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Le Conservatoire national à rayonnement régional (CNRR), c’est 4 300 élèves sur onze sites. Depuis plusieurs mois déjà, on assiste à une baisse importante des effectifs voulue par le Conservatoire, mais c’est le départ d’un professeur de guitare classique qui a servi de déclencheur à la mobilisation des parents d'élèves.

Méditerranée, terre de guitare

La guitare est, avec le piano, l’instrument le plus demandé au Conservatoire de Toulon. Frédéric Neveux et sa femme, professeur de flûte, étaient il y a cinq ans tous les deux en poste à Orléans. A l’embauche de Frédéric, Philippe Lesburguères, alors le directeur du CNRR, avait promis un poste à sa femme, promesse jamais tenue. Madame Neveux se voit donc contrainte d’aller enseigner ailleurs, en Espagne. Père d’un jeune enfant, Frédéric a décidé de partir pour garder sa famille unie et le Conservatoire ne fait rien pour le retenir.

Faire de la musique ensemble

Colette, soixante ans, est l’élève de Frédéric Neveux. « C’est un excellent professeur, ce serait une énorme perte de la voir partir », assure-t-elle. Par ailleurs, Frédéric est un élément fédérateur qui promeut la pratique collective, pratique expressément recommandée aux enseignants du Conservatoire. Cette année, il a mené un grand projet de musique d’ensemble. Lors de la semaine de la guitare, les soixante guitares des huit classes du Conservatoire ont interprété les pièces du compositeur suisse Jürg Kindle et en particulier la pièce finale, Transmission, composée pour l’occasion. Le compositeur a dirigé lui-même les concerts de Toulon et du Revest et a été épaté par le travail effectué par les élèves du Conservatoire, parfois très jeunes.

Chronique d’une mort annoncée ?

Colette est révoltée qu’on laisse son professeur de guitare partir sans état d’âme, mais l’est encore plus en apprenant qu’il ne sera pas remplacé, tout comme les deux professeurs de guitare partis l’année dernière, M. Jégard, professeur à plein temps, et M. Pallon, professeur à temps partiel. Quatre-vingt élèves ne pourront donc plus suivre de cours de guitare à la rentrée.

La situation de la guitare n’est toutefois pas unique. Le professeur Nicolas Folmer, excellent trompettiste de jazz, part et ne sera pas remplacé. L’année dernière, Alexandre Doisy, remarquable professeur de saxophone est lui aussi parti et n’a pas été remplacé. Et ils ne sont pas les seuls. Le Conservatoire est en train de se vider de ses meilleurs professeurs, qui postulent ailleurs et sont rapidement engagés vu leurs qualités.

De ce fait, depuis deux ans, les effectifs du CNRR ont considérablement baissé. En supprimant quelques places ici et là sur plusieurs sites, on arrive en effet à une diminution significative des élèves. Ceci posera-t-il problème aux communes ayant été contraintes de dissoudre les écoles de musique au moment de la création du Conservatoire ? En effet, on court ainsi le risque de ne plus pouvoir pratiquer de la musique dans certaines villes.

Que veut-on faire de ce Conservatoire ?

Les parents d’élèves ont alerté les élus. Une soixantaine de lettres exprimant ces craintes ont été adressées au président de TPM Hubert Falco, sans réponse de sa part. La présidente de Mouvance-APEEC, l’association des parents d’élèves et élèves adultes du CNRR de TPM, a adressé un courrier au directeur du CNRR, Jean-Pierre Pommier, début juillet. La lettre parle d’ « appauvrissement considérable de l’enseignement dispensé » et de « politique d’économie au rabais ». Le directeur du CNRR assure que la qualité sera maintenue malgré le départ des enseignants. Les parents d’élèves eux se demandent si les restrictions budgétaires sont une fatalité ou un choix. Ils ont la nette sensation d'assister à la mort programmée du Conservatoire.