Le 14. août 2012 à 18h05
Sanary
Portrait
A Los Angeles, le sanaryen Patrick Giraudi a travaillé avec David Lynch, Walter Salles...
Michel et Patrick Giraudi.
A Sanary, Michel Giraudi est loin d'être un inconnu avec ses maquettes de grande qualité et sa présence permanente à l'Espace Saint-Nazaire. Mais il nous "cachait" un fils, Patrick, parti s'exiler en Amérique en 1987. Retour sur un parcours hors du commun, que Patrick nous a raconté lors de ses vacances sanaryennes.
"J'étais passionné de musique, j'avais mon CAP de menuiserie, mais j'avais monté à Sanary un studio d'enregistrement. J'ai voulu tenter l'aventure en Amérique". Et en 1987 il débarque à Los Angeles et multiplie les petits boulots. Il découvre le "Direct to disq", utilisé pour les enregistrements audio numériques, qui en est à ses balbutiements.
En 1991 sa carrière va démarrer avec son embauche à la société Digital Sound and Picture qui utilise le "Daw", une station audio-numérique de montage avec laquelle Patrick s'était familiarisé auparavant. Durant huit ans il fera ses premières armes, travaillant avec les grandes chaînes américaines et même sur un film de David Lynch. Puis en 2000, il se met à son compte, se spécialise dans la post production en tant que "sound supervisor" et "re-recording mixer". David Lynch fait appel à lui pour deux films "The straigt story" et le fameux "Mulholland Drive": "c'est un artiste à part entière, un Picasso de l'image qui veut ne rien laisser au hasard. Je me rappelle qu'il avait trois ou quatre maisons près d'Hollywood, chacune était dédiée à une activité cinématographique. Je me suis retrouvé pendant quelque temps dans l'une de ces maisons pour faire le mixage de Mulholland Drive, c'était très bizarre, comme le film d'ailleurs. J'ai appris avec lui que l'histoire était devant, il aimait le son organique mais pas le surround ( son qui enveloppe le spectateur de manière à lui fournir une sensation de réalité)". Un conte de fée qui s'est poursuivi avec la collaboration à de nombreux films indépendants ou avec des têtes d'affiche comme Robert Zemeckis, Joel Silver, Sam Raimi... et Walter Salles pour plusieurs projets comme "Carnets de voyage" ou "une famille brésilienne", dont il garde aussi un très bon souvenir, après avoir passé plusieurs semaines à Rio.
Une réussite qui est le fruit d'une passion
Depuis 2003 Patrick Giraudi s'est mis en "corporation" avec sa société "Virtual Mix" dans son studio à Burbank. Il travaille avec de grands producteurs comme Roger Corman. Et on se dit que cette réussite n'est pas le fruit du hasard: "je me rappelle que dès l'âge de 7 ans je prenais le vieil enregistreur italien de mon père, j'effaçais ses bandes de musique et je m'amusais à faire des bruitages, cela a toujours été ma passion". Et son père Michel, qui a aussi baroudé dans sa vie, n'avait aucun doute: "il était tellement déterminé, que je savais qu'il allait réussir lorsqu'il est parti de Sanary". Toutefois cette belle carrière n'est pas tombée du ciel, et à 51 ans sa passion est intacte: "je fais ce que j'aime, c'est déjà énorme. Par contre je travaille une moyenne de 12 heures par jour et 7 jours sur 7". Car son travail a subi aussi les aléas de la crise avec des budgets restreints, des paiements tardifs, et la nécessité de toujours trouver des projets pour travailler, une remise en cause permanente. Mais son carnet d'adresse reste bien étoffé et la qualité de son travail est reconnue: "dans mon métier, il faut saisir la demande, les désirs du réalisateur, mais on n'est pas de simples exécutants, on fait des propositions, c'est un vrai travail artistique où l'on doit mettre tous les éléments en place pour soutenir cette image".
Aujourd'hui il a étendu son carnet de clients hors d'Amérique, en travaillant avec un studio en Chine et une compagnie de production allemande. Les projets ne manquent pas, et il est sollicité pour des interventions dans des écoles de cinéma en Amérique, il a quelques pistes sur Paris aussi. Pendant quelques semaines, il est à Sanary, après plus de cinq ans d'absence, son plaisir est grand de retrouver ses racines... et le nôtre de l'avoir rencontré.
D.D, le 14 août 2012