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Le 1. juillet 2014 à 11h30

Six Fours Cinéma Six N'Etoiles au fil d'Ariane

"Au fil d'Ariane" est le tout dernier film d'un réalisateur qu'on aime beaucoup dans le Midi, qui sans faire des scores spectaculaires, a un public qui ne le lâcherait pour rien au monde, qui le suit pas à pas dans ses pérégrinations cinématographiques : Robert Guédiguian.

Ariane Ascaride et Gérard Meylan

Ariane Ascaride et Gérard Meylan

Depuis 1980, date de son premier film "Dernier été", il suit une route droite à travers 18 films qui tournent toujours autour "des petits, des sans grades", dans ce lieu marseillais dont il a fait le centre du monde : l'Estaque. Et parcours unique dans les annales du cinéma français, ce réalisateur, scénariste et producteur couvert de prix et de récompenses (Rappelez-vous "Marius et Jeannette") est toujours entouré de la même équipe technique, et des mêmes comédiens dont sa femme, Ariane Ascaride, Jean-Pierre Daroussin et Gérard Meylan.
Ce dernier, accompagné du monteur de Guédiguian, Bernard Sasia, étaient lundi soir au Six n'toiles, les invités de Mireille Vercellino et André Ollier, qui oeuvrent avec passion pour leur association "Lumière(s) du Sud", pour présenter "Le fil d'Ariane", en présence de Mme Dominique Ducasse, adjointe à la culture.
Un film quelque peu différent de ses autres films souvent tournés sur des sujets graves, politiques ou sociaux, n'oublions pas qu'il est et restera un militant communiste. Mais des films toujours tournés vers l'espoir, malgré la dure réalité des "pauvres gens" avec une grande humanité. Ici il nous offre à la fois une oeuvre plus légère, quoique encore très profonde, un film drôle empreint d'une grande poésie où son épouse, sa muse est le centre de l'histoire, la lumineuse Ariane Ascaride, qu'il filme avec amour et qui ,je crois n'a jamais été si belle. Il y a même une scène dans laquelle elle chante et montre une plastique impeccable !

L'histoire


C’est le jour de son anniversaire, Ariane est plus seule que jamais dans sa jolie maison.
Les bougies sont allumées sur le gâteau. Mais les invités se sont excusés, le mari est en voyage d'affaire, les enfants en vacances… Personne ne viendra..
Alors elle décide de partir à l'aventure en voiture. Et à partir de là, une série de malheurs va lui tomber sur la tête. Jusqu'au moment où elle va découvrir un havre de paix au milieu de gens simples, qui ont tous des problèmes mais qui les vivent au soleil, comme tout le monde à l'Estaque. Le film part sur les chapeaux de roues avec quelques scènes déjantées, peu à peu la folie fait place au calme retrouvé, à une certaine sérénité... et nous laisse découvrir une fin inattendue. Tout cela sur fond de musiques classiques et d'un Jean Ferrat omniprésent (of course) mais dont les bribes de chansons épousent les scènes du film.
C'est dépeint, comme toujours avec Guédiguian, par petites touches impressionnistes et, autour d'une histoire qu'ils vivent au jour le jour, l'on découvre des gens à la fois simples et généreux, qui partagent le peu qu'ils ont, qui s'entre aident et qui s'aiment. Tout simplement.
Un film dont on sort rasséréné, heureux d'avoir vécu un instant de vie de tous ces personnages qui nous sont familiers, ni tout à fait autres, ni tout à fait les mêmes, qu'on aimerait avoir pour amis.

