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Le 8. juillet 2011 à 13h17

Le Brusc Ile des Embiez La vie sous nos pieds en Méditerranée

Dire qu'il n'y a plus de poisson dans la Méditerranée est une idée fausse. Patrick Lelong, conservateur de l'Institut océanographique de l'île des Embiez, en a fait une passionnante démonstration lors de la première conférence des « Mercredis de la mer » consacrée à la biodiversité sous-marine.

Patrick Lelong nous fait un récit passionnant sur la vie dans les fonds marins

Patrick Lelong nous fait un récit passionnant sur la vie dans les fonds marins

Le bassin méditerranéen est "un hotspot" de biodiversité, c'est une zone qui contient une exceptionnelle concentration d'espèces endémiques (propres à la méditerranée) et un risque sérieux de dégradation. 230 000, c'est le nombre d'espèces animales et végétales qui peuplent les mers et océans de la terre. Il y en a 17 000 dans notre belle bleue, la faune et la flore endémique représente donc 20 à 30% des espèces mondiales. De quoi ébranler nos certitudes lorsqu'avec masque et tuba nous constatons parfois qu'il n'y a pas grand chose à voir sous nos pieds! De quoi surtout respecter cet environnement exceptionnel
Certaines espèces qui ne plaisent pas toujours aux estivants comme l'herbier de posidonie sont pourtant bien vivantes et bien utiles: véritable prairie sous marine, elle n'existe qu'en Méditerranée et est protégée par la loi française. En banquette sur nos plages, la posidonie protège la côte de la disparition du sable. Sous l'eau, elle abrite de nombreuses espèces animales, vers spirographes, coquillages, grande nacre, crevettes saupe, serran écriture, labre ou hippocampe...
Dans les fonds rocheux cohabitent algues, anémones, poulpes, oursins, étoiles de mer, loups, sars, girèles et rascasses. Et dans les failles et grottes sous-marines se cachent galatées, cigales, murènes, langoustes et homards. Les fonds sableux hébergent la terrible baudroie (la lotte), les petits rougets et le concombre de mer, ce drôle de boudin que l'on trouve parfois échoué sur la plage.
Plus loin encore et jusqu'à 80 mètres de profondeur, le tapis coralligène se déploie avec ses étranges habitants: madrépores, corail rouge, gorgones, éponges et limaces de mer. Enfin, entre mer, terre et ciel, les algues cystoseires, accrochées à nos rochers nous indiquent la qualité de la mer puisqu'elles ne supportent pas la pollution tandis que les algues calcaires témoignent du niveau de la mer depuis des millions d'années.

Petites curiosités de la nature



La nature est bien faite, elle est parfois surprenante!
Saviez-vous que la carapace de la crevette ne grandit pas avec le corps et que le pauvre crustacé doit muer pour s'en fabriquer une nouvelle? Ou bien que le labre change de couleur pour séduire les femelles? L'hippocampe quant à lui, peut devenir rouge puis jaune, ce que l'on n'explique toujours pas. C'est un poisson qui vit à la verticale et qui n'a pas d' écailles, et c'est le mâle qui incube les œufs et accouche!
Amateurs d'oursins, sachez que ce que vous mangez n'est autre que son appareil reproducteur. Cette petite boule de piquants possède une mâchoire à 5 dents qui lui permet de brouter les algues.
Et la girèle? Elle est hermaphrodite, tantôt femelle et tantôt mâle. Le mâle du moment dégage des phéromones qui attirent les femelles. Lui on l'appelle « girèle royale », la chef des femelles se transformera en mâle quand celui-ci sera trop vieux.
La rascasse chasse à l'affût en prenant la couleur de son environnement. Elle gobe littéralement sa proie, parfois aussi grosse qu'elle, grâce à sa bouche démesurée. L'apogon mâle incube ses œufs dans la bouche, ce qui lui interdit de manger pendant 3 semaines, puis il expulse sa progéniture et s'occupe d'elle, quel bon exemple!
Saviez-vous aussi que l'éponge est un animal primitif et que l'anémone de mer l'est aussi. Cette dernière, capture sa nourriture à l'aide d'un dard urticant et paralysant et héberge le bernard-l'hermite qui s'y installe confortablement pour se protéger. Il essaye sa carapace comme nous essayons un vêtement jusqu'à ce qu'il trouve chaussure à son pied! Et notre si poétique étoile de mer? Elle est bel et bien carnivore et déguste coquillages et oursins.
Si vous venez d'apprendre des choses, ne manquez pas les prochains mercredis de la mer. Ils seront tout aussi passionnants!

Programme


- 20 juillet : L'oursin comestible, une ressource sous surveillance
par Sylvain Couvray, Institut océanographique Paul Ricard
- 27 juillet 2011 L'hippocampe, un étrange poisson !
par Jean-Luc Bonnefont, Institut océanographique Paul Ricard
- 3 août : Le dernier phoque de Méditerranée : du Cap Sicié à Milos en Grèce.
par Jean-Marie Daste, association Mariolos Moines Monachus
- 10 août : Un festival d'images sous-marines
par Christophe Pierron, Festival mondial de l'image sous-marine
17 août : Les calanques de Marseille, si proches et si lointaines
par le Pr Nardo Vicente, Institut océanographique Paul Ricard
- 24 août : Panorama des animaux venimeux et vénéneux de la mer Méditerranée par le Pr Stephen Baghdiguian, Université Montpellier 2
Rencontres avec les chercheurs:
Chaque jeudi de juillet et d'août, à 16 h, au Fort Saint-Pierre, les scientifiques de l'Institut vous présentent leurs travaux et leurs réalisations dans les domaines de la
recherche et de la sensibilisation.

A. I., le 08 juillet 2011

Autres photos: