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Le 12. avril 2010 à 22h00

La Seyne Eco échos Le combat des salariés de Poly Implant Prothèse

Il a fallu attendre que les salariés menacent de faire brûler l’usine pour que les médias s’intéressent à eux et que les services de l’Etat prennent le dossier en main. Ils sont une centaine, touchés par cette liquidation judiciaire tandis que les cadres de l’entreprise ont déserté les lieux.

Karim Gheniou rend compte de la réunion en préfecture

Karim Gheniou rend compte de la réunion en préfecture

Voilà une triste histoire, qui semble être le lot de nombreux salariés dans notre société. Poly Implant Prothèse (PIP) se situe avenue de Bruxelles à la Seyne sur Mer, à proximité de la zone industrielle des Playes. Créée en 1991, cette entreprise spécialisée dans la fabrication d’implants en silicone fut le leader mondial de cette activité. Or, en mai 2009, une procédure de sauvegarde est ouverte et le 30 mars 2010, la liquidation judiciaire de la société PIP est prononcée. Depuis lors, les responsables sont aux abonnés absents. Les salariés, désabusés mais déterminés, nous disaient que les responsables ne s’étaient pas donné la peine d’une quelconque discussion pour évoquer leur avenir. Et, pour pimenter le tout, l’Agence Française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) a retiré du marché des prothèses mammaires en gel de silicone de PIP. Les salariés ont vu les cadres déserter l’entreprise après la liquidation judiciaire et s’interrogent sur cette chronique d’une mort annoncée. Du jour au lendemain, sans rien, abandonnés, sans indemnités, et avec la perspective de ne toucher le chômage qu'en juin. Ils ont décidé d’occuper le site jour et nuit depuis ce vendredi et d'alerter les autorités. Hélas, la menace aura été le seul moyen d’attirer l’attention. Joëlle y est salariée depuis de nombreuses années et vit au Brusc : « c’est simple: cela fait 17 ans que je travaille dans cette usine, et là je me retrouve sans rien. Mais, par contre, les crédits courent toujours ». Car il s’agit bien là de vies humaines bouleversées! Ils exerçaient un métier spécifique et auront bien des difficultés à trouver un autre travail, à moins qu’un repreneur ne surgisse, mais sans la certitude que tous les salariés soient repris. Actuellement, les salariés distribuent des tracts dans la zone, mais il n’y a pas réellement de grande mobilisation autour d’eux. Quelques artisans de la Seyne ont montré leur solidarité, comme un boulanger ayant apporté spontanément quelques produits. Au niveau des politiques, Philippe Mignoni, adjoint à la Seyne, fait partie des rares à être venus sur le site, et a affiché son entière solidarité. Ce dernier nous confiait être affligé par cette situation. D’ailleurs, sur la Seyne, des mesures ont été prévues pour les employés qui ne toucheraient pas leurs salaires, comme la gratuité pour les cantines par exemple. L’usine emploie des salariés des communes de Six-Fours, d’Ollioules, Signes, La-Ciotat, Sollies-Pont, Sanary…

La délégation syndicale reçue par le préfet


Il n’y avait pas que des mauvaises nouvelles, Karim Gheniou, représentant des salariés, s’est adressé à eux lundi en fin d’après-midi. La rencontre avec le préfet, le directeur général du travail, la sous-préfète aura permis quelques avancées, mais pas encore suffisantes pour lever l’occupation du site. Les salariés devraient obtenir des paiements équivalant à leurs salaires début mai., Il n’y aurait donc pas à attendre mi juin pour l’ouverture de leurs droits. D’autre part un médiateur a été nommé, permettant de faire le lien entre salariés, entreprise et préfecture. 500.000 € de fonds pour les formations auraient été levés. Mais cette nouvelle ne souleva pas un enthousiasme démesuré car la préoccupation des salariés reste la prime supra légale. Car, après des années d’ancienneté, ils pourraient repartir sans rien, le liquidateur judiciaire étant plus enclin à régler prioritairement les créanciers et à vendre l’entreprise. Les salariés ont décidé la poursuite de leur mouvement et entendent bien se battre pour obtenir gain de cause.

Des réunions de travail
et un rendez-vous avec Jean-Sébastien Vialatte


Les réunions de travail avec le médiateur vont se multiplier et, vendredi matin, une délégation sera reçue par le député-maire Jean-Sébastien Vialatte. Cependant, Les salariés vont se relayer pour poursuivre l’occupation jour et nuit de l’usine.

D.D, le 12 avril 2010

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