Le 25. mai 2013 à 16h51
Six Fours
Handicap
Un enfant autiste encore menacé d'exclusion scolaire
Jean-Marc Bonifay à gauche (APACA) et Laurent Genna, papa de Brandon devant l'école Eugène Montagne à Six-Fours.
Etre parents d'enfants "différents" n'est pas une sinécure, surtout avec un certain monde médical ou scolaire. Pour les parents de Brandon âgé de 7 ans et présentant des symptômes autistiques, rien ne laissait présager une si mauvaise nouvelle: "tous les parents d'enfants handicapés participent deux à trois fois durant l'année à une réunion avec une équipe pédagogique". Pour Brandon, ce fut en février dernier en présence notamment des professionnels qui le suivent (psychologue, orthophoniste, éducatrice spécialisée...) ainsi que des personnalités centrales pour les décisions à prendre avec l'enseignant référent, le médecin scolaire et la psychologue scolaire. Laurent nous racontait: "On a décidé de le mettre en CLIS cette année, même si à la base on souhaitait plus une voie dite "normale". Mais au final l'année s'est très bien passée avec son enseignante et la directrice qui est très bien. Il progresse et surtout on voit qu'il a envie d'aller à l'école". Preuve à l'appui, Laurent nous relatait cette fameuse réunion avec l'équipe pédagogique: "franchement, même si tout n’était pas parfait, les retours étaient très positifs, et je peux vous dire que j'étais détendu, car d'habitude ces réunions sont bien plus une épreuve pour les parents. Jamais on aurait pensé aujourd'hui en être là, c'est un coup de poignard dans le dos".
Car visiblement le rapport rédigé suite à cette réunion ne correspond en rien aux discussions entendues, et aux sentiments de Laurent: "on a reçu ce vendredi une lettre de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH)" où il est spécifié que son cas "relèverait d'une scolarisation en établissement médico-social type IME". Pour couronner le tout, les parents ont 15 jours pour contester cette proposition, et même s'ils refusaient, "la commission de droits et de l'autonomie de la personne handicapée" prendrait seule "la décision".
Des parents indignés
Pour les parents de Brandon, mettre leur enfant dans un institut est inconcevable: "notre petit est déjà suivi par un pédopsychiatre, il est suivi par un ensemble de professionnels, fait partie du lieu d'accueil d'Autisme PACA, et même la MDPH avait approuvé l'an dernier le dispositif de suivi de notre petit. Il est pour nous hors de question de déscolariser notre enfant, il avait en plus fait un séjour quand il était petit dans un hôpital de jour, cela avait été une catastrophe". Mais le clou de l'histoire c'est que cette lettre se base en fait sur l'amendement 274 validé en février dernier qui permettait à l'équipe éducative de réorienter l'enfant sans l'accord des parents. Or face à l'indignation des associations, cette amendement n'existe plus, et mieux, les parents ont vu leurs droits renforcés, encore faut-il le savoir et que les instances décisionnaires l'appliquent...
Autisme PACA prêt à aller au combat
Jean-Marc Bonifay, président d'APACA, ne cachait pas son indignation et son sentiment de révolte, s'interrogeant: "est-ce que cette décision résulte d'une directive de l'inspection d'académie ou s'agirait-il de cas isolés mais répétés d'équipes éducatives zélées?". Puis de poursuivre: "on ne va pas laisser cet enfant se faire exclure de l'école pour être enfermé entre 4 murs psychiatriques contre la volonté des parents". Ce dernier s'appuyant sur les derniers articles de loi où il est spécifié que l'école se construit avec la participation des parents, de la nécessité de "scolariser les élèves en situation de handicap et promouvoir une école inclusive". Concrètement Jean-Marc Bonifay va joindre une lettre à la MDPH (que nous avons lue), et entend faire remonter ce cas au niveau national, tant à ses partenaires associatifs qu'à l'Elysée: "c'est le troisième cas que nous traitons cette semaine, imaginez l'état des parents! Imaginez aussi les parents qui ignorent leurs droits et qui ne sont pas au courant de la disparition de ce fameux amendement qui donnait tout pouvoir aux équipes éducatives. On est prêt au minimum à manifester et à aller en justice, nous irons aussi loin et aussi longtemps qu'il le faudra".
La seule solution envisageable pour Jean-Marc Bonifay étant que Brandon n'aille pas en IME, "qu'il puisse aller sereinement dans l'école de son quartier dans la CLIS où il suit déjà sa scolarité". Cette fameuse commission statuera le 13 juin, et inutile de dire que son verdict sera très attendu par Autisme PACA. En attendant, Laurent et Stéphanie auront tout le temps de ronger leur frein et de traverser une nouvelle épreuve dont ils se seraient largement passés.
D.D, le 25 mai 2013
Extrait de la lettre de la MDPH.