Le 15. août 2014 à 10h11
Six Fours
culture
Sergueï Toutounov à Pépiole... De la Russie à la Provence
L'artiste et son oeuvre
Et si j'écris "à" et non "dans" c'est que notre ami, qui est un artiste original dans tout le sens du terme, n'a pas installé ses œuvres dans la minuscule chapelle, elles n'y tiendraient pas, et pour les découvrir, il faut la contourner et on le retrouve dans un pré entouré d'oliviers où il a installé des cimaises en plein air, lui-même à l'ombre d'une petite tente avec ses DVD et ses magnifiques livres !
Ce Russe né à Moscou en 1958, vit aujourd'hui à Paris mais une partie de sa famille étant installée à Six-Fours, il y vient depuis plus de trente ans, afin de les voir et il en profite pour organiser une exposition, celle-ci étant la trente-troisième.
Sa première exposition, il l'avait faite chez sa belle-sœur et grâce à un ami commun, Georges Klimoff, j'avais pu le découvrir et faire l'un de ses premiers papiers dans la région.
Il a souvent exposé dans la Maison du Patrimoine, au Brusc mais comme il revient tous les ans, celle-ci est devenue trop grande et il a choisi cette formule où il ne présente - nous dit-il - que les oeuvres qui méritent d'être vues, les plus belles, les plus réussies.
"Cela a aussi l'avantage d'être en pleine nature et, tout en recevant les visiteurs, j'installe mon chevalet dans un coin car ici j'ai tout pour être inspiré : les arbres, les fleurs, le ciel, la lumière qui est particulière et qu'évidemment je n'ai pas à Paris... encore moins en Russie !
Et lorsqu'il ne fait pas très beau, j'ai à mes côtés mon camion-atelier où je m'installe pour peindre des natures mortes. Là encore j'ai tout ce qu'il faut : des pots, des vases, des objets, je ramasse fleurs et plantes, fruits ou légumes et même champignons, lorsqu'il y en a !"
Après quoi, une fois son tableau fini, il le fait sécher à l'abri du vent, au soleil, posés sur le tableau de bord du camion !
Quand je vous disais que c'était un original !
S'il habite à Paris c'est qu'au cours d'un voyage, il y a rencontré une Française d'origine russe qu'il a épousée en 1982.
Sa passion, il la doit à son père, qui se prénommait également Sergueï. Il était peintre lui aussi et le gamin est né au milieu des toiles et des pinceaux et son père lui a tout enseigné de cet art spécifique russe du milieu du XXème siècle. Son style est donc dans la grande tradition avec des natures mortes très réalistes, des bouquets qui explosent de couleurs violentes ou pastel et il a su, accrocher la lumière de la Provence dans ses paysages lumineux, contrastant avec ceux, enneigés et feutrés de Russie ou d'ailleurs.
Le curé lui ayant proposé une petite maisonnette, il vit donc là au milieu des arbres et ce qui lui plait particulièrement, c'est qu'il a tout autour de lui pour se mettre à l'ouvrage à l'instant où une idée, une inspiration lui vient... avant que celle-ci ne passe, dit-il en riant.
En dehors des admirateurs qui viennent jusqu'à lui (quelques cinq cents fidèles qui ont commencé à venir !), il rencontre des touristes curieux et quelquefois, des peintres amateurs qui viennent peindre à ses côtés, ce qui lui plaît particulièrement et qu'il ne pourrait faire dans une galerie.
Avec son bel accent exporté de Moscou et beaucoup d'humour, c'est un plaisir que de l'écouter raconter sa vie, sa peinture. Plaisir aussi que de redécouvrir ses œuvres entre ombre et soleil, dans la lumière naturelle estivale de cette Provence qu'il aime, qu'il peint avec tant de plaisir, de charme et de talent.
L'artiste et son ouvre méritent qu'on aille au bout du monde !
, le 15 août 2014