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Le 10. janvier 2012 à 22h57

Sanary Patrimoine La Tour Romane va s'enrichir de nouvelles pièces provenant de fouilles sous-marines près des Embiez

L'association Jason Archeo Sub a entrepris en octobre des fouilles archéologiques sous-marines autour des Embiez. Plusieurs amphores ont été remontées, l'occasion de soulever un pan d'histoire...

Charly Hourcau travaille autour des amphores retrouvées en octobre. Numérotation, dessin, datation...puis direction la Tour Romane à Sanary.

Charly Hourcau travaille autour des amphores retrouvées en octobre. Numérotation, dessin, datation...puis direction la Tour Romane à Sanary.

Au commencement il y a l'association Jason Archeo Sub de Charly Hourcau et de son fidèle ami Henri Gandon, deux plongeurs passionnés par l'archéologie sous marine et tout aussi passionnants. Pour parfaire le tableau il y a la Direction des recherches archéologiques sous marines (DRASSM) qui a signé une convention avec la commune de Sanary pour permettre d'exposer les pièces antiques au public à la Tour Romane, en lien avec le musée Frédéric Dumas: "si la commune de Sanary ne s'était pas intéressée à nos recherches, certaines pièces seraient dans des cartons à Marseille" précisait Charly.
Depuis 1998 l'équipe de Jason archeo sub effectue des recherches "dans les eaux six-fournaises".
Un petit tableau s'impose pour saisir la richesse de ce patrimoine local, attestant de la présence des Grecs et des Romains au Brusc et ses alentours. De la fin du 5ème au début du 4ème siècle av JC des fouilles terrestres ont permis de mettre à jour la présence d'habitat groupé fortifié probablement grec au lieu dit Le Mourret (avant le Mont Salva). Autre habitat fortifié trouvé du côté de la Citadelle (parking actuel), et un aqueduc passant par l'avenue des palmiers et terminant à l'ancien bar le Mistral: "on n'imagine pas la richesse locale! il reste tellement de choses à découvrir, à explorer comme la nécropole".
Autre site, celui des Embiez, qui ne se présentait pas de la sorte avant car il s'agissait d'un amas de petites terres: île Saint Pierre, île de la Tour fondue, île du Gaou...Des fouilles terrestres ont été effectuées autour des années 70 sur l'île de la Tour Fondue (là où se trouve le Canoubié) et, aujourd'hui, les fouilles archéologiques sous marines ont mis à jour des "trésors", comme les fameux ossements de l'homme du Canoubié retrouvés en 2003 et autres amphores... Bien qu'il n'y ait pas trace d'un port, visiblement sur ce site les bateaux étaient présents, peut-être pour se mettre à l'abri, faire du commerce...Les plongeurs locaux connaissent en tout cas bien ces sites, et les découvertes ont été très nombreuses depuis des décennies, grâce en premier lieu à Frédéric Dumas, un des pionniers de ces recherches archéologiques sous marines. On se souvient aussi que Gérard Loridon avait découvert des tuiles Massaliètes autour du Rouveau. Aujourd'hui Jason archéo sub fait partie des très rares associations varoises à effectuer ces explorations sous marines, et heureusement que ces passionnés sont là.

L'enjeu des fouilles d'octobre


Comment connaître la vie à cette époque ? Ces recherches sous marines permettent de mieux saisir les enjeux, le commerce, les modes de vie. Mais le chantier est énorme. En octobre la DRASSM, intéressée de poursuivre les recherches sur le site et ses alentours, a permis à l'association de faire des fouilles qui se sont effectuées d'ailleurs avec des stagiaires du club de plongée Six-Fournais: "on a trouvé des amphores, de nombreuses pièces, mais on reste cantonné à trois mètres de profondeur. Cela montre au moins qu'il n'y avait pas que des pêcheurs mais bien d'autres activités. La difficulté est que la visibilité sous l'eau est pratiquement nulle et on ne peut aller dans certains endroits à cause des posidonies mortes. Le prochain projet sera de pouvoir découper ces étendues, ce qui sera assez minutieux, afin de se rendre dans des zones encore inexplorées" expliquait Charly. Ces recherches permettent de soulever de nouvelles questions, comme la présence de galets et de pierres qui n'ont pas grand chose à faire sur ce site car les mêmes ont été retrouvés à Marseille. Pourquoi? Autre question: Pourquoi certaines amphores sont-elles intactes? Y avait-il un entrepôt qui aurait fini à l'eau, une épave...? Pour l'instant aucune réponse. Mais des curiosités dont le mystère a pu être percé grâce à des recoupements: "certaines amphores retrouvées étaient constituées par la même matière utilisée par les Espagnols à l'époque. Au départ on se demandait si c'était possible que ce soit des amphores espagnoles. Mais en lisant on s'est rendu compte que lorsque Marseille commençait à péricliter autour du 1er siècle av JC, on y copiait les amphores espagnoles pour y mettre le vin".
Autre chantier du côté du sud du Grand Rouveau, là où Pierre Blanchard avait signalé la présence d'un jas (partie d'un ancre) remonté depuis. Et rebelotte: un autre jas a été remonté en novembre par Charly et son équipe, suggérant la présence probable d'une épave dans le coin. Cela pourrait s'avérer très intéressant.
En attendant Charly et son équipe travaille à terre, se documentant, dessinant et datant toutes les pièces remontées que l'on pourra voir à la Tour Romane. Ce travail de titan effectué par des amateurs avertis permettra de remonter l'histoire et peut-être, un jour, établir un tableau complet de cette zone à l'époque antique.

D. D, le 10 janvier 2012

Autres photos:

Un jas remonté en novembre du côté du Rouveau. Ici l'équipe du club de plongée six-fournais.
Un jas remonté en novembre du côté du Rouveau.