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Le 28. octobre 2009

Le Brusc Sport La Boule Joyeuse des Îles ne jure que par le Jeu Provençal

Pour les novices, il n’est pas aisé de distinguer pétanque et jeu provençal. Or ces deux sports sont bien distincts, même s'ils sont réunis au sein d’une même fédération. Aujourd’hui le jeu provençal est en difficulté.

Pose et chorégraphie

Pose et chorégraphie

Le jeu provençal existait
avant la pétanque


La forme archaïque du jeu de boules remonte au temps des romains avec des pratiques qui ont évoluées au fil des siècles. Concernant le « jeu provençal » ou « la Longue », il s’agit d’un dérivé de la « Lyonnaise » et de la « Boccià » (Italie) que les méridionaux pratiquent depuis la fin du XIXème siècle.

La pétanque est une adaptation du jeu provençal et apparaît en 1907. Les puristes ne manqueront pas de vous raconter que la pétanque est née lors d’une partie historique à La Ciotat. Un champion de jeu provençal (Jules Hugues dit « Lenoir ») ne pouvait plus jouer à son jeu préféré à cause de ses rhumatismes. Ses amis l’installèrent sur une chaise dans un cercle, tandis qu’eux devaient lancer les boules les pieds joints, délaissant les fameux pas réglementaires de la longue. En 1910 naquit le premier concours de « pes tanco » (pieds tanqués) à La Ciotat.

Le jeu provençal expliqué
par des spécialistes


Assister à un concours de jeu provençal est réellement spectaculaire, avec ses poses, ses chorégraphies et l’indécision de ses parties. A la différence de la pétanque, le jeu provençal se joue sur un terrain de 15 à 20 mètres. Depuis plus 20 ans, la Boule Joyeuse des îles a décidé de se consacrer uniquement au jeu provençal, pas de concours de pétanque au Brusc !

André Mercheyer, ancien président de la Boule Joyeuse des Îles et Simon Morsiani, patron du bar Le Rivage, nous expliquent la spécificité de ce sport. À la différence de la pétanque, les parties sont beaucoup plus longues, pouvant atteindre plus de 4 heures. Déjà du fait de sa durée la dramaturgie d’une partie de jeu provençal est beaucoup plus spectaculaire. Ancien champion départemental, André Mercheyer est intarissable sur le sujet : « Les rapports avec les rivaux sont beaucoup plus conviviaux, imaginez, vous jouez 3 heures ensemble, il y a beaucoup plus d’échanges que sur une partie de pétanque » nous explique-t-il.

Simon commente : « le pointeur n’a le droit de sortir qu’un seul pied du cercle en faisant un pas dans la direction qu’il désire. Il doit ensuite rester en équilibre sur un pied exclusivement ». C’est un sport physique et esthétique « le tireur sort de son cercle pour effectuer les 3 bonds réglementaires afin de prendre son élan, il lance la boule après le dernier pas, lorsqu’il pose le pied-à-terre ». Le jeu provençal demande beaucoup d’aptitudes physiques et de concentration. Simon Morsiani affirme que c’est un sport beaucoup plus technique que la pétanque.

Le jeu provençal en danger


Simon Morsiani voit le jeu provençal en danger pour plusieurs raisons. D’une part parce qu’il nécessite plus de temps, les parties étant plus longues, il n’est pas donné à tous les joueurs de se déplacer pour 2 ou 3 jours de compétition, surtout en période de crise (hôtel, restaurant, transport). Et même si la Boule Joyeuse des îles fait un effort pour bien doter les concours, Simon explique que souvent les participants perdent plus d’argent qu’ils ne peuvent en gagner en venant. D’autre part, bien que le jeu provençal et la pétanque appartiennent à la même fédération, la pétanque est bien plus médiatisée, et peut-être plus attractive de par la simplicité de ses règles. Simon nous donne une idée de la pratique dans le département : « Pour quelques 600 concours de pétanques il doit y avoir 200 à 250 concours de jeu provençal ».

Yvan Calcagno, président du secteur Ouest Varois, rappelait lors de la remise des prix du challenge Loulou Castillo que le jeu provençal était en difficulté dans le département. Pas moins de 1 club sur 5 disparaît tous les ans ou se met en sommeil. La Boule Joyeuse des îles fait figure d’ovni, c’est le seul club à organiser uniquement des concours de « jeu provençal ».

Traste, le 28 octobre 2009

Autres photos:

André Mercheyer avec Bruno Golé, président de la Boule Joyeuse des îles Simon Morsiani, patron du bar le Rivage au Brusc