Le 19. janvier 2015 à 09h45

Six Fours Cinéma Jean-Pierre Mocky fête les 1 an du Six n'étoiles

Lelouch était venu inaugurer le Six n'étoiles dont une salle porte son nom.
Il fallait donc une autre sommité pour fêter les 1 an pile de ce cinéma et samedi, cette personnalité était Jean-Pierre Mocky, l'un de nos grands réalisateurs français, le plus prolifique, le plus contesté, le plus connu pour ses colères homériques...

Mais aussi un réalisateur majeur qui nous a offert de très grands films comme "L'ibis rouge", "Drôle de paroissien", "L'albatros", "Y a-t-il un Français dans la salle ?", "Les saisons du plaisir", "Le miraculé"... Il y en aurait beaucoup à lister car c'est au rythme de deux à trois films par an que notre réalisateur carbure !
Et ce qui est formidable, c'est que, malgré tout ce qui peut se dire sur lui, tous les grands comédiens ont un jour voulu jouer dans ses films, de Michel Simon à Michel Serrault en passant par Catherine Deneuve, Michaël Lonsdale, Francis Blanche, Jean Poiret, Paul Meurisse, Richerd Bohringer, les Brasseur père et fils, Galabru, Aznavour, Mitchell... Là encore, la liste est longue !

C'est sous des applaudissements nourris qu'il est arrivé à la brasserie où l'attendaient Jérôme et Noémie, du Six n'étoiles, Mireille Vercellino, présidente de "Lumières du Sud", Dominique Ducasse, adjointe à la Culture et même l'un de ses comédiens, le jeune Seynois François Viette qui fut la révélation du film "Les vacances de Ducobu". L'on pouvait aussi retrouver Marie-Pierre Journet, qui, à 14h, avait ouvert les festivités en présentant aux jeune public "Gus" dont elle est la productrice, un magnifique dessin animé totalement français. Elle méritait un grand coup de chapeau pour son talent et son courage.
Tout de suite happé par des fans qui demandaient photos et dédicaces, c'est autour d'une table que l'on a trinqué à sa venue et que l'on a pu discuter à bâtons rompus avant qu'il n'aille faire son show et présenter son dernier film "Tu es si jolie ce soir"

Un mot de Jérôme, un mot de l'adjointe à la culture


Auparavant, Jérôme Quaretti, qui, avec Noémie Dumas, préside aux destinées de ce Six n'étoiles, devait remercier Dominique Ducasse, le maire de Six-Fours, Jean-Sébastien Vialatte de les avoir choisis et de leur confiance. Il a précisé que cette première année fut un grand bonheur, étant donné le succès qui dépasse leurs espérances. Pour cela, il devait aussi remercier tout le travail de leur équipe, les spectateurs qui sont venus nombreux et aussi les commerçants de Six-Fours qui ont tout de suite été partie prenante du cinéma et grâce à qui ils ont pu démarrer sur de bonnes bases.
Suite à son discours, Dominique Ducasse devais appuyer sur le fait que le parcours fut long et difficile car il fallut convaincre beaucoup de monde et trouver un terrain pour bâtir ce cinéma dont certain disaient que la ville n'en avait pas besoin ! Puis ce fut l'épreuve du service public. Mais aujourd'hui, elle ne regrette pas de s'être battue durant des mois lorsqu'elle voit le résultat et combien cette équipe à qui la municipalité a fait confiance, fait un travail formidable.
Enfin, Mireille Vercellino nous a dit sa joie de collaborer avec le Six n'étoiles et la Mairie de Six-Fours car l'année fut riche en événements et qu'avec son association, elle a pu animer de belles soirées cinéma en collaboration avec une équipe ouverte et dynamique.

Et Mocky est arrivé


On ne s'attendait pas à ce que Mocky, réalisateur, auteur, comédien à l'occasion, se lance dans cette discipline plutôt pratiquée par des comiques, qu'est le one-man show.
"Vous savez, aujourd'hui, c'est devenu la mode de présenter vers les 19h, un one man show et ce sont aussi bien des comédiens comme Galabru ou Delon, que des écrivains comme d'Ormesson, Houellebecq ou encore des grands professeurs qui viennent, durant une heure, parler de sujets variés avec le public. Ce sont des mini-spectacles, il ne faut pas beaucoup de moyens, un micro et quelques lumières et je fais ça aujourd'hui quand je présente mes films dans différentes villes."
En fait, c'est un monologue sur son métier que nous a offert Mocky puis la participation du public qui lui a posé des questions auxquelles Jean-Pierre Mocky a répondu avec son humour très particulier, sa franchise habituelle, car de ce côté, il est sans limite.
Il nous a bien sûr parlé de ses amis de "Charlie Hebdo" avec beaucoup d'émotion mais sans s'appesantir sur ses états d'âme, il a continué en reprenant son côté râleur, des grands comédiens avec qui il a pu travailler, se plaignant qu'aujourd'hui, les vraies vedettes venaient de la télévision et des séries insipides (il a employé des mots plus forts !) qui ont plus de succès que les films, les siens entre autres ! De ces séries américaines aussi qui envahissent la télé, faisant des téléspectateurs des êtres vautrés dans un fauteuil "C'est comme se masturber solitaire avec un sentiment d'impuissance ". Il a aussi parlé du métier de comédien aujourd'hui galvaudé, un métier qui ne s'apprend pas en cours mais sur le tas : "On naît comédien ou on ne l'est pas, on a du talent ou on n'en a pas. Le métier il faut le pratiquer sur le terrain... comme le football. Ça ne s'apprend pas, ça ne s'enseigne pas.".

Il n'y a plus de grands comédiens


Il a également évoqué la nostalgie des grandes stars, Gabin, Bardot, Ventura, Girardot, Deneuve et constate qu'il n'y en a plus de cette trempe. "Chez les comédiens, aujourd'hui il y a quelques bûcheurs et beaucoup de planqués dans les séries TV". Et j'ai eu du mal à trouver des comédiens pour mon dernier film... Je suis allé piocher du côté de la télé, par la force des choses et j'ai pris le dessus du panier... sous lequel il n'y a pas grand chose !"
Enfin, il parle des mécènes aujourd'hui inexistants, des producteurs frileux, de la télé si conventionnelle qui n'osent plus aborder les vrais grands problèmes qui nous entourent comme les magouilles politiques, les médicaments qui tuent, les violences dans le sport, le célibat des prêtres, la nourriture pourrie et la fausse bio qu'on ingurgite : "Sujets tabous au risque de perdre sa place. Alors on refuse ces sujets. Et qu'on ne me parle pas de la liberté d'expression : on ne vous empêche pas de filmer votre cul mais on vous empêche de le montrer !"
Mais si l'on sent quelquefois chez Mocky, un peu de désespoir, un peu d'aigreur en faisant tous ces constats, comme un clown, il le dit avec humour, sans colère et le public marche car Mocky est aussi un grand acteur.
Le public conquis en aurait redemandé mais les images attendaient et c'est sous des applaudissements nourris qu'il disparut comme il était venu : en toute discrétion.

Lire l'interview de Mocky: http://www.evasionmag.com/?p=3050

, le 19 janvier 2015