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Le 2. janvier 2012 à 17h00

Six Fours Portrait Armon Romanos, un artiste au parcours très singulier

Il a 85 ans, vit tranquillement aux Lônes et continue à réaliser des icônes. Il a mené une vie aux mille métiers et sa passion tardive pour les icônes reste une histoire passionnante. Un homme attachant qui ne peut laisser indifférent.

Armon Romanos, un artiste hors du commun.

Armon Romanos, un artiste hors du commun.

Originaire d'Ales, Armon Romanos est né le 5 février 1926. Il travailla pendant 16 ans dans les mines, d'abord au fond puis il termina dessinateur industriel car le directeur avait remarqué ses talents de peintre.
Sa passion pour la peinture remonte à sa plus jeune enfance, très influencé par Gauguin et Van Gogh. Après les mines, il change d'horizon pour devenir représentant de commerce dans les vêtements sur toute la région. Par un heureux hasard, il va être logé dans la propriété d'un ami de Picasso, Edouard Pignon qui vécut à Six-Fours: "Je faisais tout, du jardinage à la maçonnerie. J'ai même participé à la maquette du grand fronton de la faculté de Lumini à Marseille. Comme il avait vu que la peinture était ma passion, il m'avait incité à me construire mon propre atelier, j'ai même fait un four pour apprendre la céramique. Cela a duré quatre ans, puis j'ai eu un accident de voiture, je me sentais diminué et ne me voyais plus continuer à travailler pour lui". Il devient taxi aux Lônes jusqu'en 1980.
En parallèle de ces activités professionnelles, Armon poursuivra la peinture et les expositions, allant vers une peinture de plus en plus abstraite, teinte de mysticisme. Des œuvres uniques, tout simplement magnifiques, parlant au plus profond de soi-même.

La Grèce changera sa vie


Puis le tournant de cette vie déjà bien remplie va survenir. Cela part tout simplement d'un voyage en Grèce avec sa famille, sur l'idée de sa belle fille. Et une visite du monastère de Mégaspiléo: "Je me suis retrouvé un moment tout seul, je sortais du site, et je sais pas comment vous dire: quelque chose m'a poussé à y retourner; comme une pulsion". Et là il entend des pas, voit un moine prendre un livre et chanter d'une voix qu'il gardera toujours en tête. Puis le moine semble le voir, s'approche de lui et fait plein de gestes: "Je ne comprenais rien, je croyais qu'il m’engueulait. Il m'amène alors près d'un placard, me sort une icône toute poussiéreuse et reste avec un sourire figé. C'était très bizarre et irréel. Puis soudainement il claque les talons, cela ressemblait à un bruit de bottes militaires alors qu'il ne portait que des pantoufles à corde". Puis le moine disparaît laissant Armon ailleurs, intrigué, même transformé: "Je sais que je peux paraître fou, étais-ce vraiment réel, je ne sais pas, mais en partant je ne disais pas un mot, je n'avais que le mot icône en tête". Cette expérience le marqua tellement qu'au retour de voyage, il attendra sept mois pour repartir en Grèce seul et suivre une formation d'iconographie.
A 60 ans, il prend ce virage, comme poussé par une force, une nécessité, et même sa femme ne tenta pas de le retenir dans cette décision singulière: "J'ai commencé à apprendre la langue, j'ai suivi une formation et j'y ai même un peu travaillé". Après plusieurs mois, Armon regagne sa villa aux Lônes et s'adonne depuis à l'iconographie, avec grand talent. Ce personnage attachant et empreint d'humilité mériterait à lui tout seul un ouvrage, tellement sa vie regorge d'anecdotes et de choix singuliers. Mais il a toujours trouvé un sens, et suivi un chemin qui semblait tracé. De temps à autre il reprend ses pinceaux pour la peinture, et sa dernière toile laisse d'ailleurs pantois: il a visiblement atteint une certaine plénitude. Son petit atelier respire la spiritualité et la sérénité.

D. D., le 02 janvier 2012

Autres photos:

Un atelier qui regorge de pépites. Son ancien atelier.
Un atelier qui regorge de pépites.