Un mistral juste assez calme pour ne pas perturber la fête des pêcheurs qui s'est déroulée dimanche matin au Brusc. Une fête traditionnelle en l'honneur de Saint-Pierre, saint patron des pêcheurs, représenté par une simple statue en bois un peu piquée par les vers et portée par quatre adolescents.
A 9 h 15, devant l'église, une petite foule s'est rassemblée pour attendre la sortie de la statue accompagnée par le Père Peter et accueillie par les membres de Lou Peilou, et Lou Raouilet, associations six-founaises qui inlassablement œuvrent pour préserver les traditions et le patrimoine.
Aux côtés de ces deux associations respectivement présidées par Simone Bruno et par Claude Fiorenzano, il y avait naturellement les membres de Lou Capian, association pour la sauvegarde des pointus et dont le président Jo Fornasari s'était fait excusé. On remarquait également des membres de l'association des Amis du jumelage présidée par Henri Bruno et du côté municipalité, Antonin Bodino, adjoint qui ne cache jamais son attachement aux valeurs du terroir.
A 9 h 30 la procession s'est formée avec à sa tête deux hommes avec leur robe noire et leur chapeau et un peu intrigants pour le commun des mortels. En fait, deux figures du Brusc, Léon Dodéro qui pendant 24 ans a été premier prud'homme et son successeur Albert Laure, ancien pêcheur et ex-président de Lou Peilou. Ces prud'hommes étaient vêtus avec des robes prêtées par la prud'homie de Sanary car disent-ils avec une certaine amertume, « la ville de Six-Fours ne nous en a jamais rachetées ».
Mais au fait, quel est le rôle de ces hommes. Aujourd'hui un peu honorifique, mais dans le passé ces représentants d'une institution remontant au XVème siècle avait un rôle très important. Élus pour trois ans, ils réglaient les conflits internes et externes entre les pêcheurs professionnels. Chaque semaine, ils arbitraient la distribution des territoires de pêche et ce n'était pas facile lorsque l'on sait que jusqu'à l'après guerre, il y avait 48 patrons pêcheurs au Brusc. Actuellement, la prud'homie ne compte qu'une quinzaine de membres et seulement quatre patrons pêcheurs au Brusc et deux à La Coudoulière.
Hier encore, lors de la procession on s'est rendu compte du respect qui leur est dû. C'est eux qui ont réglé l'embarquement sur les pointus pour ce petit tour hors du port qui paraissant folklorique a néanmoins toujours un côté émouvant. C'est l'occasion de penser à tous ces marins qui ont laissé leur vie dans la Grande bleue et aussi par toutes ces souffrances endurées par des gens qui de nombreuses années durant ont pratiqué un métier particulièrement pénible.
Les quelques pointus décorés avec des palmes de palmiers, ont fait leur petit tour et se sont dirigés vers la prud'homie où le curé une fois revenu sur le plancher des vaches a béni la mer, la terre et les participants. La procession s'est ensuite reformée pour le retour vers l'église.
Dans cette petite église, nombreux étaient les fidèles six-fournais, bruscains et estivants à assister à l'office. Un office pas tout à fait classique car il a commencé par les chants du groupe provençal Lou Raouilet et c'est poursuivi avec un hommage aux gens de mer. Bref, une messe bien dans la tradition provençale dite par un sympathique curé d'origine hollandaise... Un goût d'Europe bien plus agréable que les directives ayant poussé vers la mort la petite pêche traditionnelle. Dans quelques années elle risque de n'être qu'un vieux souvenir et on se demande pour qui Saint Pierre sortira.

Vidéo de la fête de la Saint Pierre
Fête de la Saint Pierre, édition 2009

Des adolescents habillés comme les mousses d'autrefois ont porté la statue.