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Le 8. octobre 2015 à 16h36

Le Brusc Exposition A l'Espace Jules de Greling, six enlumineurs de grand talent

Rarement, l'Espace Jules de Greling ne nous avait offert une exposition de ce niveau, de cet intérêt, de cette qualité : l'enluminure, art ancestral qui remonte au Vème siècle et que six beaux artistes nous font découvrir "le temps retrouvé".

Ce titre de Proust est celui qu'ont emprunté nos artistes dont le dénominateur commun est la passion pour cet art trop méconnu.
Ici pas de parité : un homme, cinq femmes... et l'homme, en l'occurrence Gérard Grelier, n'a pas l'air de s'en porter plus mal, entouré qu'il est de Jacqueline Chiappetta, de St Cyr sur Mer, Marie-Ange Sauvayre et Marie-Claude Corce, de la Ciotat, Dany Rico et Marie-Thérèse Tourton-Gruber de la Cadière, leur atelier étant aujourd'hui situé chez cette dernière.
Voici dix ans à peu près que chacun s'est enflammé pour cet art et s'est rencontré dans un atelier au Beausset, puis à la Cadière et enfin, volant de leurs propres ailes, tous ont décidé de créer cette association.

Du littéraire au pictural


Cet art au départ, nous explique Marie-Thérèse, s'est créé pour séparer les paragraphes des livres qui étaient sans ponctuation et aider à la compréhension des écrits. C'était donc une réunion de copistes, de peintres qui, peu à peu, ont pensé illustrer ces pages d'écriture par des dessins, afin que les illettrés, qui étaient nombreux à l'époque, puissent être aidés à la compréhension des écrits. C'est donc une grande évolution dans cet art qui, de littéraire, devient pictural et ce sont de véritables oeuvres que ces artistes, au demeurant des religieux, nous ont laissées.
Peu à peu les laïcs sont intervenus et vers le XIIIème siècle, les sujets ont donc évolué pour être moins religieux, jusqu'à ce qu'on les appelle "l'amour courtois"... qui n'avait plus rien de religieux !
C'est un art de patience, de finesse, de détails infimes, un travail minutieux, un vrai travail d'orfèvre d'autant que nos six artistes l'accomplissent en utilisant les techniques à l'ancienne, travaillant sur des parchemins en peau de chèvre qui ont été détrempés avant d'être séchés, tendus et poncés sur des planches en bois.

Les techniques d'antan


Le dessin est d'abord créé sur papier puis décalqué et enfin reproduit sur la peau. Vient alors s'ajouter la couleur et croyez bien que nos artistes n'utilisent pas des tubes de gouache mais créent eux-mêmes leurs coloris avec des pigments naturels, végétaux, certaines terres, ocres et oxyde de fer, mêlés à la détrempe qui est constituée d'eau de miel, de blanc d'œuf, de gomme arabique.
Bref, nos amis travaillent dans la grande tradition moyenâgeuse même si plusieurs techniques, durant les siècles ont été créées et ont évolué. D'ailleurs, sans cesse ils cherchent, suivent des cours afin d'évoluer et aussi de se perfectionner. Ils peuvent rester sur une oeuvre de quelques jours à plusieurs mois car c'est un vrai travail de patience. Et travailler ensemble les stimulent et le résultat est là : splendide, magnifique.
Quelquefois ils travaillent sur des thématiques comme le vin pour une exposition à Cassis, les voyages pour une autre exposition à la Cadière, ou encore cette exposition qui est restée un an au Musée du Vieux Toulon où ils avaient reproduit des cartes et des bateaux de l'époque de Christophe Colomb...
Copie ou création, notre club des six est vraiment un groupe de vrais grands artistes comme on aimerait en rencontrer souvent dans ces expositions.
Celle-ci mérite qu'on s'y intéresse et qu'on aille découvrir l'un des plus vieux métiers du monde... de l'Art ! Elle est à vous jusqu'au 18 octobre.
A savoir : enluminure vient du latin illuminare, mettre en lumière et dans ce métier très particulier, si l'homme est un enlumineur, la femme est une enlumineresse !

, le 08 octobre 2015

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