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Le 16. juillet 2009

  Guy Sabatier, un Six-Fournais avec une histoire riche en actions...

Guy Sabatier a mené une vie trépidante, il a côtoyé le général De Gaulle, Georges Pompidou ainsi que Valéry Giscard d'Estaing. A la retraite au Brusc depuis 20 ans, il vient de sortir de l’ombre pour réagir sur la ratification par la France du traité de Lisbonne.

Guy Sabatier commente sa biographie

Guy Sabatier commente sa biographie

Son parcours


Guy Sabatier appartient à une génération qui a connu la guerre, officier de cavalerie il a été gravement blessé en 1940 dans le cadre d’une mission effectuée par le groupe de reconnaissance d'une division d’infanterie, « on est tombé sur une équipe d’allemands armés de mitraillettes, une balle a traversé ma poitrine. »

Il devient ensuite avocat à la cour d’appel de Paris en 1942. Mais la politique l’intéresse, et comme il nous l’expliquait « on appartient à une génération qui était obligée de s’intéresser à la chose politique ». Il devient membre du Conseil économique et social en 1961, député UDR de l’Aisne en 1962, maire de Laon de 1965 à 1977. Il sera aussi vice président du conseil régional de Picardie.

De 1971 à 1973 Guy Sabatier est nommé rapporteur général du budget à la commission des finances de l’assemblée nationale. Il nous dira que cette fonction est selon lui « une des plus intéressantes, car elle demande de s’intéresser profondément aux problématiques techniques et politiques. Le rapporteur présente le budget de manière indépendante, défend ses opinions et fait des propositions, je discutais le budget du ministère des finances ». Passionné, Guy Sabatier nous confiait « j’aimais prendre la parole devant l’assemblée, donner les preuves de ce que j’avançais, répondre aux attaques des adversaires ».

Lorsque Guy Sabatier perd les élections de Laon en 1973, Pierre Messmer alors premier ministre lui propose la présidence de la Société Nationale des Entreprises de Presse, dont « le capital appartenait à l’état et qui regroupait quelques 16 filiales dans le monde ». « Ma mission consistait à la remettre en équilibre car le dépôt de bilan n’était pas loin ». Guy Sabatier est heureux du résultat obtenu, « je suis resté 9 ans à la SNEP jusqu'à ma retraite à 65 ans, et je l’ai remise debout en appliquant des préceptes gaullistes comme la participation ». Et Guy Sabatier nous montra des lettres de félicitations, dont une de l’inspecteur général de l’économie nationale, J.G Brunel, « vous me permettrez aussi de vous exprimer, à titre personnel, mes vives félicitations pour les efforts de redressement que vous avez entrepris à la SNEP depuis votre nomination ». Et les mots de monsieur Piot, responsable syndical CGT, lors du dernier conseil d’administration, confirmaient sa gestion humaine, « malgré quelques propos un peu vifs échangés parfois », merci de votre « action déterminée qui a permis de maintenir la société nationale au milieu de très grandes difficultés ». Et chose rare, le conseil d’administration de la SNEP du 2 Juin 1982 prit la décision de le nommer à l’unanimité « président directeur général honoraire », ce conseil réunissant aussi les syndicalistes...

Guy Sabatier, un gaulliste


« Depuis le 18 juin 1940, je me sentais gaulliste, j’ai rencontré le Général De Gaulle en 1944, mais j’étais trop jeune pour avoir une quelconque amitié, nous avons entretenu des liens politiques ».
Concernant 1968, Guy Sabatier nous explique son point de vue, « c’était une époque invraisemblable, la révolte de la jeunesse française ne reposait sur rien, De Gaulle excédé a décidé de prendre une décision spectaculaire, en prononçant la dissolution de l’Assemblée Nationale ». Il nous raconta à ce propos une anecdote « les 3/4 des députés sont descendus dans la rue pour défiler, c’était la contre-révolution, car mai 68 était sans volonté particulière, c’était de la mauvaise humeur, il fallait y mettre un terme ».
Guy Sabatier, très compétent en matière d’économie nous expliquait les notions de
« participation et d’intéressement prônées par De Gaulle. Il s’agit d' associer mentalement le personnel, dans l’intérêt de chacun, aux problématiques de l’évolution économique et financière de l’entreprise. Moi j’ai redressé la SNEP comme cela, en discutant avec les ouvriers, les responsables syndicaux ».

