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Par quoi commencer... à l'époque Sanary avait une école élémentaire au quartier de Sainte Trinide, depuis 1906 exactement, une école à l'ancienne, comme on les rêve. En 1971 Henri Ribot en devient le directeur. Il a un coup de foudre pour cette école en dehors du temps, avec deux classes pour 50 élèves, de la grande section de maternelle au CM2: "on y a fait des choses extraordinaires, des activités qu'on n'aurait pas pu faire ailleurs. J'ai mis en pratique ce que je rêvais de faire au niveau des méthodes d'apprentissage. On allait au Gros cerveau effectuer du reboisement, dans les champs, un autre temps". Et, des années après, les anciens élèves s'en souviennent, conservant ce petit trésor dans leur coeur.
Mais cette école a eu un triste destin, en dépit de la mobilisation pour son maintien: elle disparaîtra au profit de l'autoroute. "on avait monté un comité pour lutter contre ce projet qui était déjà, hélas, trop avancé, et il y a eu beaucoup de tension à l'époque". L'école se situait peu avant l'actuel échangeur de Bandol-Sanary et elle connut une triste fin en ce mois d'août 73 où elle sera dynamitée.
Lors de la dernière année, une Suédoise et peintre installée à Sanary dans le quartier de la Piole, Bodil Hagbrink, avait noué desliens d'amitié avec les élèves, les parents et Henri Ribot. Pour avoir une trace de ce lieu pas comme les autres, elle s'est mise à peindre le quartier, la vie de l'école...

Le destin singulier d'un livre traduit
en Suédois, Allemand et Anglais

Mais l'histoire n'est pas banale: elle va publier un recueil de ces oeuvres qui sera édité à des milliers d'exemplaires en Sudédois (1975), en Anglais (1975) et Allemand (1987), et connaîtra un grand succès. Elle réalisera même un film qui sera diffusé à la télévision suédoise, dont elle vient à peine aujourd'hui de récupérer les droits. Et pourquoi n'avons jamais vu ce livre en français: "les éditeurs lui avaient imposé de changer la ligne directrice de son texte, chose qu'elle a toujours refusé". Car ces peintures naïves et pleines d'humanité sont accompagnées à chaque page d'un texte descriptif, en totale adéquation avec l'esprit naïf de ces belles peintures: "ces grandes aquarelles joyeuses étaient faites pour les enfants de la Vernette dans les années 1970. Enivrée par le soleil, les raisins et les champs de fleurs parsemés d'oliviers, vieux de centaines d'années, cette artiste peintre venue du grand nord est restée là pour raconter la vie de ce coin de Provence. Et Gisèle, Olivier, Jean-Pierre et Régine m'ont bien aidé". Car certains élèves ont mis la main à la patte. Henri Ribot de nous dire: "elle a su saisir tout notre ressenti sur cette école. J'ai mis longtemps à me remettre de cette fermeture, on a vraiment mis en place des choses incroyables, c'était un bonheur".
Le temps est passé. Mais l'an dernier Henri Ribot croise par hasard Bodil Hagbrink qui avait quitté Sanary. Ils discutent, et se mettent d'accord pour éditer enfin une version française. Elle crée les éditions de la Piole, et les deux supervisent la mise en place d'un nouveau format pour ce livre. Une édition provençale voit même le jour, supervisée par Henri Ribot (qui a une licence de provençal) et dont la traduction a été assurée par Andrieù Aries.
On a enfin cette petite pépite en français, en vente dans les trois librairies de Sanary ainsi qu'à Ollioules, de quoi ravivier les souvenirs pour certains et découvrir pour les autres un temps aujourd'hui révolu. Un très beau projet mené encore par le foyer Pierre Singal, un livre à vite découvrir. Cela commence par "un port plein de bateaux de pêche et de plaisance de toutes les couleurs. Une barcasse à voile rouge est en train de gagner le large pour jeter ses filets...", puis place à un voyage merveilleux...

Henri Ribot et sa classe.