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Les visiteurs apprécient ces bancs de poisson, et Frédéric Agostinetti a souhaité donner un visage traditionnel en restaurant de vieilles charrettes pour vendre le poisson. Lui est "un jeune pêcheur", si l'on peut dire, car sa connaissance du métier est grande. Charpentier marine de métier, il a souhaité prendre une licence de pêche professionnelle en achetant le pointu du bienconnu Léon Dodéro, le "Magali" (voir notre article). Il a fait ce choix par passion et amour du Brusc, constatant que l'activité première du village disparaissait. Il sait bien de quoi il parle car sa grand-mère et sa mère y sont nées. Bien lui en pris: on peut voir le banc du Magali les week-ends, jours de marché et jours fériés. Il y a aussi la volonté de présenter au public des recettes des poissons oubliés et l'idée de s'inscrire dans une démarche de pêche durable. Loin d'un folklore, son combat est de garder l'authenticité de ce Brusc, et faire en sorte que la pêche et ses traditions ne partent pas aux oubliettes. Un combat pas toujours évident!
A ses côtés Eric Feraud, qui est issu d'une grande famille de pêcheurs au Brusc, pas moins de quatre générations. Il exerce son métier depuis 14 ans, avec une passion intacte à bord de son bateau Azur, qu'on peut apercevoir au Gaou.
Lui aussi est un fervent défenseur de ce patrimoine: son grand-père a participé à l'aménagement du coin des pêcheurs au Gaou. Eric partait aussi, dans sa jeunesse, à bord d'un grand pointu du Brusc vers la Corse pour la pêche à la langouste. Dans sa bouche, le poids de la tradition et du respect du patrimoine ont un sens. Il a été le dernier pêcheur du coin à pratiquer la "seinche du Gaou". Comme expliqué sur un panneau réalisé par Lou Capian le long de la lagune, la Seinche est une pratique de pêche vieille de plusieurs siècles, pratiquée au Brusc par la famille Féraud, les amis et autres pêcheurs du Brusc: "A bras d'hommes, on déplaçait un filet formant un vaste arc, afin de capturer le poisson. Le filet se refermait petit à petit et la poche ainsi formée s'échouait sur le sable". Et ce piège permettait de capturer une grande quantité de poissons: loups, sars, saupes...Désormais, cette technique est inimaginable dans la lagune, protégée par natura 2000, mais qui est paradoxalement victime d'ensablement année après année.
On peut retrouver la pêche d'Eric, vendue par sa compagne que tout le monde appelle Fanny, sur le port les jours féries, week-end et jeudi.
A noter que d'autres pêcheurs y vendent bien évidemment aussi leurs poissons, et cela devrait s'organiser dans les prochains mois. Les pêcheurs existent encore bel et bien au Brusc, pourvu que ça dure...

La Seinche du Gaou (crédit Lou Capian).