Communisme et libéralisme


Et le communisme ? « Dans le communisme tout appartient à l’état, les entreprises ne sont que des agents de l’état. Je les considérais comme des gens dans l’erreur, le marxisme était une immense erreur, plus personne n’est aujourd’hui sincèrement marxiste ».
Concernant le libéralisme, « De nos jours le mot est mal employé. Le libéralisme c’est "le laisser faire, laisser passer". Aujourd'hui je frémis d’irritation quand je lis qu’un tel est libéral. Ce qu’on fait aujourd’hui ce n’est pas du libéralisme, car on dirige l’économie et les finances, la règle est de bien gérer pour gagner de l’argent. Il est certain que l’intéressement au bénéfice est l’avenir. »

Guy Sabatier, un fervent partisan de l’Union Européenne
mais en désaccord avec le traité de Lisbonne


En Juin 2009, Guy Sabatier a envoyé aux 577 députés un document intitulé « La France est en danger ». La crainte de Guy Sabatier réside dans le fait qu’avec la ratification du traité de Lisbonne, les 27 Etats-Nations deviendront « 27 États Régions du Super Etat fédéral de Bruxelles ». Dans ce document il rappelle que par le traité de Lisbonne, signé le 13 décembre 2007, l’Union Européenne « aura le pouvoir de voter des lois qui s’imposeront aux 27 états membres et à leurs citoyens dans presque tous les domaines politiques ».

D’ailleurs Guy Sabatier, pourtant « défenseur constant de l’Union Européenne », a voté « non » au référendum de 2005, car il est partisan d’une « association d’Etats-Nations, c’est à dire pour la solution confédérale et non la solution fédérale de Super Etat. » Et le fait que malgré le vote du non, le traité de Lisbonne, condensé de la constitution, ait été ratifié par Nicolas Sarkozy, fait dire à Guy Sabatier qu’il n’hésiterait pas à s’opposer à Nicolas Sarkozy s’il allait contre « l’intérêt national au sein de l’Europe. » Pourtant Guy Sabatier tenait à nous préciser, « j’apprécie la politique intérieure du président dans son ensemble.” Affaire à suivre, dans la mesure où le document envoyé aux 577 députés, semble avoir reçu un écho favorable...

Une retraite paisible au Brusc


« Ma femme et moi nous sommes installés ici voilà 20 ans, nous avions une passion commune pour la voile et la mer ». A 75 ans, « j’ai arrêté le bateau, nous avons donc cessé de naviguer et choisi de vivre à proximité de la mer ». Guy Sabatier n’a pas la volonté de s’investir dans la vie politique locale, « je veux qu’on me laisse tranquille ici ». Son seul combat local aura été de demander au député-maire Jean-Sébastien Vialatte de trouver une solution concernant l’orientation des hauts parleurs lors des concerts du Voix du Gaou, « car pour une cinquantaine de villas aux alentours, c’était l’enfer, nous demandions juste de trouver une solution au niveau du son ».

Passionné par l’économie, la politique et les affaires de son pays, Guy Sabatier ne cesse de lire et d’écrire, en 2004 il a d’ailleurs publié « pourquoi détruire la France afin de construire l’Europe ». Et que l’on partage ou non ses idées, on ne peut lui enlever ses convictions. Il faut admettre que se revendiquer « gaulliste » pour quelqu’un de sa génération avait plus de sens que pour les héritiers d’aujourd’hui. A noter aussi que Guy Sabatier est décoré de la « Croix de Guerre avec Palme », « Officier de la Légion d’Honneur », et « Commandeur de l’Ordre National du Mérite ». Un destin hors norme pour un homme qui a su garder le sens de l’humilité et du combat.

Traste, le 16 juillet 2009

Autres photos:

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Guy Sabatier au deuxième rang Réunion avec Georges Pompidou, présence de Guy Sabatier, Valéry Giscard d'Estaing...
Guy Sabatier est derrière Valéry Giscard d'Estaing Les murs ornés de souvenirs, un bureau où s'empilent les dossiers.
Défilé des députés durant mai 1968, Guy Sabatier au deuxième rang