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Tous deux, très marqués par ce livre, ont la chance de pouvoir rencontrer Howard Zinn avant qu'il ne meure en 2010. Ils ont ainsi pu enregistrer quelques entretiens. Après cela, il fallait monter un film à partir d'un livre foisonnant d'histoires dans l'Histoire.
Ils l'intituleront "Howard Zinn, une histoire populaire des Etats-Unis".
Car Howard Zinn, immigré Juif, historien, politologue et professeur des Sciences politiques, aborde l'histoire de l'Amérique depuis Christophe Colomb, mettant en lumière les minorités, les petits, les oubliés, les opprimés comme les déserteurs, les Indiens, les esclaves et le nombre incalculable d'ouvriers, d'ouvrières, de syndicalistes morts durant les différentes grèves... Et la participation de Noam Chomsky, philosophe et Chris Hedges, jouraliste, correspondant de guerre, tous deux également américains.
Il parle aussi des figures emblématiques qui ont lutté pour la liberté de tous ces gens, tels Mother Jones, Joe Hill, Emma Goldman.
Il fait un portrait sans concession du capitalisme qui s'est enrichi sur le dos de tous ces gens et durant les guerres et les conflits.

Le chasseur de lapins

De tout cela il fallait faire un film. Dure tâche à laquelle Azam, Malet et quelques autres dont Laure Guillot, créateurs de la Coopérative Les Mutins de Pangée, ont consacré près de sept ans, car il fallait trouver des documents pour accompagner les écrits de Zinn, ce chasseur de lapins car, disait-il "Tant que les lapins n'auront pas d'historiens, l'histoire sera racontée par les chasseurs". Et s'il a débusqué les lapins, il a traqué les chasseurs.
Il faut savoir qu'il a participé au premier bombardement au napalm sur la ville de Royan alors qu'il était soldat et que ce jour-là, il en a gardé une horreur rétrospective de la guerre.
Travail de Titans donc, de patience, d'efforts, aidés en cela par la fille d'Howard Zinn qui leur a ouvert toute la documentation de son père, travail dans les archives pour trouver l'image adéquate et parlante de ces écrits.
Mais le film est né... et ce n'est que le premier d'une série de trois tant ils ont pu récolter d'images, de documents, de témoignages.

Un éternel recommencement

Ce premier volet s'intitule donc "Du pain et des roses". Il parle de tous ces migrants venant d'Europe croyant trouver leur Eldorado. Et lorsqu'on voit ce film on ne peut pas ne pas penser à la situation d'aujourd'hui. Les pays ont changé, l'histoire reste la même, comme quoi la vie dans le monde est un éternel recommencement et les leçons ne servent pas à grand chose.
Ce film, Olivier Azam et Laure Guillot sont venus le présenter aux Six n'étoiles, accompagnés de Jacques Girault, historien seynois, devant des représentants de la Ligue des Droits de l'Homme et de l'association Attac Var, et Noémie Dumas qui, quoique animatrice du cinéma , a été stagiaire sur le film !
Ce film nous présente une autre Amérique, la vraie, la profonde, celle qui a vu souffrir et mourir des millions de gens pour une liberté chèrement payée et toujours en équilibre.
Nous pourrions retenir ce mot d'Emma Goldman, immigrée russe, anarchiste, féministe qui a combattu dans la lutte sociale pour le droit des femmes entre autres :
"Je veux la liberté, je veux que chacun ait le droit de s'exprimer et que chacun ait accès aux choses belles et radieuses"
Vœu pieux et utopiste qu'elle et beaucoup d'autres auront - et ont toujours - du mal à faire entendre.

Noémie Dumas, Jacques Girault et Olivier Azam