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Le 21. novembre 2013 à 10h32

Six Fours Environnement Six-Fours lutte contre le charançon rouge

Depuis 2006, le charançon est présent dans le Var, département le plus infecté. La municipalité a fait le choix de préserver le patrimoine des palmiers.

Un palmier infesté

Un palmier infesté

Coléoptère invasif spécifique du palmier, le Rhynchophorus ferrugineus ou charançon rouge affectionne particulièrement le palmier des Canaries et le palmier dattier. Provenant de Malaisie, d’Inde et de Mélanésie, il a atteint l’Europe du Sud en 1992 via le Moyen-Orient (Israël et Egypte).

Comment reconnaître un palmier atteint ?


On reconnaît un palmier atteint par le charançon aux encoches sur les palmes ou aux palmes affaissées, à une asymétrie sévère, à la chute des palmes vertes, à la présence de cocons ou de sciure au bas des palmes.. Dans un palmier infecté, on trouve en moyenne 200 charançons (larves et adultes confondus). Les larves mangent l’intérieur du palmier indépendamment de la température extérieure.

Plusieurs moyens de lutte contre le charançon


L’élimination des foyers de contamination est primordiale. Celle-ci peut être effectuée par traitement ou par abattage. Le service environnement de la ville de Six-Fours distribue des pièges avec diffuseur de phéromone mâle de synthèse en retour du comptage des insectes capturés. Ce système de piégeage permet de contrôler les infestations de charançons rouges (monitoring) afin de prendre les mesures appropriées. Il est en effet primordial de savoir si des charançons rôdent et de déterminer les périodes de fortes attaques. Notez que ces pièges n’attirent pas les charançons du voisin !
Les six-fournais ont joué le jeu : 150 pièges ont été distribués et 6000 charançons capturés, ce qui n’est pas anodin si l’on compte qu’une femelle pond 300 œufs…

Si les larves atteignent le bourgeon terminal, le palmier meurt. Si toutefois le palmier n’est pas trop gravement atteint, l’assainissement mécanique du foyer ou curage à la tronçonneuse peut permettre de détruire un maximum de larves. Le palmier n’étant pas un arbre mais une herbe, si on le coupe, il repousse. Il faut dans ce cas bien prendre soin de déposer les déchets de palmiers dans des centres équipés pour les broyer ou les déchiqueter.

Un processus expérimental


Le traitement curatif consiste à pulvériser le palmier d'un traitement chimique à base d’Imidaclopride. Ce traitement par endothérapie a été mis au point par l’INRA et est effectué à titre expérimental depuis deux ans sur un territoire couvrant TPM et Saint–Raphaël. 14 entreprises ont été formées par Bayer à cet effet dans le Var. Le Confidor est le seul produit à être homologué. Pour être efficace, cette 'douche' doit être effectuée tous les 21 jours quand la température est supérieure à 20°, à savoir de mi-avril à mi-octobre, et être abondante (100 litres pour un palmier de 6 mètres). Le lessivage des palmiers par Confidor sera peut-être interdit sous peu car il est nocif pour les abeilles. Ce produit est en revanche moins dangereux pour l’environnement quand il est injecté dans les palmiers. Le Ministère de l’agriculture a octroyé une dérogation à l’une des marques phytosanitaires, Bayer, seule autorisée à faire des injections de Confidor.
« Ce traitement protège les arbres non infectés, mais se révèle décevant pour les autres», confie Charles Ysabel de "Passion Jardin", seul jardinier agréé sur Toulon ouest (les autres se trouvant à La Garde, Hyères, La Ciotat, Cogolin). Il regrette « l’absence de concertation entre communes et d’indemnisation dans la plupart d’entre elles, ce qui a mené à la quasi disparition du palmier dans certains quartiers, comme celui de la poste de Sanary ».

Une aide substantielle de la municipalité


Il y a obligation de lutter contre le charançon rouge. Tout palmier suspect doit être déclaré au service environnement de sa commune. La municipalité de Six-Fours a fait le choix de combattre le charançon rouge dans le domaine public, mais aussi dans le domaine privé avec un programme d’aide aux particuliers voté au conseil municipal chaque année. La municipalité indemnise à hauteur de 50% de la facture maximum avec un plafond de 400€ sur l’abattage et de 150€ sur l’endothérapie.

Un agent préposé aux palmiers


En désignant un agent du service environnement dont la tâche primordiale est de lutter contre le charançon rouge, la mairie de Six-Fours lance un signal fort à la population. « J’informe, je rassure, je conseille les administrés. Je leur dis si leur palmier est attaqué par le charançon ou a seulement subi un coup de froid, » explique Régis Rapon.
Pour l’instant, il n’existe aucun produit d’éradication ni aucune solution miracle, mais Six-Fours continue de chercher. « Nous ne sommes pas des magiciens », dit Régis, « mais nous restons actifs et continuons à tester différents produits ». 150 palmiers communaux sont soumis depuis le mois de mai à un protocole expérimental de lutte intégrée pour combattre le charançon et le papillon du palmier, le Paysandisia archon, avec le champignon Beauvaria bassiana. Ce champignon, en contact avec l’insecte, l’envahit puis le momifie.
Six-Fours est donc la seule municipalité alentour à avoir adopté une stratégie : « Nous avons beaucoup de chance d’avoir cet engagement sur la commune pour préserver ce patrimoine important », est fière de conclure Geneviève Briffaz, adjointe à l’environnement.

, le 21 novembre 2013

Autres photos:

Geneviève Briffaz, adjointe à l'environnement, et Régis Rapon, agent du service environnement.
Geneviève Briffaz, adjointe à l'environnement, et Régis Rapon, agent du service environnement.