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Le 4. avril 2013 à 23h46

Sanary Mouvement social La grève a été reconduite par les salariés de la blanchisserie industrielle

Les salariés de la blanchisserie industrielle RLD ont reconduit leur grève, et ils attendent que leurs revendications soient entendues par le groupe qui est en phase de vendre cette unité sanaryenne à Elis Mediterranée. Ils étaient plus que jamais déterminés jeudi soir.

Les salariés de RLD plus que jamais mobilisés.

Les salariés de RLD plus que jamais mobilisés.

Jeudi matin la totalité des salariés,chauffeurs et agents de production, ont décidé de reconduire cette grève. Après le choc de l'annonce (voir notre article), il y avait jeudi matin de la colère et de la détermination. Ils imaginent bien que la vente est bien avancée mais ils ont formulé à l'entreprise RLD leur volonté, soit que le site continue ou que RLD mette en place un licenciement économique collectif, en permettant aux salariés de négocier leur départ.
Certains salariés ne digéraient toujours pas cette situation: "on nous apprend dans la semaine qu'à la fin du mois on ne sera plus à Sanary, on a l'impression que tout a été préparé depuis des mois, on est pris à la gorge". La journée de jeudi aura été bien longue et émaillée de plusieurs tensions. Des délégués CGT sont venus rendre visite aux salariés le matin afin de les accompagner dans leur démarche et voir comment leur apporter un soutien. Louis Marc, Hervé Fechino et Marie-Claude Latour ont ainsi tenté de les aiguiller, mais souvent la colère était trop grande, et il a fallu un peu de temps pour tenter d'y voir plus clair. Comme l'expliquait Hervé Fechino: "vous n'êtes pas des kleenex qu'on peut jeter comme cela, il faut pouvoir entamer une négociation avec RLD, mais avant cela il faut recenser et lister le nombre de salariés pour savoir ce que chacun veut faire. Il faut étudier le dossier pour pouvoir faire une formulation concrète. Vous devez réunir toutes les pièces et rester surtout solidaires".
Mercredi prochain il y aura la réunion du CE locale, et peut-être la présence du futur repreneur, "qui devrait rencontrer les salariés individuellement dans le courant du mois" expliquait à l'assistance Pierre Mendy, délégué du comité d'entreprise.

Les salariés ont été "bernés"


Le site connaissait visiblement certaines difficultés, et depuis plusieurs mois, des solutions avaient été envisagées au CE, où fut annoncée la possibilité de quelques licenciements économiques, mais jamais il ne fut question de vendre et de quitter le site. Pierre Mendy, délégué du comité d'entreprise RLD nous disait: "on s'est fait rouler dans la farine, car il n'a jamais été question qu'on quitte le site, on a appris cela au dernier comité d'entreprise. On nous a mis devant le fait accompli, on nous a dit qu'à la fin du mois, on ne travaillerait plus ici. La direction croit bien faire les choses, car le futur acquéreur s'engagerait à reprendre tout le monde, ils nous ont même dit que le futur site n'était qu'à 25 minutes et semblent surpris en plus qu'on fasse grève". Cette délocalisation suscite chez les salariés de nombreuses questions et inquiétudes: beaucoup n'ont pas le permis et profitaient à Sanary de la proximité de la gare, la plupart habitant dans ce bassin entre Sanary et la Seyne, or ce sera plus compliqué sur la nouvelle zone de travail. Les inquiétudes subsistent aussi au niveau de l'organisation du travail chez ce futur repreneur qui pratique les "trois 8" qui ne pourra de fait convenir aux situations de plusieurs salariés en situation de monoparentalité. Sans parler du scepticisme de la majorité des salariés qui n'imagine pas que le futur repreneur ait besoin d'eux dans la totalité, le fond du problème étant celui-là.
Le flou continue de régner et la suspicion s'installe concernant cette vente "préparée en toute discrétion", selon les salariés. Une employée nous disait: "la direction a visiblement voulu réduire le nombre de clients, et en a refusé plusieurs ces derniers temps. On a un directeur présent depuis à peine quelques mois et qui est en CDD", la vente aurait donc été préparée bien en amont.

