elles sont contraignantes physiquement et psychologiquement pour les femmes qui doivent y recourir ». Chaque année, 6.000 enfants naissent après AMP, sur plus de 700.000 naissances. Un couple sur six consulte pour des problèmes de fertilité. En France, l’AMP est réservée aux couples hétérosexuels, mariés ou en mesure d’apporter la preuve d’une vie commune d’au moins deux ans, en âge de procréer. Ils doivent êtres vivants et unis. Le député préconise l’ouverture à l’AMP pour les femmes médicalement infertiles et déplore que « le transfert d’embryon post mortem soit interdit en France dès lors que l’époux ou le compagnon d’une femme en parcours AMP y a expressément consenti. Pourquoi ajouter le deuil au deuil ? ».
Beaucoup de problèmes se posent
Jean-Sébastien Vialatte a longuement évoqué les dons d’ovocyte et souligna les difficultés pour les donneurs : « si la future donneuse d’ovocyte travaille, elle doit s’absenter, demander des jours de congé. Ceci n’est pas simple ». D’autre part, le délai d’attente avoisine les deux ans et de nombreuses associations regrettent le manque de structure d’accueil. On constate ainsi que de nombreuses femmes se rendent en Espagne où le don s’effectue plus rapidement, car le don est rémunéré. Sauf que le conférencier nous apprend que, bien souvent, ces dons proviennent en fait de jeunes femmes de pays de l’Est et il pointe les dangers de marchandisation de son corps. L’autre probléme concerne l’anonymat des dons de gamètes, sachant que sa levée a été préconisée par l’OPECST, le Conseil d’état et l’Agence de la biomédecine sur le fondement de l’égalité d’accès aux origines.
Un autre point intéressant fut évoqué, à savoir la gestation pour autrui, interdite en France. Le député a expliqué ne pas souhaiter la levée de cette interdiction car « une grossesse n’est jamais anodine », et souleva plusieurs questions : « On manque de recul sur le devenir des familles de gestatrices. Les risques de frustration des couples intentionnels demeureront quoi qu’il en soit. »
Pour des informations plus détaillées, se reporter au site du rapport de la mission :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i2235.asp