Gérard Meylan


"C'est vrai que ce film est différent des autres films de Robert Guédéguian car il est plus léger mais il reste dans le droit fil de ses préoccupations sociales et il pose toujours des questionnements : qu'est-ce qu'un rêve, qu'en fait-on ? Et en tirant le fil d'Ariane on découvre le charme de l'humanité. Et de la fraternité, plus encore que la liberté et l'égalité.
Dans ce film, Ariane est moins vindicative et montre un côté doux, candide, toujours prête à aider les autres. C'est un film d'émotion où Robert a laissé aller ses acteurs un peu plus que d'habitude, révélant peut-être plus leur personnalité, leur réalité.
Robert dit que ce film ne fait pas référence mais tire sa révérence à tous les gens qui ont marqué sa vie comme Ferrat, bien sûr mais aussi comme Tchekhov ou Pasolini ou encore Fellini. Mais il fait aussi référence à ses propres films.
C'est vrai qu'avec Robert et Ariane, on ne se quitte jamais. On est plus qu'une troupe : on est une famille qui a vu grandir chacun de nos enfants dont on est parrain ou marraine et aujourd'hui grands parents ! Si, dans ses films, au cours du temps, on nous voit vieillir, il y ajoute toujours des comédiens qui seront la relève de cette troupe.
Notre aventure dure depuis 1980 et peu de réalisateurs ont ainsi tenu le coup avec toujours les mêmes personnes. C'est un système très vivant".

Bernard Sasia


"Je suis monteur de ses films depuis ses débuts mais j'aime prendre du recul entre deux de ses films, faire d'autres films. Nous nous fréquentons peu en dehors du travail car j'aime pouvoir me régénérer. Ce sont donc des rendez-vous ponctuels lorsque le film est fini. Je viens rarement sur ses tournages car j'aime découvrir le film avec un oeil neuf, sans me préoccuper de ce qui a pu se passer durant le tournage. Mais je tiens à être le premier spectateur !
Robert prend beaucoup de temps au montage, souvent plus de temps que pour tourner car il est méticuleux, il se donne du recul et du temps de réflexion pour réécrire certaines séquences, changer leur ordre, adapter la musique adéquate car pour lui la musique est importante même si ce sont toujours des musiques connues, signifiantes, rarement des musiques originales. On écoute beaucoup de CD, on s'amuse, on essaye pour chercher ce qu'on va mettre sur telle ou telle scène. Il compose des phrases avec des mots qu'il connaît et les assemble de manière différente.
En fait, un auteur raconte toujours la même histoire : celle de l'humanité, ses préoccupations sont toujours les mêmes : l'amour, la mort, les femmes. mais le talent de Robert est qu'avec les mêmes ingrédients, à chaque fois il nous présente une histoire différente qui va droit au cœur du spectateur. Tous ses films ont une originalité mais font partie intégrante d'une oeuvre véritable basée sur l'humanité."

L'Estaque


Après cette projection et ces belles rencontres, Erick Carrière et son épouse nous recevaient dans leur beau "resto du ciné", alias la table d'hôtes des vignobles de Provence, et la conversation se poursuivait avec les spectateurs encore sous le charme de ce beau film tourné entre le Frioul et l'Estaque. L'Estaque qui est le lieu de rendez-vous de tous les films de Guédiguian et le lieu où habite Gérard Meylan :
"J'ai fait le tour du monde, j'ai vu des paysages grandioses, mais je reviens toujours vers l'Estaque. C'est vrai, je l'ai vu changer, les usines de briques ont disparu, peu à peu les gens sont venus s'y installer, faisant construire des villas, rachetant les cabanons à prix d'or. Mais, si, par la force des choses, la population s'est modifiée, ça s'est fait en douceur. Et l'Estaque reste un lieu magique".
D'autant plus lorsqu'il est filmé avec cet amour que Robert Guédiguian lui porte !
Merci à l'association "Lumière(s) du Sud" de nous faire vivre de si jolis moments de cinéma avec de beaux films et de belles personnes.
Nous la retrouverons dès la rentrée... pour de nouvelles aventures !

J.B, le 01 juillet 2014

Autres photos:

André Ollier et Mireille Vercellino Dominique Ducasse Bernard Sasia Gérard Meylan
André Ollier et Mireille Vercellino