Six-Fours : "la peur" s'invite au café-philo

Les psychologues s’accordent à voir dans la surprise, la peur, et la colère, trois émotions fondamentales et, semble-t-il, universelles. Pour analyser la peur, il convient donc dans un premier temps de se pencher sur les discours contradictoires qui se sont succédé à propos de nos émotions. Mais la peur étant présente d’un bout à l’autre de l’évolution, c’est la biologie qui nous ouvrira les pistes les plus fécondes. En se nourrissant d’un ouvrage du grand psychanalyste Paul Diel, La peur et l’angoisse / Phénomène central de la vie et de son évolution (Payot, 1955), Philippe Granarolo situera ce qu’on pourrait dénommer « l’inquiétude » au cœur même du vivant, inquiétude qui s’accroît nécessairement avec l’évolution, en particulier avec l’acquisition d’organes de perception ainsi que de la motricité. Avec l’accès à la prévision et à la représentation, l’inquiétude du vivant se fait angoisse quand on en arrive à l’être humain. C’est en se livrant à un effort introspectif que nous devons être capables de corriger ce que l’on pourrait considérer comme un fourvoiement de notre évolution biologique, et à vaincre nos peurs.