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Il était environ 16 heures hier lorsque Patrick Ricard, victime d'un brutal malaise cardiaque que rien ne laissait présager, s'est brutalement affaissé dans son domicile dominant Bendor. Très vite, les secouristes ont tout tenté sur place puis dans l'ambulance le conduisant à l'hopital Sainte-Anne à Toulon. Mais en vain : en fin de soirée le groupe Pernod-Ricard publiait un communiqué annonçant la terrible nouvelle : "La famille, le Conseil d’Administration et la Direction Générale de Pernod Ricard ont la tristesse d’annoncer le décès de Monsieur Patrick Ricard survenu soudainement ce jour.
Le personnel de la SA Paul Ricard et les 18 000 collaborateurs du groupe Pernod Ricard s’associent à la douleur de la famille.
Un hommage sera rendu dans les tous prochains jours : les détails des obsèques seront communiqués ultérieurement."
Ce matin, tandis que les touristes arpentaient l'île à la recherche de fraîcheur et de distractions, tous les familiers des Embiez avaient du mal à cacher leur tristesse, leur désarroi : Christian, le responsable du petit train touristique, n'avait plus le coeur à raconter à ses passagers la fantastique vie de son ancien patron Paul Ricard enterré à quelques mètres de là. Et, sur le Saint-Pierre, les marins avaient du mal à cacher leur douleur, se rappelant qu'il y a trois jours, ils avaient vu leur président en pleine forme assister avec entrain à la fête de la mer, entouré de la plupart des membres de sa famille et de ses amis (voir notre article du mercredi 15 août). Hier encore ils le pensaient heureux en cette fin de vacances qui allait voir chacun reprendre ses activités et la nouvelle apprise tôt ce matin les a laissée sans voix.
Un des très proches collaborateurs du défunt voulait passer un autre message: "C'est une perte immense car notre patron était un homme exceptionnel qui positivait tout, nous donnait du courage et qui, jamais, au grand jamais, ne critiquait personne."

Une irresistible ascension

Sur les ondes aujourd'hui, nos confrères ont diffusé de nombreux témoignages allant dans ce sens, soulignant combien Patrick Ricard avait su poursuivre avec succès l'oeuvre de son père entamée en 1932. Né en 1945, il avait rejoint en 1967 la société familiale. Après avoir occupé plusieurs postes dans les principales fonctions de l'entreprise, Patrick Ricard en était devenu directeur général, en 1972. La fusion avec l'éternel concurrent Pernod en 1975 le voit devenir directeur général du groupe, puis PDG en 1978. Il se lance dans une stratégie de diversification de la gamme des produits et d'internationalisation des activités. Les ventes à l'étranger comptent aujourd'hui pour près de 90%, selon le groupe, devenu N°2 mondial du secteur vins-spiritueux.
Dans un entretien accordé l'an dernier à pareille époque à notre confrère Patrick Bonazza du magazine Le Point, Patrick Ricard évoquait sa succession : "pour l'heure, la question ne se pose pas. Je suis là et le directeur général, Pierre Pringuet, tient fermement la barre." Mais, pressé par le journaliste, il se lâchait : "Alexandre, mon neveu, le fils de mon frère Bernard, est bien placé. Il a le nom et le profil... Mes deux filles ne sont pas dans la course. L'une travaille à Sidney dans une société d'investissement. L'autre, après avoir été dessinatrice de mode chez Ungaro, travaille chez Ricard où elle s'occupe des relations avec la mode et l'art. Mon fils, à 29 ans, est un peu jeune. Il fait ses classes pour le moment..."
Ce matin, au comptoir de chez Charles, on évoquait ce passé, ce douloureux présent mais on ne voulait pas penser à l'avenir, inconcevable pour l'heur en l'absence de ce grand patron.

L'hiver dernier, il avait adressé aux Embiez des voeux émouvants aux employés de la société des îles Paul Ricard