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Le 14. août 2010 à 16h45

Six Fours Société La pêche récréative et sportive encadrée

Depuis début juillet le pêcheur du dimanche à la canne ou le plaisancier sont invités à se déclarer auprès des affaires maritimes. Nous avons rencontré des plaisanciers de deux associations à la Coudoulière.

Jean-Marie Destefani, des "gens de la mer des ports de la Coudoulière et de la Méditerranée".

Jean-Marie Destefani, des "gens de la mer des ports de la Coudoulière et de la Méditerranée".

Début juillet le ministère de l'écologie, du développement durable et de la mer ainsi que le ministère de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche ont signé avec les différents protagonistes du secteur de la pêche une charte d'engagements et d'objectifs pour "une pêche maritime de loisir éco-responsable". Cette décision fait suite aux débats menés lors du "Grenelle de l'environnement et de la mer”. Cette charte comprend six articles allant de la lutte contre la fraude à la déclaration de l'activité de pêche maritime de loisir. Dans le préambule, les justifications de cette charte apparaissent: "il est essentiel, pour maintenir les équilibres environnementaux et assurer la durabilité de la pêche de loisir, de sensibiliser tous les pratiquants aux enjeux écologiques". Mais, à côté de ce constat unanimement partagé par les signataires, des points soulèvent des interrogations. Le premier renvoie à l'engagement n°26 du Grenelle de la mer: "sur la base d'une évaluation au bout de deux ans, vérifier l'opportunité de mettre en place un permis de pêche embarquée, sous marine et du bord". Le second renvoie à l'engagement n°27a du Grenelle: "marquer le poisson pêché dans le cadre de la pêche de loisir par une encoche sur la nageoire dorsale ou caudale en vue d'éviter la vente illégale sur les étals ou dans les restaurants".
Tous les pêcheurs, occasionnels ou non, sont invités à se déclarer auprès des affaires maritimes, mais il n'y a pas encore d'obligation: ce texte n'a pas valeur de loi.

Le point de vue des plaisanciers


L'association des gens de la mer des ports de la Coudoulière et de la Méditerranée connaît bien ce sujet, car elle pratique pêche sportive et récréative. Jean-Marie Destefani, nous expliquait: "nous n'avons pas attendu ce texte pour connaître les mailles à respecter. Avec notre école de pêche, nous spécifions bien les tailles de poisson réglementaires. D'autre part les braconniers sont bien connus. Je ne saisis donc pas tous les enjeux de cette charte même si, dans le fond, nous partageons les constats dressés par le Grenelle de l'environnement et de la mer. D'ailleurs notre fédération fait partie des signataires de la charte." Est-ce que les agents des affaires maritimes seront plus nombreux pour mener à bien leur mission ? Rien n'est moins sûr car l'heure n'est plus à l'augmentation des effectifs. L'autre point reste "le marquage des produits de la pêche maritime de loisir". Afin que le poisson ne termine pas illicitement à la vente, il faudra le mutiler. Les pêcheurs du dimanche risquent de vite se lasser de ce casse-tête: "Lorsqu'on sort, le poisson récolté est partagé avec les amis, et on le mange. Voilà, on ne fait rien de mal, on respecte la réglementation. Je vois mal les pêcheurs à la canne occasionnels se soumettre à cela" nous dit Jean-Marie Destefani. Il nous fit part aussi de la crainte de nombreux adhérents qu'un amalgame s'opère entre plaisanciers et braconniers car les raccourcis sont vite dressés aujourd'hui. Bernard, membre de l'association des plaisanciers "sports et loisirs nautiques" pratique assidûment la pêche loisir: "je trouve l'idée de cette charte très bien. Je constate que de nombreux plaisanciers ne respectent pas la taille réglementaire des poissons. Il faut que les usagers de la mer prennent conscience de la nécessité de préserver l'environnement marin. Je vois aujourd'hui des moulinets électriques qui permettent de prendre du poisson dans des zones où ces derniers pouvaient évoluer tranquillement auparavant. Peu d'usagers respectent les périodes de reproduction. A titre personnel, il s'agit du plaisir de la canne et je relâche 80% du poisson pêché". Toutefois, Camille Gibelin (président) et Bernard sont sceptiques sur la mise en place de cette charte: "qui va la mettre en application? Nous doutons de son efficacité". Doit-on aussi parler des bénéfices que pourrait tirer l'Etat si un permis de pêche était délivré à terme? Une enquête relative à la pêche de loisir française, réalisée par l'IFREMER et BVA entre 2006 et 2008 évaluait à "2,58 millions le nombre de personnes de 15 ans et plus ayant pratiqué la pêche de loisir en mer en 2005".

D.D., le 14 août 2010

Autres photos:

Camille Gibelin avec l'équipe des plaisanciers "sports et loisirs nautiques" L'école de pêche de Six-Fours
Camille Gibelin avec l'équipe des plaisanciers "sports et loisirs nautiques"