En amont, c'est une belle rencontre qui s'est opérée à la maison du Cygne: d'un côté le Pôle Artistique avec Dominique Baviera et Jean-Sébastien Belloco et de l'autre, Céline Renou éducatrice spécialisée au SESSAD (Service d'éducation spécialisée et de soins à domicile). Rencontre qui a permis de faire naître les premiers ateliers artistiques du genre dans ce lieu bucolique.
Le cœur du projet ce sont des enfants présentant une déficience intellectuelle qui réalisent une aquarelle guidés par Roger Boubenec.
Dans les jardins odorants de la Maison du Cygne, les enfants ont tout d'abord regardé, touché, senti les fleurs alentours. Une façon ludique et progressive de les introduire à la nature et de les imprégner des couleurs, des formes et des odeurs. Puis, placé face à de grandes planches à dessin, chacun a esquissé au crayon sa fleur: fleur surréaliste, imaginaire, fleur bonhomme, fleur fragile, fleur énorme ou minuscule.
Les efforts sont immenses pour tracer le trait et coucher sur le papier ce qu'ils ont au fond de leur cœur. Il y a en eux quelque chose d'irrationnel, cette étincelle que nous, nous avons perdue à force de toujours vouloir coller nos émotions à la réalité. Les enfants eux, n'ont aucune barrière: une fleur ne ressemble pas forcément à une fleur sur le papier, mais dans leur tête c'est une fleur!

Un atelier extraordinaire

Une fois la fleur dessinée, on met de l'eau tout autour, beaucoup d'eau, pour faire le fond. Ensuite on ajoute de la couleur que l'on fait ruisseler sur le papier. Pour donner un peu de relief, on fait des projections avec son pinceau. Puis on pose la couleur dans la fleur. Et pour lui donner plus de force, on souligne ce que l'on veut montrer avec un pinceau fin.
Le résultat est saisissant, surprenant, d'autant plus que l'on n'obtient pas forcément ce que l'on avait imaginé au départ. C'est une vraie leçon de vie pour ces enfants et pour nous tous: nous ne maîtrisons pas les ruissèlements des pigments sur le papier, la fleur évolue au fur et à mesure que l'aquarelle sèche et nous sommes bien obligés d'accepter les petits incidents ou les erreurs, et de passer outre. «  Ce constat -celui de ne plus « maîtriser » - balaye nos préjugés mais parle à ces enfants pas comme les autres qui ont des qualités singulières: une initiative de pensée, le goût de l'harmonie, l'absence de rationalité dans leur esprit » nous dit Roger Boubenec.
Ils ont entre 11 et 15 ans et Roger Boubenec les accompagne techniquement avec douceur depuis deux ans. C'est avec une douceur plus affective encore que Céline Renou, leur éducatrice, les guide sans jamais les bousculer vers l'autonomie, la confiance en eux, l'initiative personnelle.
Dans cet atelier extraordinaire les enfants laissent libre cours à leur imaginaire et à leurs désirs avec une spontanéité déroutante! Les dessins sont délicats, lumineux et comme en joyeux mouvement. Ils semblent parler du bonheur, peut-être celui tout simple d'être là. C'est sans doute le plus beau cadeau qu'ils font à leurs accompagnants.
Roger Boubenec expose à partir du 9 octobre, Galerie Barthélémy de Don à Sanary (vernissage à 17h 30). A cette occasion il présentera son travail sur le thème des « Enfants du monde » et dévoilera la grande toile sur laquelle il a peint les visages de chacun des enfants de cet atelier.
A ne pas manquer!

Roger Boubenec, imprègne les enfants tout d'abord des couleurs, des formes et des parfums.