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L'été nous amène en général son lot de festivals de musique et de danse. Cette année, le Brusc propose également des nourritures intellectuelles, les « Entretiens de l'été », et ce pour le plus grand plaisir du public.

Festival « Les entretiens de l'été »

Pendant quelques années, le journaliste et enseignant Jérôme Lévy a organisé des rencontres de façon ponctuelle. Puis il a décidé de les pérenniser en fondant le Festival « Les entretiens de l'été », qui en est à sa deuxième édition. « Il s'agit de partager gratuitement des moments inhabituels et privilégiés avec des auteurs qui nous font l'amitié de venir pendant l'été », explique Jérôme Lévy. « Le Festival se balade de ville en ville pour un spectacle itinérant. »  L'année dernière, il était à Sanary et au Pradet. Cette année, il a posé ses valises dans le domaine de Massacan à La Garde et, grâce au CLAB et à la ville de Six-Fours, au Brusc. « Nous sommes ici dans un lieu splendide : en plein air et les pieds dans l'eau. »

Une soirée en lien avec l'actualité

La première soirée du Festival avait été consacrée à l'amour en littérature et en musique (voir notre article). La seconde a été en prise avec les récents événements qui ont bouleversé le pays en rendant hommage au Père Jacques Hamel assassiné le 26 juillet, « pour montrer que l'on est debout, que l'on réfléchit et que la culture nous sauvera », a dit ému Jérôme Savary.

JFK

Est-il besoin de présenter Jean-François Kahn ? Historien de formation, journaliste, éditorialiste, fondateur de « L'événement du jeudi » et de « Marianne », il écrit maintenant des ouvrages, dont les plus récents sont « Comment s'en sortir ? » en 2013 et « Ineffaçable trahison » en 2015.

Jérôme Lévy est parti du titre de l'ouvrage de 2013 pour demander à JFK de quoi fallait-il se sortir. « Les problèmes de 2013 sont toujours les mêmes : le chômage, la crise économique, le déficit… Ce qui a changé, c'est le terrorisme ». JFK a attaqué de front le débat du moment : faut-il faire passer la sécurité avant l'état de droit et avant nos libertés ? Il a rappelé les contextes historiques où la question s'était déjà posée (Lois scélérates, Loi des suspects) et en a conclu que la réponse à cette question relevait de choix personnels et idéologiques.

Pourquoi ?

Le consensus étant impossible sur le comment, il s'est donc concentré sur les causes, à chercher selon lui du côté des interventions « calamiteuses » de la France en Irak et en Libye. Balayant les critiques politiciennes de Michel Estrosi et Manuel Valls, JFK a ensuite énuméré pêle-mêle d'autres « erreurs » commises autant par la droite que par la gauche : la suppression de la police de proximité par Nicolas Sarkozy, le laxisme sur la laïcité, le racisme anti-blanc… « Si on ne peut pas réduire l'Islam à l'islamisme, car l'Islam c'est aussi le grand philosophe Averroès, on ne peut tout de même pas dire que l'Islam n'a rien à voir avec l'islamisme. Toute religion a une face lumineuse et une face noire. »

Que faire ?

Il a ensuite distribué des mauvais points aux solutions proposées : « L’État d'urgence ne sert à rien, puisqu'on peut faire Nuits debout, l'Opération Sentinelle non plus, mais elle rassure la population. » S'il est impossible selon lui de faire des camps pour les 13 000 fichés S, il a rappelé qu'il n'avait pas été défavorable à la déchéance de nationalité. « Cela ne sert à rien, mais c'est une question de principe : on ne laisse pas la nationalité française à qui combat les Français. »

Jamais débat aussi passionné aura été tenu dans un cadre si idyllique. Vous avez encore une chance d'y participer vendredi soir à La Garde en présence de la violoncelliste Manon Ponsot.

Le troisième et dernier "Entretien d'été" du Brusc aura lieu le 12 août à 18h30 en présence des philosophes Franz-Olivier Giesbert et Michel Onfray. Entrée libre.