Une longue journée


De nombreuses tensions étaient palpables et confirmaient l'adage "diviser pour mieux régner", comme cela est souvent le cas lorsqu'une entreprise se sépare brutalement de ses salariés. Sur le site était présent un directeur régional de RLD, qui avait visiblement pour mission de tenter de remettre en route l'activité pour honorer les contrats avec les clients. Plusieurs camions ont été déplacés du site durant la journée. Certains chauffeurs étaient prêts au blocage, mais ils ont décidé finalement de laisser faire. La direction avait aussi fait venir un huissier, bref, l'atmosphère était des plus tendues. Les salariés devaient obtenir un rendez-vous dans l'après midi avec le directeur régional, qui dès le matin leur avait signifié qu'un licenciement économique était inenvisageable.
Sur le futur repreneur, un chauffeur nous disait: "je voudrais bien comprendre la stratégie du groupe qui a investi voilà quelques mois dans des machines qui coûtent quelques centaines de milliers d'euros pour aujourd'hui vendre le tout à un repreneur qui était, qui plus est, un concurrent direct".

Un écran de fumée?


Frédéric, chauffeur, nous avait alerté sur la situation de l'entreprise: "le fait que le repreneur garantisse 100% des emplois nous apparaît comme un écran de fumée. Ici on est 8 chauffeurs, j'imagine mal qu'ils en aient besoin d'autant dans le futur, tout comme pour les autres postes. On a l'impression que durant la saison estivale on va pouvoir continuer chez eux, et après je pense qu'on va nous pousser au départ ou nous proposer de travailler sur des sites trop éloignés que nous serons obligés de refuser. En clair RLD s'en lave les mains, et laisse le soin au futur repreneur de faire le sale boulot". Avis partagé par beaucoup, qui ont du mal à imaginer leur avenir:: "si on refuse notre futur contrat, la DRH nous a dit qu'on pourrait partir et qu'on aurait les mêmes droits qu'un licenciement économique. Mais je suis allée à Pôle emploi qui m'a dit que cela n'avait rien à voir". Une autre salariée ayant deux temps partiels voyait son avenir s'obscurcir: "vu les conditions du repreneur, je pense que je vais perdre mes deux emplois". Un autre employé, très remonté ajoutait: "j'ai plus de 10 ans de boîte, quand on nous a demandé de mettre les bouchées doubles on l'a fait, persuadés qu'on œuvrait pour l'entreprise et pour sauvegarder nos emplois, et regardez aujourd'hui. C'est du gâchis, on a un superbe outil de travail qui marche, si j'avais les moyens, je peux vous dire que je mettrais le million". Certains ont des décennies de boîtes comme Mireille qui rappelait aussi que l'ancien gérant de l'entreprise, et propriétaire des murs, avait appris la nouvelle en même temps qu'eux: "c'est tout simplement aberrant".

Et la dernière nouvelle du début de soirée...


Les salariés ont quelques jours pour se familiariser au droit du travail, et le temps joue contre eux, d'autant plus que leurs salaires étant déjà bas, il sera compliqué de maintenir la grève sur une longue période. Visiblement la direction l'a compris. Les salariés ont ainsi attendu toute la journée pour apprendre la proposition du directeur régional: "il nous a annoncé qu'Elis pourrait nous payer les frais d'essence durant la première et la deuxième semaine de mai, expliquait Mireille. Visiblement ils nous prennent pour des idiots et ne veulent pas comprendre qu'on veut un licenciement économique et qu'on ne veut pas aller à la Farlède, j'imagine qu'ils font cela exprès". Résultat, cette dernière annonce n'a fait que décupler la détermination des salariés: la grève est reconduite ce vendredi.

D.D, le 04 avril 2013

Autres photos:

Des délégués de la CGT sont intervenus le matin.
Des délégués de la CGT sont intervenus le matin.