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Le 22. janvier 2016 à 13h42

Sanary Faits divers Christine Lorin: « La perpétuité c'est nous qui l'avons»

Christine Lorin, la mère de Vincent Lorin décédé avec trois de ses amis le 13 aôut 2011, nous livre son ressenti après la condamnation à 18 ans de prison ferme du chauffard ivre qui avait pris l’autoroute à contresens en Italie

Février 2012: Christine Lorin en tête du cortège en direction de la préfecture d'Alessandria. (photo d'Alexandre).

Février 2012: Christine Lorin en tête du cortège en direction de la préfecture d'Alessandria. (photo d'Alexandre).

«Nous avons obtenu ce que nous voulions : que ce chauffard soit puni à la hauteur de ses crimes... mais la perpétuité c'est nous qui l'avons, car notre douleur ne s’effacera jamais»

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Un combat de cinq ans


«Il n'est pas normal de se battre de la sorte si longtemps pour défendre l'évidence. L'enquête a été minutieuse avec des faits incontestables : le chauffard a volontairement fait demi tour sur l'autoroute juste avant le péage malgré les deux énormes panneaux d'interdiction, malgré les flèches au sol, malgré l'éclairage, malgré le GPS qui était en marche et qui n’arrêtait pas de lui indiquer qu'il était dans le mauvais sens. Il a roulé en sens inverse pendant 20km, et a rencontré 13 familles qui ont réussi à l'éviter de justesse et ont alerté immédiatement la police, mais il a continué malgré tout !
En dépit de ces faits incontestables le jugement s'est concentré sur la nuance entre homicide volontaire ou involontaire et cela nous a été insupportable.

«L'homicide routier doit être reconnu
en Europe»


Notre association "Un chemin pour demain" perdurera. Nous voulons convaincre en Italie, en France et dans toute l'Europe, que l'homicide routier doit être reconnu, et que la voiture doit être reconnue en tant qu'arme meurtrière. Nous voulons faire évoluer la justice européenne, que la loi change et ne laisse pas des familles souffrir comme nous avons souffert.

«Merci à tous!»


Si j'ai trouvé la force de me battre durant toutes ces années c'est grâce à mes enfants et à mon mari qui n'ont rien lâché, car il est difficile de se battre seule quand on est dans une telle douleur. Je remercie aussi les élus de Bandol et de Sanary qui nous ont entièrement suivis, je remercie la population française, locale, et italienne qui via la page Facebook que nous avons créée, les marches et manifestations que nous avons organisées, nous ont accompagnés jusqu'au bout de ce chemin douloureux. Je remercie les médias qui nous ont aidés en faisant circuler notre cause. Tous ces soutiens ont permis de donner une force supplémentaire à notre combat pour que justice soit rendue.

Nous sommes soulagés que l'assassin soit enfin puni. Si nous sommes encore là aujourd'hui mon mari et moi, c'est pour nos deux autres garçons que nous aimons. Nous nous devons d'être là pour eux.»

A.I, le 22 janvier 2016