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Le 5. octobre 2016 à 22h13

Sanary Handicap Journée test et initiation : une prothèse multisport pour surfer

Mercredi, sur la plage du Lido à Sanary, une vingtaines de personnes amputées ont pu s’initier au surf et au paddle grâce au prêt de prothèses multisports des sociétés B.T.C. Orthopédie et Var Orthopédie Services, au concours de l’association Surfeurs Dargent et aux cotés de l'Ecole de Surf Méditerranée.

Il est 10h du matin, le stand orthopédique est déjà installé sur la plage et les premiers participants arrivent. La mer est calme pour le moment, Sébastien Cano est venu de Néoules, il se prépare pour sa première expérience en mer. « Suite à un accident du travail, j’ai subi une amputation de la jambe et fais une rééducation. Pour le moment, j’ai une prothèse électronique, aujourd’hui, je viens essayer le surf avec une prothèse adaptée et mécanique, on va voir ce que ça va donner et s’amuser ».

Retrouver le goût et le plaisir d’une activité sportive


Comme Sébastien, jeunes et moins jeunes se rassemblent sur la plage, essayent, testent différents réglages avec l’aide des membres des sociétés organisatrices, des orthoprothésistes qualifiés. Parmi eux, Bertrand Tourret fondateur de B.T.C. Orthopédie (basées à Marseille, Olioules et Fréjus) : « Notre objectif est de permettre aux patients amputés fémoraux (de membres inférieurs) de pratiquer un sport de glisse. La mer est un cadre rassurant, nous voulons aider les personnes ayant subi un traumatisme radical à retrouver le goût et le plaisir d’une activité sportive accessible grâce à un dispositif prothétique spécifique », explique-t-il avec enthousiasme. Il propose à ses patients d’essayer « Easyride », une nouvelle prothèse articulée, multisports, adaptable pour la pratique du VTT, du ski, du snow-board, du surf et même des sports de balles… et qui reproduit les mouvements du genou.

Des prothèses adaptées au surf
et aux sports de glisse


A ses côtés, on retrouve Eric Dargent, fondateur de l’association Surfeurs Dargent et co-organisateur de cette journée. Infirmier de formation, la vie d’Eric bascule suite à l’attaque d’un requin à la Réunion en 2011. Amoureux et surfeur passionné, malgré une grande colère, sa volonté de continuer à pratiquer le pousse à créer cette association. Tout d’abord pour lui-même, pour s’en sortir puis pour les autres « car sans les autres, seul, on ne fait rien on n’avance pas » dit-il. « Nous avons trois objectifs : créer des prothèses adaptées au surf et aux sports de glisse, partager ses nouveautés en essayant de les démocratiser et de les rendre accessibles et enfin communiquer en créant des événements pour offrir une certaine autonomie aux personnes amputées. »

Easyride, une révolution


En mai dernier, grâce à plusieurs personnes Easyride voit le jour, c’est une révolution. Munie de tendons et d’amortisseurs réglables, cette prothèse du genou fait corps avec la personne. « Nous avons porté ce projet à plusieurs, avec Patrice Baratero, la X1 racing, le lycée Adam de Craponne, Didile Croco et le réseau Protéor… ensemble nous sommes arrivés à un réel résultat. Cette prothèse coûte 3500 euros, contre 6 à 8000 pour les précédentes », explique Eric. « Aujourd’hui, l’objectif est que tout le monde trouve du plaisir, dépasse les difficultés et oublie le handicap le temps d’une journée ».

Entraide et convivialité sont au rendez-vous


Petit à petit les participants sont équipés et se jettent à l’eau. Sur les conseils de l’Ecole de Surf Méditerranée, chacun s’approprie une planche et commence à plat ventre. Puis à genou et enfin debout. Les plus initiés rament vers le large tandis que les débutants essayent de trouver le bon équilibre. Sur l’eau l’entraide et les rires fusent. Parmi eux, Valerie Hirschfield est une adepte de paddle. Très sportive, elle est restée longtemps sans prothèse. Mais lorsqu’elle commence à faire du paddle, elle se rend vite compte que sans appareillage, aller jusqu’aux Embiers serait impossible, et se tourne donc vers une prothèse du genou. Depuis, elle a participé deux fois à la SUP11 City Tour, une course hollandaise de 220 km en paddle à travers les canaux. « La première fois a été très dure car j’étais la seule participante handicapée et les conditions était très mauvaises. La deuxiène fois a été une réelle victoire pour moi puisqu’une deuxième personne comme moi y a participé, je n’étais plus seule » racconte-elle.

Détente et échanges


Une fois revenus à terre, les sportifs initiés pouvaient aussi prendre un moment de détente. Sandra Boukari, praticienne bien être accueillait ceux qui le désiraient dans son espace zen pour un massage relaxant. Sandra travaille depuis plusieurs années avec Surfeurs Dargent, elle a l’habitude et reste à l’écoute des personnes, « je pratique des massages liés à l’acceptation du schéma corporel, j’adapte selon les besoins et les douleurs ressenties », souligne-t-elle. Après cette matinée pleine d’émotions et de sensations, tout le monde s’est retrouvé autour d’une succulente paella préparée par le restaurateur du KVB à Bandol. Puis l’après-midi, la mer étant un peu plus agitée, les plus motivés sont retournés à l’eau pour surfer cette fois-ci, toujours aux côtés des professionnels orthopédiques et professeurs de surf.
« Grâce à des journées comme celle-ci, grâce à nos partenaires et à nos amis, tous ensemble, nous voulons prouver l’importance du sport sur la vie des handicapés. Reste à convaincre que le sport est plus efficace que les anti-dépresseurs ! ». Eric Dargent n’est pas prêt de renoncer, il particpera au championnat du Monde Handi Surf puis à un projet de Film pour lequel il cherche encore des partenaires, n’hésitez pas lui faire signe.

Clémentine Ortega, le 05 octobre 2016

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