Le 3. septembre 2010 à 22h00
Voyage
Philippe Sauve guide d'un ami aveugle dans une aventure islandaise
Philippe Sauve et Georges Nicolas au Revest. Malheureusement le fidèle compagnon de Georges ne pourra pas être du voyage en Islande. La loi exige la quarantaine... (Ph. D. R.)
Philippe Sauve ne semble pas être un aventurier. Rien du baroudeur avec son regard bleu qui vous dit tout de suite que ses propos sont simples et sincères. Aucune bouffonnerie, mais une simplicité imposée comme une règle chez cet homme qui à 18 ans s'est dit : « Je ne vais pas porter toute ma vie un bleu de travail ». Il était électricien sur le Foch, formé par l'arsenal et certain de poursuivre sa petite carrière qui n'aura duré que six mois. C'était un beau jour de 92, et comme d'autres décident de tout plaquer pour des îles lointaines, lui a opté pour la grande aventure en solitaire.
A l'époque avec ses longs cheveux et son air un peu paumé, il faisait sourire lorsqu'il a annoncé que pendant plusieurs mois il allait marcher le long du fleuve Missouri.
Quelques articles de presse, puis le jour du départ. Plus de grandes nouvelles jusqu'en 94. A son retour on a appris qu'il avait descendu le Missouri, tel qu'il l'avait annoncé et après sept mois de marche s'était retrouvé au Canada. Plus question de marcher et le seul moyen de se déplacer était un canoë. De la fonte des glaces en mai et jusqu'à la fin septembre, c'était un long périple pour atteindre l'Arctique.
L'hiver venu, c'est la rencontre avec les Inuits. Quelques petits boulots pour survivre et « comme je n'avais pas les moyens pour acheter des vêtements en Gore tex, je me suis habillé avec des peaux de bêtes pour tenter, en février, de traverser l'Alaska. » La tentative n'a pas été très longue, mais c'était une nouvelle expérience de survie pour Philippe Sauve.
Un premier livre, de nouvelles aventures et le flirt avec les paradis artificiels
Le retour en France n'a pas été facile. Passionné par l'écriture Philippe Sauve avait décidé de faire publier son premier récit intitulé « La marche de vie » préfacé par Stéphane Peyron. C'est à compte d'auteur que son livre sera finalement édité. Quelques conférences pour survivre, puis c'est la rencontre au Salon du livre de La Cadière avec l'écrivain Hyèrois Maurice Perisset. « C'est trois ans d'une grande amitié jusqu'au jour où j'ai découvert Maurice mort chez lui... » et ce choc Philippe Sauve va l'encaisser à sa manière, c'est à dire en repartant pour une grande aventure en Amazonie pour rencontrer une tribu complètement isolée. Malheureusement face a des barrières administratives infranchissables,il lui a été interdit d'approcher cette tribu...
Nouveau retour pour bientôt repartir dans l'aventure sibérienne et 3 800 kilomètres de navigation sur le fleuve Lena. De là est né un très beau livre « Sibéria », un film qui a été primé et une reconnaissance avec une sollicitation pour entrer au sein de la célèbre et très fermée Société des explorateurs français.
Enfin, c'est le retour chez les Amérindiens et plus particulièrement pour retrouver son amis Ernest, pur Siou. Mais ces retrouvailles auront un prix : 2 000 kilomètres de descente du Missouri. Et ce sera aussi un voyage thérapie car Philippe Sauve déprimé entre deux voyages était tombé dans le dur paradis artificiel de l'héro. Aujourd'hui, il tient à le dire sans cacher la moindre vérité et bientôt sortira un livre sur son amitié avec un toxico. Histoire simple qui prouve que l'on peut sortir de cet enfer.
400 kms à pied et l'espoir d'arriver au volcan Eyjafjöll
Et des rencontres, Philippe en fait des tas. Un jour à la fin d'une conférence un homme d'une cinquantaine d'années employé par la DGA est venu à lui. Il s'est présenta comme Georges Nicolas ayant perdu la vue en 1995. On imagine le désespoir de cet homme. « Il était passé par différentes étapes et avait même envisagé le suicide... J'ai été ému et nous sommes restés en relation. » Une fois de plus on retrouve l'explorateur solitaire et qui de ce fait pourrait être égocentrique, tendre la main à un homme qui n'a, à ce jour, comme expérience d'aventure qu'un périple en Laponie.
Son rêve était d'arriver au sommet du Mont-Blanc. Quelques fonds ont été rassemblé, mais il voulait vivre cette ascension naturellement avec Philippe Sauve et aussi avec ses deux enfants. Le budget n'a pas pu être bouclé et l'idée d'un raid pédestre en Islande a été lancée. Le Conseil général, l'Union départementale CGT du Var, l'Union locale CGT de Toulon, Le Crédit Mutuel de La Seyne, la Ville de La Seyne et l'Union sportive seynoise (section rugby) ont apporté leur écot à l'association HSRA (Handicap sport raids aventures) pour que ce voyage puisse s'effectuer.
Embarquement en ce samedi 4 septembre pour arriver dans la capitale Reyjkavik et après une première nuit en dortoir départ pour une vingtaine de jours et environ 400 kilomètres à la découverte de cette terre de feu et de glace et espoir d'approcher le volcan Eyjafjöll qui a régné sur le monde en bloquant le trafic aérien en avril-mai dernier. Une tente et des refuges naturels serviront d'abri. Toute la nourriture lyophilisée est prévue pour toutes les journées de marche. Le reste du matériel est simple. Le même sac à dos que Philippe Sauve avait pour son premier voyage avec du matériel très élémentaire et même pas de GPS « car j'aime marcher à l'instinct. » Seule concession au modernisme « un panneau solaire pour recharger les batterie de la caméra et du petit appareil photo ainsi que le téléphone de Georges. On doit avoir normalement une liaison en direct avec Sandrine Mercier qui anime sur France Inter l'émission « Partir avec ».
Il y aura un grand absent lors de cette expédition, c'est le chien de Georges. « L'Islande exige la mise en quarantaine et ce n'était pas possible de le faire venir avec nous. » Alors Philippe tiendra la main de Georges. L'un décrira le paysage et l'autre toutes ces sensations qu'un voyant ne peut avoir. Bon voyage tout simplement et au retour on aura sans doute droit à un beau film sur une aventure humaine à laquelle on aimerait secrètement participer.
, le 03 septembre 2010
Matériel étalé pour Philippe Sauve. Le minimum dans un sac à dos et dans un sac ventral.