Six Fours Evénement Au Six n'Etoiles : hommage aux femmes résistantes

Dimanche était la journée de la Femme et, comme tous les ans, Dominique Ducasse, adjointe à la Culture, proposait une animation thématique. Cette année, elle avait choisi comme sujet "La femme dans la Résistance"

En préambule, elle devait chaleureusement remercier Jean-Sébastien Vialatte, maire de Six-Fours, d'abord de sa présence, mais aussi et surtout de n'avoir pas donné aux femmes des places de second rang dans son équipe municipale.
Le Maire qui, d'ailleurs, était entouré de quelques élus : Joseph Mulé, premier adjoint, Viviane Thiry, adjointe à la communication, Delphine Quin, adjointe de quartier, Fabiola Casagrande, conseillère communautaire et Denis Perrier, adjoint aux anciens combattants.
Avant de proposer au public venu nombreux malgré un dimanche après-midi fort ensoleillé, le très beau film de Jacques Renard "Blanche et Marie", avec Sandrine Bonnaire et Miou Miou, elle présentait Claudie Selem, professeur d'Histoire/Géographie qui, à la suite de la projection, proposait une conférence sur ces femmes qui ont oeuvré dans l'ombre au péril de leur vie, nombre d'entre elles ayant péri pour cela.

Madame Ducasse, pourquoi le choix de ce thème ?
Parce que, lorsqu'on parle de cette période et des femmes résistantes, les même noms reviennent toujours : Lucie Aubrac, Danièle Casanova, Geneviève de Gaulle, MC Vaillant-Couturier... Et l'on ne parle jamais de ces milliers de femmes inconnues, de ces femmes "ordinaires". Je voulais donc les mettre à l'honneur et dire qu'elles méritent qu'on parle d'elles tout autant que les hommes et que les femmes qui sont devenues célèbres

Claudie Selem, comment êtes-vous venue sur ce projet ?
Tout d'abord parce que Dominique Ducasse , amie de trente ans, me l'a proposé alors que je n'ai jamais fait de conférences ! J'avais travaillé l'an dernier déjà pour cette journée avec elle, où je présentais des collages autour du thème "Femmes et littérature". Etant professeur d'Histoire, c'est bien sûr un sujet qui m'intéresse et je trouvais intéressant de le traiter par le regard de ses femmes qui ont eu le même courage que les hommes, qui se sont cachées, qui ont été arrêtées, torturées et tuées... Et ce qui m'énerve c'est qu'à chaque fois qu'on parle d'une femme courageuse, on dit qu'elle a des c....les ! Non, elle a des ovaires, ce n'est pas plus compliqué que ça.

Comment avez-vous construit votre conférence ?
Je voulais traiter de ces femmes qui ont résisté de l'intérieur. Pour cela, j'ai lu beaucoup de journaux de l'époque, des mémoires et je me suis posé les questions fondamentales : Qu'est-ce qui les a amenées à ça, ? Comment, pourquoi, quelle mémoire leur attribue-t-on ? Est-ce que ça a favorisé leur émancipation ? Est-ce que leur donner le droit de vote n'était pas stratégique et circonstanciel ? J'ai aussi voulu retracer leur statut sous Vichy...

Madame Ducasse , vous avez dit que vous aimeriez qu'il n'y ait plus de journée de la femme !
C'est vrai car cette journée à l'air de leur être concédée avec condescendance : leur dire qu'elles son belles, leur offrir des fleurs, est-ce vraiment cela qu'elles attendent, alors qu'aujourd'hui une femme sur trois est victime de violences au cours de sa vie, que l'ONU nous annonce qu'il y a 130 millions de filles et de femmes qui ont subi des mutilations génitales, surtout en Afrique et dans certains pays du Moyen Orient. En France 600.000 femmes sont victimes de violences conjugales, 150 femmes en meurent chaque année, pour "seulement" 26 hommes battus ! Entre 500.000 et deux millions de personnes sont vendues à des fins de prostitution, de travail forcé, d'esclavage, 80% étant des femmes.
Ces chiffres sont tout de même effrayants, et je ne parle pas des différences de salaires, du chômage, du droit à l'éducation...

Claudie Selem, pensez-vous que la guerre a quand même amélioré les choses ?
Pas vraiment, non, du moins, pas assez. Même si elles ont eu le droit de vote après la guerre, il a fallu attendre 1965 pour qu'elles aient le droit d'ouvrir un compte en banque sans l'autorisation de leur mari ! Pour obtenir la parité, il a fallu créer une loi... Les progrès se font très lentement. Les femmes ont toujours du mal à s'imposer dans les métiers d'art, dans le sport et même dans la cuisine...
- Tout est encore très compliqué - ajoute Dominique Ducasse - une sportive a du mal a trouver des sponsors, en cuisine, elles sont maltraitées, en politique n'en parlons pas... La mentalité masculine a encore des progrès à faire et quelquefois, on a même l'impression que ça régresse.
C'est pour cela que la Journée de la Femme est encore utile... Qu'au moins un jour dans l'année, elle soit à l'honneur... Alors que ce devrait être tous les jours !"

, le 08 mars 2015